"Je suis un homme du centre de la France, à l'abri des brumes du Nord et des coups de sang du Sud." Jules Renard, 58800 Chitry-les-Mines.
"J'aime profondément ma petite patrie nivernaise, je l'aime, si je puis dire charnellement (ce qui n'est pas la moins puissante façon d'aimer). Je sens que mon corps est fait de cette terre et de cette lumière". Romain Rolland, 58500 Clamecy.
"Ce que je reproche à l'égalité, ce n'est pas d'entraîner les hommes à la poursuite des jouissances défendues; c'est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises. Ainsi, il pourrait bien s'établir dans le monde une sorte de matérialisme honnête, qui ne corromprait pas les âmes , mais qui les amollirait et finirait par détendre un à un tous leurs ressorts. Si les hommes parvenaient jamais à se contenter des biens matériels, il est à croire qu'ils perdraient peu à peu l'art de les produire, et qu'ils finiraient par en jouir sans discernement, comme des brutes". Alexis de Toqueville.
"J'ai le bonheur facile, et c'est heureux". Paul Valéry.
"J'aime profondément ma petite patrie nivernaise, je l'aime, si je puis dire charnellement (ce qui n'est pas la moins puissante façon d'aimer). Je sens que mon corps est fait de cette terre et de cette lumière". Romain Rolland, 58500 Clamecy.
"Ce que je reproche à l'égalité, ce n'est pas d'entraîner les hommes à la poursuite des jouissances défendues; c'est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises. Ainsi, il pourrait bien s'établir dans le monde une sorte de matérialisme honnête, qui ne corromprait pas les âmes , mais qui les amollirait et finirait par détendre un à un tous leurs ressorts. Si les hommes parvenaient jamais à se contenter des biens matériels, il est à croire qu'ils perdraient peu à peu l'art de les produire, et qu'ils finiraient par en jouir sans discernement, comme des brutes". Alexis de Toqueville.
"J'ai le bonheur facile, et c'est heureux". Paul Valéry.
***********************************************************************************************************************************************************
NIEVRE - NIVERNITE - NIEVRERIE
NIEVRE - NIVERNITE - NIEVRERIE
Il faut que je vous parle de ma Nièvre, ma petite Nièvre, mon territoire, mon champ, mon jardin, mon topo, mon 58.
Je la connais presque comme ma poche, j'en ai parcouru la plupart des routes, j'en connais des milliers d'histoires, petites et grandes, très anciennes ou plus récentes, auxquelles s'ajoutent maintenant mes propres histoires. Je connais ses quatre saisons, très marquées. On reproche souvent à sa météo d'être trop pluvieuse, mais c'est comme ça qu'elle reste verte, même au plus fort de l'été, grâce à ses nappes phréatiques et son immense réseau hydrographique.
Les Nivernais restent nostalgiques de l'ancienne appellation "La Nièvre, vert pays des eaux vives", remplacée par la plus moderne et parfaitement plate "La Nièvre c'est vital".
Je crois comme Fernand Braudel que notre terre natale, son relief, son climat, nous façonne. Atavisme ?
La Nièvre (58) est un tout petit département, l'un des moins peuplés de France avec à peine plus de 200 000 habitants aujourd'hui, contre 350 000 à la fin du XIXème siècle. Sacrée dégringolade.
L'un des plus pauvres aussi.
La plus grosse ville, c'est Nevers, la préfecture, ville administrative. 50 000 habitants quand je passais le bac, 36 000 aujourd'hui. Après Nevers, la seconde "ville" n'a que 10 000 habitants.
C'est une terre pauvre, digne et insoumise. Prête à la lutte, la Résistance.
Elle a été l'écrin de quelques beaux esprits, maîtres-ès-vie : Vauban, Saint Just, Jules Renard, Claude Tillier, Romain Rolland, Maurice Genevoix le Giono de la Loire, Jean Genet, Colette et ses brins d'herbe (juste à côté en Puisaye), Ambroise Croizat (en villégiature), Alain Colas, Jean Maitron...
A travers eux, je crois à une manière nivernaise d'observer le monde, une Nivernité comme il y a une Créolité, une identité inscrite dans l'universel.
La Nièvre est fréquemment qualifiée de trou perdu, et disons le mot, de trou du cul du monde. Ah c'est sûr, ne venez pas la première fois sous la pluie de novembre ou de février, votre première impression serait telle que vous n'y remettriez jamais les pieds.
Mais en fait elle est au centre de tout. presque au centre de la carte de France, bien placée à l'échelle de l'Europe sur les axes Nord-Sud et Est-Ouest. Elle a ainsi toujours été peuplée depuis la préhistoire, et toujours traversée par des tripotées de peuplades arrivant des quatre points cardinaux. Son rattachement à la Bourgogne n'a jamais été évident, attirée qu'elle est vers le Centre et les Pays de Loire.
C'est une terre du milieu. Sous l'ancien régime, le Duché du Nivernais joue l'indépendance entre la Bourgogne et le Roi de France. Un célèbre jeu de stratégie, "Europa Universalis", y fait référence : "Nevers is a two province minor Duchy located in the Europe. In the year 1444, Nevers starts out with two exclaves. One of these exclaves is the capital of Nevers, which is surrounded by the nations of Burgundy and France. The second and last exclave is the province of Rethel which is surround by Burgundy, France, Liege and Provence. In addition to Nevers complicated location, Nevers starts out as a vassal of Burgundy."
Il y a un fromage qui incarne tout cela très bien, cette "moyenneté" sous laquelle dorment des trésors : c'est le fromage de vache, sec ou frais selon affinage. Dis comme ça, ce n'est pas le fromage le plus vendeur, il n'évoque de particulier, au contraire du Roquefort, du Camembert, du Cantal, du Salers ou du Crottin de Chavignol. Et pourtant, sous ses dehors communs, sous sa banalité apparente peuvent se cacher des trésors de subtilités gustatives, surtout lorsqu'il conserve au coeur une couche de crème ou de beurre, strate foncée au milieu de deux couches d'un blanc laiteux, le tout protégée par sa croûte légèrement bleutée.
Elle a l'heur, mal ou bon, de figurer pour ses trois-quarts sur la carte de l'hyper-ruralité dans un rapport remis en 2014 à la Ministre du Logement et de l'Egalité des Territoires (sic...) (26% du territoire accueillant 5 % de la population).
Je la connais presque comme ma poche, j'en ai parcouru la plupart des routes, j'en connais des milliers d'histoires, petites et grandes, très anciennes ou plus récentes, auxquelles s'ajoutent maintenant mes propres histoires. Je connais ses quatre saisons, très marquées. On reproche souvent à sa météo d'être trop pluvieuse, mais c'est comme ça qu'elle reste verte, même au plus fort de l'été, grâce à ses nappes phréatiques et son immense réseau hydrographique.
Les Nivernais restent nostalgiques de l'ancienne appellation "La Nièvre, vert pays des eaux vives", remplacée par la plus moderne et parfaitement plate "La Nièvre c'est vital".
Je crois comme Fernand Braudel que notre terre natale, son relief, son climat, nous façonne. Atavisme ?
La Nièvre (58) est un tout petit département, l'un des moins peuplés de France avec à peine plus de 200 000 habitants aujourd'hui, contre 350 000 à la fin du XIXème siècle. Sacrée dégringolade.
L'un des plus pauvres aussi.
La plus grosse ville, c'est Nevers, la préfecture, ville administrative. 50 000 habitants quand je passais le bac, 36 000 aujourd'hui. Après Nevers, la seconde "ville" n'a que 10 000 habitants.
C'est une terre pauvre, digne et insoumise. Prête à la lutte, la Résistance.
Elle a été l'écrin de quelques beaux esprits, maîtres-ès-vie : Vauban, Saint Just, Jules Renard, Claude Tillier, Romain Rolland, Maurice Genevoix le Giono de la Loire, Jean Genet, Colette et ses brins d'herbe (juste à côté en Puisaye), Ambroise Croizat (en villégiature), Alain Colas, Jean Maitron...
A travers eux, je crois à une manière nivernaise d'observer le monde, une Nivernité comme il y a une Créolité, une identité inscrite dans l'universel.
La Nièvre est fréquemment qualifiée de trou perdu, et disons le mot, de trou du cul du monde. Ah c'est sûr, ne venez pas la première fois sous la pluie de novembre ou de février, votre première impression serait telle que vous n'y remettriez jamais les pieds.
Mais en fait elle est au centre de tout. presque au centre de la carte de France, bien placée à l'échelle de l'Europe sur les axes Nord-Sud et Est-Ouest. Elle a ainsi toujours été peuplée depuis la préhistoire, et toujours traversée par des tripotées de peuplades arrivant des quatre points cardinaux. Son rattachement à la Bourgogne n'a jamais été évident, attirée qu'elle est vers le Centre et les Pays de Loire.
C'est une terre du milieu. Sous l'ancien régime, le Duché du Nivernais joue l'indépendance entre la Bourgogne et le Roi de France. Un célèbre jeu de stratégie, "Europa Universalis", y fait référence : "Nevers is a two province minor Duchy located in the Europe. In the year 1444, Nevers starts out with two exclaves. One of these exclaves is the capital of Nevers, which is surrounded by the nations of Burgundy and France. The second and last exclave is the province of Rethel which is surround by Burgundy, France, Liege and Provence. In addition to Nevers complicated location, Nevers starts out as a vassal of Burgundy."
Il y a un fromage qui incarne tout cela très bien, cette "moyenneté" sous laquelle dorment des trésors : c'est le fromage de vache, sec ou frais selon affinage. Dis comme ça, ce n'est pas le fromage le plus vendeur, il n'évoque de particulier, au contraire du Roquefort, du Camembert, du Cantal, du Salers ou du Crottin de Chavignol. Et pourtant, sous ses dehors communs, sous sa banalité apparente peuvent se cacher des trésors de subtilités gustatives, surtout lorsqu'il conserve au coeur une couche de crème ou de beurre, strate foncée au milieu de deux couches d'un blanc laiteux, le tout protégée par sa croûte légèrement bleutée.
Elle a l'heur, mal ou bon, de figurer pour ses trois-quarts sur la carte de l'hyper-ruralité dans un rapport remis en 2014 à la Ministre du Logement et de l'Egalité des Territoires (sic...) (26% du territoire accueillant 5 % de la population).
Outre sa position presque centrale dans l'hexagone (quoique légèrement décalée à gauche, comme le coeur), ses deux caractéristiques géographiques majeures sont le massif du Morvan au Nord-Est, l'une des plus grande forêt de France, réservoir d'eau du bassin parisien aux faux airs de Canada, avec ses lacs à l'automne, et le val de Loire qui marque sa frontière avec le Cher à l'ouest, de Decize, à Pouilly-sur-Loire, puis Cosne, avec ses îles et ses bancs de sable blonds, le fleuve file plein Nord, grossi par l'Allier, avant de bifurquer vers l'Ouest au niveau d'Orléans.
Au sommet du Morvan, sur le Mont Beuvray, fut fondée l'une des plus importante ville gauloise, Bibracte, capitale du peuple Eduen. Par beau temps on y voit nettement le Mont-Blanc. Le Mont-Beuvray ouvre sur l'Auvergne, la Saône, le Rhône et jusqu'à la Suisse. C'est là que Vercingétorix, Chef des Arvernes, réussit l'union avec les Eduens et tous les autres peuples de la Gaule Celtique dans la lutte contre César. Le grand Chef Arverne avait infligé quelques défaites cuisantes aux légions de César, pratiquant déjà la technique de la guerilla, avec des embuscades, accrochages et décrochages rapides, et remportant sa grande victoire à Gergovie. En représailles, César massacra Bourges, capitale des Bituriges, 40 000 morts.
Le Morvan est Celte, comme la Bretagne, et si l'on retrouve le nom de famille "Morvan" en Bretagne, c'est que ces terres sont géologiquement reliées entre elles par le massif armoricain, plus ancienne montagne granitique de France, presque totalement arasée. D'ailleurs le taux de cancer est naturellement élevé dans les deux régions, le granit étant naturellement radioactif.
A Bibracte on retrouve des objets venus de tout le monde antique et plus particulièrement du bassin méditerranéen, arrivés par le Rhône. Vercingétorix inspira les premiers résistants qui vinrent dès 41 s'exiler dans la forêt touffue, véritable maquis, d'ailleurs Grandjean était était corse.
Outre le relief propice à la vie clandestine, le Morvan présentait l'avantage d'être à cheval (tagada) sur 4 départements (Côte d'Or, Saône-et-Loire, Yonne, Nièvre), ce qui retardait les enquêtes de police et de gendarmerie et permettait aux maquisards sans sortir du Morvan de brouiller les pistes en changeant régulièrement de campement. Ensuite les allemands changèrent le zonage administratif et renforcèrent leurs attaques en tout point du massif. Récemment encore (2010 ?), deux militants d'ETA armés (ils avaient braqué une station service à Moulins-Engilbert) ont amusé plusieurs jours les escadrons de gendarmes appuyés par un hélico, équipé pour la vision nocturne, avant de disparaître comme ça, pffuit !
"Du Morvan ne vient ni bon vent ni bonnes gens", voilà pour le dicton local, fièrement assumé par ses habitants. Le tourisme en masse n'est pas la solution.
250 ans d'exode rural ininterrompu ont ramené la population nivernaise à 220 000 habitant, même pas la taille d'une petite métropole régionale.
Peut-être que grâce au réchauffement climatique, dans 30 ans, elle deviendra un havre de fraîcheur et sera ainsi revalorisée ? En attendant, je ne vois d'autre solution qu'une immigration (terre d'accueil pour les migrants), qui ré-occuperait nos maisons, nos campagnes, nos écoles, nos services, et qui demanderait une participation active des populations accueillies dans la rénovation et l'entretien de notre patrimoine culturel et naturel, les services à la personne, etc...
Lundi 16 mai 2016 retour à Bibracte, par Moulins-Engilbert.
Après Moulins, la route longe longuement un grand ruisseau d'eau vive, puis en quelques virages courts l'ascension commence, moyenne montagne, troisième-quatrième-troisième, c'est la route qui dicte la bonne vitesse, les bons rapports, la conduite coulante comme l'eau, fluide et régulière.
Le prétexte : aller voir le Sieur Montebourg, curiosité, un vent nouveau ? Chaque année à la même date il donne rendez-vous à ses soutiens au sommet du Mont Beuvray, après une petite heure de marche pénible.
Là-haut il fait beau, la vue est dégagée sur l'Est, pas au point de voir le Mont Blanc, mais les paysages bucoliques de Saône-et-Loire font penser, en exagérant un chouia, aux environs de Florence, Toscane. Photos, je mitraille.
Comme un écho, un hommage, un héritage, à la Roche Solutré de Mitterrand, lui qui avait rêvé de se voir enterré à Bibracte, et lui dont France 3, ce même lundi soir, dresse le portrait vichysant...
2017. Réunion "des gauches", comme le chef Arverne réunit "les Gaules" ? Sinon disparaître, laisser la mousse pousser sur nous, la nature reprendre ses droits ? Ils se voient mille et ne sont pas cinq cent, voilà peut-être l'erreur fatale cause de la défaite de Vercingétorix, origine de la fin de la Gaule ?
Quand on joue du symbole, il faut savoir se souvenir de l'histoire jusqu'au bout... Et ce bout là c'est une déroute complète, en rase campagne, à plate couture, le glaive jeté aux pieds de César, le chef jeté aux lions, à Rome. César au retour d'Alesia s'installe à Bibracte pour y terminer le récit de sa Grande Victoire, l'Histoire écrite par le vainqueur, "La guerre des Gaules".
De retour en bas, après avoir entendu les discours bien plats pour l'essentiel - leur épée est en bois - (quelques mots forts, mais la parole désincarnée, la voix blanche, le timbre pâle, une fronde bien molle, une alternative bien floue, une anaphore éculée, "Etre de gauche, c'est...", son discours est ici, celui de Christian Paul est là), je compose un Haï Ku :
"L'Est, plein Est, vers l'Orient, aux pays des soleils levants, demain, la Gauche..."
Je redescends de la montagne vers la Loire, comme un ruisseau qui se tromperait d'affluent, Nevers arrive comme une évidence, naturelle.
Montebourg parle d'un projet pour les cinq ou dix prochaines années, dans l'autoradio sur France Inter hommage à André Brahic qui vient de disparaître (disparaître ?), l'astro-physicien enthousiaste parle de découvertes prometteuses pour le troisième millénaire...
Enthousiasme, étymologie : être inspiré par un Dieu, posséder un Dieu intérieur.
Une image vaut mille mots, alors présentation en quelques centaines d'images faites à la main, moulées à la louche, cuites au feu de bois, à l'ancienne, prises au débotté à l'instinct de l'instant ou longuement pensées, mûries, attendues, mijotées, par mézig himself.
Au sommet du Morvan, sur le Mont Beuvray, fut fondée l'une des plus importante ville gauloise, Bibracte, capitale du peuple Eduen. Par beau temps on y voit nettement le Mont-Blanc. Le Mont-Beuvray ouvre sur l'Auvergne, la Saône, le Rhône et jusqu'à la Suisse. C'est là que Vercingétorix, Chef des Arvernes, réussit l'union avec les Eduens et tous les autres peuples de la Gaule Celtique dans la lutte contre César. Le grand Chef Arverne avait infligé quelques défaites cuisantes aux légions de César, pratiquant déjà la technique de la guerilla, avec des embuscades, accrochages et décrochages rapides, et remportant sa grande victoire à Gergovie. En représailles, César massacra Bourges, capitale des Bituriges, 40 000 morts.
Le Morvan est Celte, comme la Bretagne, et si l'on retrouve le nom de famille "Morvan" en Bretagne, c'est que ces terres sont géologiquement reliées entre elles par le massif armoricain, plus ancienne montagne granitique de France, presque totalement arasée. D'ailleurs le taux de cancer est naturellement élevé dans les deux régions, le granit étant naturellement radioactif.
A Bibracte on retrouve des objets venus de tout le monde antique et plus particulièrement du bassin méditerranéen, arrivés par le Rhône. Vercingétorix inspira les premiers résistants qui vinrent dès 41 s'exiler dans la forêt touffue, véritable maquis, d'ailleurs Grandjean était était corse.
Outre le relief propice à la vie clandestine, le Morvan présentait l'avantage d'être à cheval (tagada) sur 4 départements (Côte d'Or, Saône-et-Loire, Yonne, Nièvre), ce qui retardait les enquêtes de police et de gendarmerie et permettait aux maquisards sans sortir du Morvan de brouiller les pistes en changeant régulièrement de campement. Ensuite les allemands changèrent le zonage administratif et renforcèrent leurs attaques en tout point du massif. Récemment encore (2010 ?), deux militants d'ETA armés (ils avaient braqué une station service à Moulins-Engilbert) ont amusé plusieurs jours les escadrons de gendarmes appuyés par un hélico, équipé pour la vision nocturne, avant de disparaître comme ça, pffuit !
"Du Morvan ne vient ni bon vent ni bonnes gens", voilà pour le dicton local, fièrement assumé par ses habitants. Le tourisme en masse n'est pas la solution.
250 ans d'exode rural ininterrompu ont ramené la population nivernaise à 220 000 habitant, même pas la taille d'une petite métropole régionale.
Peut-être que grâce au réchauffement climatique, dans 30 ans, elle deviendra un havre de fraîcheur et sera ainsi revalorisée ? En attendant, je ne vois d'autre solution qu'une immigration (terre d'accueil pour les migrants), qui ré-occuperait nos maisons, nos campagnes, nos écoles, nos services, et qui demanderait une participation active des populations accueillies dans la rénovation et l'entretien de notre patrimoine culturel et naturel, les services à la personne, etc...
Lundi 16 mai 2016 retour à Bibracte, par Moulins-Engilbert.
Après Moulins, la route longe longuement un grand ruisseau d'eau vive, puis en quelques virages courts l'ascension commence, moyenne montagne, troisième-quatrième-troisième, c'est la route qui dicte la bonne vitesse, les bons rapports, la conduite coulante comme l'eau, fluide et régulière.
Le prétexte : aller voir le Sieur Montebourg, curiosité, un vent nouveau ? Chaque année à la même date il donne rendez-vous à ses soutiens au sommet du Mont Beuvray, après une petite heure de marche pénible.
Là-haut il fait beau, la vue est dégagée sur l'Est, pas au point de voir le Mont Blanc, mais les paysages bucoliques de Saône-et-Loire font penser, en exagérant un chouia, aux environs de Florence, Toscane. Photos, je mitraille.
Comme un écho, un hommage, un héritage, à la Roche Solutré de Mitterrand, lui qui avait rêvé de se voir enterré à Bibracte, et lui dont France 3, ce même lundi soir, dresse le portrait vichysant...
2017. Réunion "des gauches", comme le chef Arverne réunit "les Gaules" ? Sinon disparaître, laisser la mousse pousser sur nous, la nature reprendre ses droits ? Ils se voient mille et ne sont pas cinq cent, voilà peut-être l'erreur fatale cause de la défaite de Vercingétorix, origine de la fin de la Gaule ?
Quand on joue du symbole, il faut savoir se souvenir de l'histoire jusqu'au bout... Et ce bout là c'est une déroute complète, en rase campagne, à plate couture, le glaive jeté aux pieds de César, le chef jeté aux lions, à Rome. César au retour d'Alesia s'installe à Bibracte pour y terminer le récit de sa Grande Victoire, l'Histoire écrite par le vainqueur, "La guerre des Gaules".
De retour en bas, après avoir entendu les discours bien plats pour l'essentiel - leur épée est en bois - (quelques mots forts, mais la parole désincarnée, la voix blanche, le timbre pâle, une fronde bien molle, une alternative bien floue, une anaphore éculée, "Etre de gauche, c'est...", son discours est ici, celui de Christian Paul est là), je compose un Haï Ku :
"L'Est, plein Est, vers l'Orient, aux pays des soleils levants, demain, la Gauche..."
Je redescends de la montagne vers la Loire, comme un ruisseau qui se tromperait d'affluent, Nevers arrive comme une évidence, naturelle.
Montebourg parle d'un projet pour les cinq ou dix prochaines années, dans l'autoradio sur France Inter hommage à André Brahic qui vient de disparaître (disparaître ?), l'astro-physicien enthousiaste parle de découvertes prometteuses pour le troisième millénaire...
Enthousiasme, étymologie : être inspiré par un Dieu, posséder un Dieu intérieur.
Une image vaut mille mots, alors présentation en quelques centaines d'images faites à la main, moulées à la louche, cuites au feu de bois, à l'ancienne, prises au débotté à l'instinct de l'instant ou longuement pensées, mûries, attendues, mijotées, par mézig himself.
La Nièvre et la tortue.
C'est au printemps et à l'automne qu'elle est à son plus beau, lumières rasantes. Et il lui faut comme un miroir de troupeaux de nuages blancs pour refléter le moutonnement des arbres et la blancheur éblouissante des petits veaux. Harmonie. Ma petite Nièvre, présentation vue du ciel, si si je vous jure c'est possible, grâce à mon ami Guillaume qui vient de passer son brevet, et me permet de remonter dans un Robin DR400 de l'aéroclub de Nevers, le même type d'avion que pilotait Papa. Survol de la Blonde Loire de Fourchambault à La Charité.
"Dimanche 16 décembre 2015, j'ai piloté sur la Loire, grosse gabare de quelques tonnes, au départ de la plage de Marzy. Plier le mât pour passer sous le pont, délicate manoeuvre d'approche en "S", toujours dans le lit de l'eau, dans son ventre, là où elle est grosse, ralentir puis couper le moteur, arriver en glisse dans le contre, petit bibi dans le creux de la berge, et d' une seule enjambée me retrouver debout, droit sur la digue, à Fourchambault."
Ici on fait les choses à l'ancienne, à la main, on n'a jamais été à la mode. Ici pas de GPS, ni pour la route ni pour le reste.
Bibi (Jean-Marc) m'invite souvent sur la Loire sur les bateaux qu'il construit construit et dont il dessine les plans il sait que ça me fait du bien. Toues, gabares, fûtreaux, faits pour la voile et la bourde, mais bien sûr équipées de moteurs. Il était auparavant pêcheur professionnel en Loire, il avait hérité de la carte de son père, vieux marinier. Et avant encore, quand je l'ai rencontré, il était serveur au "Donald's Pub" de Nevers, enfin serveur, "installateur de cuite" pour reprendre son expression, que je valide.
Oui, on y lève pas mal le coude, aussi.
Ils sont quelques-uns comme lui, Nidjo, Yvan, Nico, Nini, que l'on croise plus sûrement sur le fleuve que dans la ville. Tous ont un surnom, c'est comme une tradition de mariniers de Loire, de résistant aussi. Nevers n'est rien sans son fleuve. Pourtant pendant des siècles la ville lui a tourné le dos, c'est au bord de l'eau (au bord d'elle) que se tenaient les estaminets où les mariniers faisaient les 400 coups, jouant aux marges de la société, frondeurs, insoumis, insolents, braconniers, retords à l'autorité, effrayant le bourgeois.
Il y eut un véritable retour à La Loire à la fin des années 80, initié par ces amis là et toute une bande des Tambours du Bronx, groupe le plus célèbre de Nevers. Le créateur du "Donald's Pub" de Nevers était parti en ouvrir un autre à Tours, et ces frapadingues avaient imaginé une transat, la "Trans'Pub", pour relier les deux bars sur des radeaux faits de bric, de broc et de bidons des "Tambours". Il y eut plusieurs éditions, émaillées d'incidents petits et grands, mais pas de morts. La Loire et le rhum font bon ménage. Enfin pas tout le temps. Chaque année le fleuve réclame et obtient son dû, de suicides, de meurtres et d'accidents.
Parfois on ne retrouve pas les corps. Et quand on les retrouve, c'est soit Nidjo, soit Yvan, soit Bibi qui touche le gros lot et prévient les pompiers.
Ici on fait les choses à l'ancienne, à la main, on n'a jamais été à la mode. Ici pas de GPS, ni pour la route ni pour le reste.
Bibi (Jean-Marc) m'invite souvent sur la Loire sur les bateaux qu'il construit construit et dont il dessine les plans il sait que ça me fait du bien. Toues, gabares, fûtreaux, faits pour la voile et la bourde, mais bien sûr équipées de moteurs. Il était auparavant pêcheur professionnel en Loire, il avait hérité de la carte de son père, vieux marinier. Et avant encore, quand je l'ai rencontré, il était serveur au "Donald's Pub" de Nevers, enfin serveur, "installateur de cuite" pour reprendre son expression, que je valide.
Oui, on y lève pas mal le coude, aussi.
Ils sont quelques-uns comme lui, Nidjo, Yvan, Nico, Nini, que l'on croise plus sûrement sur le fleuve que dans la ville. Tous ont un surnom, c'est comme une tradition de mariniers de Loire, de résistant aussi. Nevers n'est rien sans son fleuve. Pourtant pendant des siècles la ville lui a tourné le dos, c'est au bord de l'eau (au bord d'elle) que se tenaient les estaminets où les mariniers faisaient les 400 coups, jouant aux marges de la société, frondeurs, insoumis, insolents, braconniers, retords à l'autorité, effrayant le bourgeois.
Il y eut un véritable retour à La Loire à la fin des années 80, initié par ces amis là et toute une bande des Tambours du Bronx, groupe le plus célèbre de Nevers. Le créateur du "Donald's Pub" de Nevers était parti en ouvrir un autre à Tours, et ces frapadingues avaient imaginé une transat, la "Trans'Pub", pour relier les deux bars sur des radeaux faits de bric, de broc et de bidons des "Tambours". Il y eut plusieurs éditions, émaillées d'incidents petits et grands, mais pas de morts. La Loire et le rhum font bon ménage. Enfin pas tout le temps. Chaque année le fleuve réclame et obtient son dû, de suicides, de meurtres et d'accidents.
Parfois on ne retrouve pas les corps. Et quand on les retrouve, c'est soit Nidjo, soit Yvan, soit Bibi qui touche le gros lot et prévient les pompiers.
BEAUX ESPRITS
Romain Rolland, l'autre grand pacifiste et humaniste d'avant 1914 avec Jean Jaurès, grand oublié de l'histoire de la pensée et de la littérature du XXème siècle, germanophile, ami de Freud (qui lui pris son "sentiment océanique") et de Zweig, est d'ici.
En 1915, avec "Au-dessus de la mêlée", il milite encore pour la paix après la mort de Jaurès, et obtient le Prix Nobel en 1917.
"Je sais que les paroles dites font elles-mêmes leur chemin. J'ai confiance. La moisson lèvera."
Romain Rolland, l'autre grand pacifiste et humaniste d'avant 1914 avec Jean Jaurès, grand oublié de l'histoire de la pensée et de la littérature du XXème siècle, germanophile, ami de Freud (qui lui pris son "sentiment océanique") et de Zweig, est d'ici.
En 1915, avec "Au-dessus de la mêlée", il milite encore pour la paix après la mort de Jaurès, et obtient le Prix Nobel en 1917.
"Je sais que les paroles dites font elles-mêmes leur chemin. J'ai confiance. La moisson lèvera."
Romain Rolland, de Clamecy.
Laurent - mon frère - a écrit ça en 1998 :
"Avec Romain Rolland, je me rattache à l'école méconnue de la mystique nivernaise. Puissions-nous avoir de nombreux exégètes".
"Avec Romain Rolland, je me rattache à l'école méconnue de la mystique nivernaise. Puissions-nous avoir de nombreux exégètes".
Terre du milieu, la Nièvre est moyenneté. Et dedans il y a tout. Equilibre. Harmonie. Nuances. Diversité. Tranquillité. Douceur des saisons, des paysages, des lumières, des humeurs. Moyenne, elle est centrale.
Jules Renard :
"Je sais déjà regarder les nuages qui passent. Je sais aussi rester en place. Et je sais presque me taire".".
Jules Renard :
"Je sais déjà regarder les nuages qui passent. Je sais aussi rester en place. Et je sais presque me taire".".
Jules Renard, de Chitry-les-Mines.
Jean-Henri Gromolard, dans "Des vertes et des pas mûres", précise :
"Pays mesuré, où vit un peuple sans élan, peu démonstratif (...), pays ou rien ne dépasse, rien ne s'affiche, où la vertu comme le vice sont sans éclat, qu'il faut du temps pour comprendre, approfondir et aimer, mais qui, une fois découvert, attire et retient comme ces rudes amitiés dont les épreuves ont permis de mesurer la robustesse."
"Pays mesuré, où vit un peuple sans élan, peu démonstratif (...), pays ou rien ne dépasse, rien ne s'affiche, où la vertu comme le vice sont sans éclat, qu'il faut du temps pour comprendre, approfondir et aimer, mais qui, une fois découvert, attire et retient comme ces rudes amitiés dont les épreuves ont permis de mesurer la robustesse."
Braudélisant un brin, en hommage à Messieurs Renard, Rolland et Tillier, et poussant Gromolard dans les ornières, j'irais bien jusqu'à dire qu'il y a une identité Nivernaise, composée à la fois de doute et de confiance : d'abord le doute profond (on dubite à plein tube), le peu d'intérêt pour la chose religieuse (une sorte d'incrédulité systémique), le peu d'entrain à suivre les discours dominants, l'indifférence aux modes, jusqu'à revendiquer une forme de désuétude (looser, has-been), bref une irrévérence lasse, un poil cynique et dépressive, clairvoyance zébrée d'éclairs d'humour noir fulgurants, attisant gaiement la rébellion; et puis ensuite, une fois l'amitié offerte - indélébile, oenologique et musicale - se révèle tout au fond, viscérale, énergique, calme et sereine, l'indéfectible confiance en l'Homme et en la Vie. Et la Femme aussi.
Oui, la Nièvre est frondeuse, et je m'appelle Thierry...
Oui, la Nièvre est frondeuse, et je m'appelle Thierry...
Maurice Genevoix, de Decize.
Maurice Genevoix, survivant des horreurs de 14 : "La vie est une fête grave et belle, pleine, riche, inépuisable, soulevée par une force d'enfance éternellement renouvelée".
ENFANCE
Zoom sur mon topo, zoom sur mon chrono, il faut que je vous raconte deux ou trois choses de mon enfance, dont on ne guérit pas on le sait bien.
Mon enfance, d'abord c'est ma maison, Elle demeure à jamais ma maison. Depuis que je ne l'ai plus (nous avons dû la vendre à la mort de Papa) je n'en ai plus.
Cette maison c'était un terrain, et ce terrain était une corvée. Désherber les allées à la binette, tondre, ratisser les feuilles mortes, bêcher le jardin avant de planter puis de récolter, ramasser les fruits, pommes, prunes, poires, cerises, fraises, groseilles et groseilles à maquereaux, les légumes, asperges, citrouilles, patates, ramasser les branches mortes, brûler le bois mort, étendre le fumier sur les pousses, repeindre grilles et volets...
Quand le calvaire cessait, quand tout était à peu près fait, quelques rares fois dans l'année, on s'allongeait sur la pelouse et on trouvait ça beau.
Bordant le jardin il y avait une rivière, et cette rivière c'est la Nièvre. Dessus le dos de la rivière nous allions avec mon frère dans notre canoë bleu après l'école, dedans le ventre de l'eau nous nagions, nous plongions et nous pêchions petits poissons. On a eu une chienne teckel, Jacinthe, puis après elle une succession de chat, Gaspard, Pilami et Thysbée.
A 14 ans j'eus droit à la mobylette, trois ans après mon frère, nous formions avec ses amis Hervé et Eric un gang de quatre Peugeot 103 SP, la mienne était blanche, celle de mon frère noire. Mon adolescence a le goût et l'odeur de la mobylette, la liberté. Sur ma mobylette, Doc Marteens, pardessus noir de mon grand-père, écharpe écossaise, j'avais écrit de chaque côté "To be or not to Bop", devise de Dizzy Gillespie. A 14 ans, aussi, je pris mon premier bain de minuit dans notre petit bras de Nièvre, avec K.
ENFANCE
Zoom sur mon topo, zoom sur mon chrono, il faut que je vous raconte deux ou trois choses de mon enfance, dont on ne guérit pas on le sait bien.
Mon enfance, d'abord c'est ma maison, Elle demeure à jamais ma maison. Depuis que je ne l'ai plus (nous avons dû la vendre à la mort de Papa) je n'en ai plus.
Cette maison c'était un terrain, et ce terrain était une corvée. Désherber les allées à la binette, tondre, ratisser les feuilles mortes, bêcher le jardin avant de planter puis de récolter, ramasser les fruits, pommes, prunes, poires, cerises, fraises, groseilles et groseilles à maquereaux, les légumes, asperges, citrouilles, patates, ramasser les branches mortes, brûler le bois mort, étendre le fumier sur les pousses, repeindre grilles et volets...
Quand le calvaire cessait, quand tout était à peu près fait, quelques rares fois dans l'année, on s'allongeait sur la pelouse et on trouvait ça beau.
Bordant le jardin il y avait une rivière, et cette rivière c'est la Nièvre. Dessus le dos de la rivière nous allions avec mon frère dans notre canoë bleu après l'école, dedans le ventre de l'eau nous nagions, nous plongions et nous pêchions petits poissons. On a eu une chienne teckel, Jacinthe, puis après elle une succession de chat, Gaspard, Pilami et Thysbée.
A 14 ans j'eus droit à la mobylette, trois ans après mon frère, nous formions avec ses amis Hervé et Eric un gang de quatre Peugeot 103 SP, la mienne était blanche, celle de mon frère noire. Mon adolescence a le goût et l'odeur de la mobylette, la liberté. Sur ma mobylette, Doc Marteens, pardessus noir de mon grand-père, écharpe écossaise, j'avais écrit de chaque côté "To be or not to Bop", devise de Dizzy Gillespie. A 14 ans, aussi, je pris mon premier bain de minuit dans notre petit bras de Nièvre, avec K.
Aujourd'hui ma mobylette est une Honda CB 750, avec elle je sillonne les mêmes routes, et d'autres un peu plus loin, par temps sec et doux, d'avril à octobre.
Rien d'autre de bien particulier sur l'enfance en elle-même, avant l'accident, assez classique finalement, à part de m'y être pas mal ennuyé, mais ça n'a pas changé aujourd'hui. Je me lasse vite... Je faisais le gugusse, j'amusais la galerie, j'arrondissais les angles aussi. Papa traversait une grosse dépression qui dura dix ans, il fallait le prendre avec des pincettes. A force de faire rire tout le monde, on ne me prenait pas très au sérieux, j'en prenais souvent plein la courge, on riait à mes dépends, et je me vexais, j'allais bouder avec Jacinthe toujours à mes côtés dans les coups durs.
J'avais alors un gros défaut, vilain celui-là : j'étais assez menteur. Je ne sais pas pourquoi, enfin si, je crois que c'était pour faire l'intéressant, pour attirer l'attention de mes parents, que je sentais tout entier concentrés sur mon frère, l'admirant et le craignant presque.
En tout cas ils s'inquiétaient plus pour lui que pour moi, plus facile et plus léger, ils pensaient que je m'en sortirai toujours. Laurent se rappelle de ma naissance comme d'un cataclysme dans sa vie, enfin comme le cataclysme de sa vie. Jusqu'à ses trois ans il avait été parfaitement heureux, et mon arrivée détruisait tout. Nous ne nous aimions pas, au mieux nous nous tolérions, au pire nous nous battions. Enfin il me tapait. A l'école et au collège j'étais assez bagarreur, tendance justicier, et jamais les coups reçus ne m'ont fait aussi mal que les coups de mon frère. Bon, ne faisons pas le martyr non plus, le plus grave a été une flèche dans l'oeil, mais ça va je ne suis pas borgne.
Je crois que c'est pour ça que je mentais. Et puis un jour j'ai décidé d'arrêter de mentir, et je m'y suis depuis toujours tenu. Nous avions interdiction de jouer au foot trop près de la maison, dont les murs s'effritaient, défaut de la pierre de Nevers, gélive. Manque de bol un jour le ballon tape le mur, quelques centimètres carré de pierre s'effritent, je vais chercher le ballon sur les plates-bandes, entre les fleurs. Réveillé de sa sieste, Papa remarque immédiatement le dégât, c'était l'une de ses obsessions. Je ne bronche pas, mon frère non plus. "C'est toi?" "Non". "C'est toi ?" "Non". Alors Papa nous demanda de déchausser nos bottes, pied droit, et il vint caler la semelle dans l'empreinte laissée entre les fleurs. La concordance était parfaite avec ma botte. C'est ce jour-là que je décidai de ne plus jamais mentir.
Plus tard, sans doute vers les 14 ans qui m'apportèrent la liberté de la mobylette, mon frère me dit solennellement un truc du style : tu sais je ne sais pas pourquoi on se bat, en fait je ne t'en veux de rien, et maintenant j'aimerais qu'on arrête et qu'on se réconcilie. J'en suis resté sur le cul, ébaubi, ravi, et très ému. Depuis ce jour nous sommes amis, et cette amitié ne fait que croître et s'approfondir avec le temps. Beaucoup plus tard, en reparlant de ce jour de paix, il me dit que ce pouvait être aussi pour partie par intérêt qu'il me proposa cette réconciliation, ma croissance m'amenant pour la première fois et enfin à pouvoir envisager ma revanche.
A cette même période, il nous est arrivé un incident qui nous a fort marqué tous les quatre. Mon frère et moi l'avons raconté chacun à sa manière, deux textes en miroir où les souvenirs diffèrent, c'est un ping-pong auquel nous sommes habitués maintenant.
D'abord le sien :
"Avord, un nouvel épisode de la série "Ludwig von 88, les histoires de ma vie"
Non, je n’ai pas envie de le raconter, Avord. C’est enfoui tout au fond de moi, j’y pense tout le temps mais je n’en parle jamais. Et puis je ne m’en souviens plus très bien, pas dans les détails. Pourtant si j'ai vécu un moment important, décisif, c’est peut-être celui-là. L’atterrissage en catastrophe de la famille Martinet sur la base militaire d’Avord, près de Bourges - en 1986 ou 1987? - est comme un condensé de ma vie, jusqu'à l'adolescence. Ce fut une fondation. Il vaudrait mieux que je m’explique. Ne serait-ce que pour moi, pour cerner cette importance.
A quarante ans passés, notre père avait réalisé un de ses rêves d'enfant en passant son brevet de pilote d'avion. Un bel exploit, qui montrait à nouveau comment il pouvait parvenir à ses fins à force de travail. Il avait dû assimiler le contenu d'un manuel d'un bon millier de pages, en plus de ses occupations habituelles, et avait pratiqué pendant des dizaines d'heures. Depuis l'aéroport de la Sangsue, à côté de Nevers, il nous emmenait faire des balades à bord d'un Robin DR 400, un petit avion à quatre places qui appartenait à l'aéroclub. Je suivais sans enthousiasme. Je détestais cette sensation d'être figurant dans le rêve d'un autre.
Petit à petit, notre père s'enhardissait. Il nous proposa un jour de vraies vacances en avion, quelques jours dans le sud-ouest. C'était l'été, le ciel était bleu, le sol de la France défilait sous nos yeux, et nous fûmes en quelques heures au pays du cassoulet. Je ne sais plus si nous y sommes restés deux ou trois jours. Nous dormions à l'hôtel, nous mangions au restaurant. Il y eut une étape à Albi. Je me souviens d'avoir survolé les remparts de Carcassonne.
C’est au retour que le rêve de mon père a tourné au cauchemar familial. Son brevet ne lui autorisait que le vol à vue, c'est-à-dire avec la ligne d'horizon visible et en suivant des repères au sol: villes et rivières en particulier. Arrivés au dessus du centre de la France, alors que la Loire aurait dû être notre guide pour pointer sur Nevers et commencer la descente, la Terre était cachée par une masse épaisse et uniforme de nuage. Une masse qui semblait infinie, sans le moindre accroc pour dévoiler le sol.
Il fallait pourtant descendre et nous plongeâmes. L'avion fût englouti. L'épaisseur des nuages était considérable, il y avait des centaines de mètres à descendre sans rien voir autour de nous que du blanc. Un blanc sans nuances, dans toutes les directions. Sans repères visuels, impossible de savoir si nous descendions, si nous montions, si nous virions à gauche ou à droite. Le cerveau est ainsi fait. Au bruit plus ou moins aigu du moteur de l'avion, nous comprenions que nous accélérions en descendant ou que nous reprenions de la hauteur. Dans ces conditions, il faut naviguer aux instruments: altimètre et gyroscope pour suivre les virages notamment. J'étais assis à côté de mon père, à la place du copilote, et je lui transmettais toutes les informations que je lisais sur la dizaine de cadrans qui étaient devenus nos seuls sens. Il tâchait de garder le cap en faisant doucement descendre l'avion vers la Sangsue.
Ce fut long, très long, même si cela se compte en minutes. Nous étions perdus. Descendus trop bas, nous étions dangereusement près du sol, à la merci du moindre relief. Je me souviens d'une ligne électrique évitée de justesse. Tous les quatre, nous étions à bout de nerfs. Nous pensions à la mort. Nous la sentions toute proche. Elle nous tenait dans sa paume.
Il fallait remonter, se remettre à l'abri du nuage, parce qu'il n'était plus possible de trouver le bon chemin avec un brouillard descendant ainsi jusqu'au sol. Nous sommes remontés, aux instruments. Je crois que c'est mon père qui a établi le premier contact avec Avord. Eux aussi avaient dû nous repérer sur leurs radars. Un aéronef en détresse. Ils nous guidaient maintenant en donnant les directives les plus précises à mon père, et en tâchant de nous rassurer. Mais pour nous, le voyage était terminé, nous n'en pouvions plus. Mon père demanda l'autorisation d'atterrir sur la base militaire. Elle lui fut d'abord refusée, car la base est interdite aux avions civils. Mon père insista, leur força la main. Il n'était plus capable de finir le voyage. Ils acceptèrent finalement. Toujours guidés par la même précision militaire, nous atterrîmes enfin, parvenant à s'extraire du nuage de mort par sa seule porte de vie. Il paraît que l'événement est resté dans leurs annales. Des années après, mon frère a connu un ancien appelé qui faisait à ce moment son service militaire à la tour de contrôle. Il se souvenait encore de l’immatriculation de l’avion: FGCUE, Fox Golf Charlie Uniform Eco. Dans son souvenir aussi, nous avions frôlé la mort.
Au mess des officiers, on nous servit à boire. Je me souviens d'un soda orange, pétillant et bien sucré, qui prit pour moi le goût du bonheur parfait. Le goût de la Terre, de ses vulgarités, mais surtout des joies intenses qu'elle offre à ceux qui l'aiment sans chercher à s'accomplir dans les cieux. Le trajet jusqu'à chez nous se fit en voiture. L'avion restait à Avord. Mon père et mon frère retournèrent le chercher quelques jours après.
Moi, j'étais devenu franchement allergique. Plus que jamais j'allais aimer la Terre et ses rivières, l'humilité du sol et des aventures paisibles qu’il propose: la marche, la course, la nage! Vivre, c'est avoir les deux pieds sur Terre. Ou les agiter dans l'eau. Le goût de l'altitude, c’est de la mégalomanie morbide. Je ne m’élèverai donc pas, je préférerai explorer le monde à ma hauteur. Atterrir allait devenir le but de ma vie.
Quand mon père est mort en 1988, certaines connaissances ont cru qu'il s'était tué en avion. Je me suis longtemps demandé s'il n'avait pas cherché l'expérience de mort imminente qu'il nous avait fait tous vivre. Nous n'avons jamais été aussi intensément une famille que durant ces longues minutes. Je lui en ai beaucoup voulu de nous avoir entraîné dans ce voyage. Il m’a remercié d’avoir été un bon copilote, alors que j’attendais de sa part des excuses. Il aurait pu passer un coup de téléphone pour connaître la situation météo au-dessus de Nevers. Je me rends compte qu'il a aussi fait preuve de sang-froid et qu'il a sauvé nos vies. Mais nous ne demandions rien, au départ. Il a sauvé les vies qu'il avait mises en danger. Et c'est déjà ça. Il n’a jamais reparlé d’Avord, et il a continué à voler, jusqu’aux falaises de Fréhel."
Puis le mien :
"Avord. Avion : F-GCUE, Robin DR-400.
1986, un merveilleux souvenir de voyage vraiment unique, le Sud quasi-inconnu de nous 4, ces villes que nous rejoignions par leurs aérodromes, Bergerac, Auch, Albi, Toulouse, puis taxis centre villes, ces sorties le soir, restaurants, le cinéma avec mon frère, liberté salée-sucrée, j’ai 14 ans, la cellule familiale se regroupe dans le cocon du cockpit, unie comme jamais, nous plus matures, les 6 sens en éveil, tout observer, tout apprécier, les paysages survolés, les châteaux, au fond les Pyrénées enneigés.
Puis dernier jour, le retour, la purée de pois à partir de Decize, encore une trentaine de kms, on voit la Loire, on est bas, la peur s’insinue en nous, Papa est silencieux, nous sommes silencieux, on évite un clocher planté sur une colline, parfois on est à peine à 50m du sol.
L’oreille interne ne fonctionne plus sans la vision, nous ne savons plus dans quelle position nous sommes, seul le bruit du moteur nous indique si nous descendons ou si nous montons.
Chacun maîtrise plus ou moins sa panique intérieure, nous sommes tous dignes, on pleure, enfin moi et maman dans mon souvenir, Laurent je ne sais plus, on pleure silencieusement, les yeux rougissent, les larmes coulent, le flot d’angoisse s’espace en moi, et arrive un moment de sérénité, grand calme, je sens la force, l’harmonie, la cohérence de ce groupe, nous nous disons qu’ainsi réunis nous resterons quoiqu’il arrive, et j’en ressens un grand apaisement.
Puis le dialogue radio avec la base aérienne d’Avord se développe. Jusque là ils nous donnaient de simples indications de cap de temps en temps, ils demandent régulièrement à Papa comment il se sent. Nous arrivons vers la Sangsue, mais là aussi le brouillard part du sol jusqu’à 100m d’altitude, impossible de faire une approche.
Alors ils nous donnent le cap pour arriver jusqu’à eux, 50 kms environ, toujours dans le nuage mais là je ne sais pas pourquoi ni comment, disons que ça file plus droit, je ne me souviens pas qu’on ait eu à éviter d’autres reliefs, il faut dire que c’est plat comme la main de Nevers à Avord.
Arrivés chez eux, ils nous indiquent un nouveau cap, celui de l’aérodrome civil de Bourges car il est interdit pour un avion civil de se poser sur cette base militaire, encore une vingtaine de kms, et là, pour la première fois, mais toujours très calmement, Papa leur dit qu’il est à bout, du corps et des nerfs, qu’il ne peut plus continuer. Long silence à l’autre bout, très long. Puis une voix nous répond que nous sommes finalement autorisés à atterrir.
Merveilleux cet atterrissage, on aperçoit de loin le balisage lumineux en bord de piste, la piste est immense, et nous petit insecte dessus, facile, on glisse, on se pose, le contact des roues au sol est une délivrance totale, au loin je vois deux ou trois camions militaires s’approcher au fur et à mesure que nous ralentissons sur la piste. Lorsque nous nous arrêtons, les camions chacun chargé d’une dizaine de militaires en armes se positionnent en travers à trente mètres. Un véhicule se gare sous le nez du Robin, un officier en descend, je crois que nous ne sortons pas tout de suite, d’abord il vérifie tous les papiers de Papa.
Ensuite nous sortons, nous nous tenons fixes devant l’avion, et je me mets à lui caresser ses flancs de toile et bois, à lui parler, le remercier :
- « Merci Fox Golf Charlie Uniform Echo, mon ami, merci de nous avoir sauvé la vie. »
Puis tout le monde se détend, je crois bien que nous nous prenons dans les bras et nous embrassons, nous sommes invités dans la tour de contrôle pour rencontrer l’équipe qui s’est occupé de nous, car c’était vraiment toute une équipe qui venait de passer 3/4 d’heure dans l’angoisse de nous perdre.
- « 4 d’un coup, toute une famille, 2 enfants, on ne peut pas se permettre ça ! »
Ils avaient mis l’homme a la voix la plus ferme et douce à la fois, pour établir une relation psychologique, personnelle et confiante avec le pilote.
Nous déjeunons au mess des officiers avec le Commandant de la base, vers 14h le brouillard a disparu, plus aucune trace, nous redécollons et une demi-heure après nous sommes enfin à Nevers.
Quelques jours plus tard (le lendemain ?), je retourne à l’aérodrome seul avec Papa, et nous redécollons. Après la chute, il faut remonter sur le canasson.
Papa fait parvenir une caisse de champagne en remerciement à la base aérienne, et nous sommes invités au grand meeting aérien qui a lieu plus tard dans l’année. Nous y allons tous les deux, fort bien reçus par les militaires qui se rappellent tous bien de nous, je me sens fier.
Une dizaine d’année après, le hasard me fait rencontrer un des membres de l’équipe de secours, ingénieur du son d’abord passé par plusieurs années d’armée de l’air, en poste à Avord en qualité d’aiguilleur du ciel. Je lui raconte l’anecdote, il me dit qu’il est impossible d’atterrir à Avord pour un avion civil, je lui dis que c’est vrai, mais que nous, ben si. Alors il me demande le nom de l’avion. Je lui dit « F-GCUE », et là il tilte, se rappelle tout, et me confirme le stress intense qu’ils avaient tous ressenti. Nous étions bien en perdition."
***********************************
Et puis il y eut l'accident fatal, l'année de mes 16 ans, juste avant, en avril 1988, le 14, un jeudi, vers midi, à Fréhel dans les Côtes d'Armor, Papa s'envolait..., je n'y reviens pas là, je raconte tout à la fin de "Raciner".
**********************************
Ma petite Nièvre, tu l'aimes ou tu la quittes. Je l'ai quitté plusieurs fois, croyant ne plus l'aimer. D'abord à 18 ans, bac obtenu le même jour que mon permis de conduire, direction Grenoble en Mini rouge, ciao les cons, vous n'êtes pas prêts de me revoir.
Tous les lycéens quittent Nevers à 18 ans avec la certitude de ne pas y remettre les pieds, hors visites épisodiques à la famille.
Grenoble, il faudra que je développe. Plein de bonnes choses, la liberté, la proximité de Lyon où l'on se retrouve avec Fabrice, les études passionnantes, les premières grosses fêtes, l'élection de la liste "Sixième Sens", les amitiés, l'enfer de la SNCF pendant trois ans, après la disparition de la Mini rouge jetée dans la montagne au-dessus de la ville.
C'est dans ces années-là (1991-92), alors que je faisais un stage dans un cabinet conseil à Paris, je logeais chez mon frère dans le XIXème, 22 rue Manin, là où quelques années plus tard je deviendrai Papa, et il y eut cette nuit d'illumination, cette nuit magique, mystique, cette prise de conscience fulgurante dont je parle en introduction, sur la musique de Sonny Rollins, pour la première fois ce sentiment d'être relié avec le Grand Tout, et la sérénité merveilleuse qui en découle...
ARTEMUS
Pourtant trois ans plus tard, en 1994 je revenais à Nevers, diplôme de l'IEP en poche, pour créer avec quatre associés une société de production audiovisuelle, Artemus Productions. Nous avions trouvé le nom avec Fabrice, qui ne faisait pourtant pas partie des quatre. Mes associés sortaient tous de Louis Lumière, trois de la section "Image", et un de la section "Son". L'idée était de produire des films documentaires et des courts-métrages, difficiles à monter financièrement, en s'appuyant sur une activité plus alimentaire de production de films institutionnels pour les collectivités locales. Nos premières réalisations furent couronnées de succès, mais furent surtout déficitaires.
J'avais régulièrement ma tronche dans le Journal du Centre, dès que l'on faisait un film, j'ai quelque part une revue de presse, il doit y avoir une trentaine d'articles en tout.
Ce furent quelques belles années, entre mes 21 et mes 25 ans, je vivais joyeusement en célibataire papillon, la Clio grise floquée aux couleurs d'Artemus, et nous avions encore de nombreux autres beaux projets auxquels nous croyions fort, jusqu'à la fin prévisible, avec dettes et trahisons, prévisibles, vous dis-je.
Rien d'autre de bien particulier sur l'enfance en elle-même, avant l'accident, assez classique finalement, à part de m'y être pas mal ennuyé, mais ça n'a pas changé aujourd'hui. Je me lasse vite... Je faisais le gugusse, j'amusais la galerie, j'arrondissais les angles aussi. Papa traversait une grosse dépression qui dura dix ans, il fallait le prendre avec des pincettes. A force de faire rire tout le monde, on ne me prenait pas très au sérieux, j'en prenais souvent plein la courge, on riait à mes dépends, et je me vexais, j'allais bouder avec Jacinthe toujours à mes côtés dans les coups durs.
J'avais alors un gros défaut, vilain celui-là : j'étais assez menteur. Je ne sais pas pourquoi, enfin si, je crois que c'était pour faire l'intéressant, pour attirer l'attention de mes parents, que je sentais tout entier concentrés sur mon frère, l'admirant et le craignant presque.
En tout cas ils s'inquiétaient plus pour lui que pour moi, plus facile et plus léger, ils pensaient que je m'en sortirai toujours. Laurent se rappelle de ma naissance comme d'un cataclysme dans sa vie, enfin comme le cataclysme de sa vie. Jusqu'à ses trois ans il avait été parfaitement heureux, et mon arrivée détruisait tout. Nous ne nous aimions pas, au mieux nous nous tolérions, au pire nous nous battions. Enfin il me tapait. A l'école et au collège j'étais assez bagarreur, tendance justicier, et jamais les coups reçus ne m'ont fait aussi mal que les coups de mon frère. Bon, ne faisons pas le martyr non plus, le plus grave a été une flèche dans l'oeil, mais ça va je ne suis pas borgne.
Je crois que c'est pour ça que je mentais. Et puis un jour j'ai décidé d'arrêter de mentir, et je m'y suis depuis toujours tenu. Nous avions interdiction de jouer au foot trop près de la maison, dont les murs s'effritaient, défaut de la pierre de Nevers, gélive. Manque de bol un jour le ballon tape le mur, quelques centimètres carré de pierre s'effritent, je vais chercher le ballon sur les plates-bandes, entre les fleurs. Réveillé de sa sieste, Papa remarque immédiatement le dégât, c'était l'une de ses obsessions. Je ne bronche pas, mon frère non plus. "C'est toi?" "Non". "C'est toi ?" "Non". Alors Papa nous demanda de déchausser nos bottes, pied droit, et il vint caler la semelle dans l'empreinte laissée entre les fleurs. La concordance était parfaite avec ma botte. C'est ce jour-là que je décidai de ne plus jamais mentir.
Plus tard, sans doute vers les 14 ans qui m'apportèrent la liberté de la mobylette, mon frère me dit solennellement un truc du style : tu sais je ne sais pas pourquoi on se bat, en fait je ne t'en veux de rien, et maintenant j'aimerais qu'on arrête et qu'on se réconcilie. J'en suis resté sur le cul, ébaubi, ravi, et très ému. Depuis ce jour nous sommes amis, et cette amitié ne fait que croître et s'approfondir avec le temps. Beaucoup plus tard, en reparlant de ce jour de paix, il me dit que ce pouvait être aussi pour partie par intérêt qu'il me proposa cette réconciliation, ma croissance m'amenant pour la première fois et enfin à pouvoir envisager ma revanche.
A cette même période, il nous est arrivé un incident qui nous a fort marqué tous les quatre. Mon frère et moi l'avons raconté chacun à sa manière, deux textes en miroir où les souvenirs diffèrent, c'est un ping-pong auquel nous sommes habitués maintenant.
D'abord le sien :
"Avord, un nouvel épisode de la série "Ludwig von 88, les histoires de ma vie"
Non, je n’ai pas envie de le raconter, Avord. C’est enfoui tout au fond de moi, j’y pense tout le temps mais je n’en parle jamais. Et puis je ne m’en souviens plus très bien, pas dans les détails. Pourtant si j'ai vécu un moment important, décisif, c’est peut-être celui-là. L’atterrissage en catastrophe de la famille Martinet sur la base militaire d’Avord, près de Bourges - en 1986 ou 1987? - est comme un condensé de ma vie, jusqu'à l'adolescence. Ce fut une fondation. Il vaudrait mieux que je m’explique. Ne serait-ce que pour moi, pour cerner cette importance.
A quarante ans passés, notre père avait réalisé un de ses rêves d'enfant en passant son brevet de pilote d'avion. Un bel exploit, qui montrait à nouveau comment il pouvait parvenir à ses fins à force de travail. Il avait dû assimiler le contenu d'un manuel d'un bon millier de pages, en plus de ses occupations habituelles, et avait pratiqué pendant des dizaines d'heures. Depuis l'aéroport de la Sangsue, à côté de Nevers, il nous emmenait faire des balades à bord d'un Robin DR 400, un petit avion à quatre places qui appartenait à l'aéroclub. Je suivais sans enthousiasme. Je détestais cette sensation d'être figurant dans le rêve d'un autre.
Petit à petit, notre père s'enhardissait. Il nous proposa un jour de vraies vacances en avion, quelques jours dans le sud-ouest. C'était l'été, le ciel était bleu, le sol de la France défilait sous nos yeux, et nous fûmes en quelques heures au pays du cassoulet. Je ne sais plus si nous y sommes restés deux ou trois jours. Nous dormions à l'hôtel, nous mangions au restaurant. Il y eut une étape à Albi. Je me souviens d'avoir survolé les remparts de Carcassonne.
C’est au retour que le rêve de mon père a tourné au cauchemar familial. Son brevet ne lui autorisait que le vol à vue, c'est-à-dire avec la ligne d'horizon visible et en suivant des repères au sol: villes et rivières en particulier. Arrivés au dessus du centre de la France, alors que la Loire aurait dû être notre guide pour pointer sur Nevers et commencer la descente, la Terre était cachée par une masse épaisse et uniforme de nuage. Une masse qui semblait infinie, sans le moindre accroc pour dévoiler le sol.
Il fallait pourtant descendre et nous plongeâmes. L'avion fût englouti. L'épaisseur des nuages était considérable, il y avait des centaines de mètres à descendre sans rien voir autour de nous que du blanc. Un blanc sans nuances, dans toutes les directions. Sans repères visuels, impossible de savoir si nous descendions, si nous montions, si nous virions à gauche ou à droite. Le cerveau est ainsi fait. Au bruit plus ou moins aigu du moteur de l'avion, nous comprenions que nous accélérions en descendant ou que nous reprenions de la hauteur. Dans ces conditions, il faut naviguer aux instruments: altimètre et gyroscope pour suivre les virages notamment. J'étais assis à côté de mon père, à la place du copilote, et je lui transmettais toutes les informations que je lisais sur la dizaine de cadrans qui étaient devenus nos seuls sens. Il tâchait de garder le cap en faisant doucement descendre l'avion vers la Sangsue.
Ce fut long, très long, même si cela se compte en minutes. Nous étions perdus. Descendus trop bas, nous étions dangereusement près du sol, à la merci du moindre relief. Je me souviens d'une ligne électrique évitée de justesse. Tous les quatre, nous étions à bout de nerfs. Nous pensions à la mort. Nous la sentions toute proche. Elle nous tenait dans sa paume.
Il fallait remonter, se remettre à l'abri du nuage, parce qu'il n'était plus possible de trouver le bon chemin avec un brouillard descendant ainsi jusqu'au sol. Nous sommes remontés, aux instruments. Je crois que c'est mon père qui a établi le premier contact avec Avord. Eux aussi avaient dû nous repérer sur leurs radars. Un aéronef en détresse. Ils nous guidaient maintenant en donnant les directives les plus précises à mon père, et en tâchant de nous rassurer. Mais pour nous, le voyage était terminé, nous n'en pouvions plus. Mon père demanda l'autorisation d'atterrir sur la base militaire. Elle lui fut d'abord refusée, car la base est interdite aux avions civils. Mon père insista, leur força la main. Il n'était plus capable de finir le voyage. Ils acceptèrent finalement. Toujours guidés par la même précision militaire, nous atterrîmes enfin, parvenant à s'extraire du nuage de mort par sa seule porte de vie. Il paraît que l'événement est resté dans leurs annales. Des années après, mon frère a connu un ancien appelé qui faisait à ce moment son service militaire à la tour de contrôle. Il se souvenait encore de l’immatriculation de l’avion: FGCUE, Fox Golf Charlie Uniform Eco. Dans son souvenir aussi, nous avions frôlé la mort.
Au mess des officiers, on nous servit à boire. Je me souviens d'un soda orange, pétillant et bien sucré, qui prit pour moi le goût du bonheur parfait. Le goût de la Terre, de ses vulgarités, mais surtout des joies intenses qu'elle offre à ceux qui l'aiment sans chercher à s'accomplir dans les cieux. Le trajet jusqu'à chez nous se fit en voiture. L'avion restait à Avord. Mon père et mon frère retournèrent le chercher quelques jours après.
Moi, j'étais devenu franchement allergique. Plus que jamais j'allais aimer la Terre et ses rivières, l'humilité du sol et des aventures paisibles qu’il propose: la marche, la course, la nage! Vivre, c'est avoir les deux pieds sur Terre. Ou les agiter dans l'eau. Le goût de l'altitude, c’est de la mégalomanie morbide. Je ne m’élèverai donc pas, je préférerai explorer le monde à ma hauteur. Atterrir allait devenir le but de ma vie.
Quand mon père est mort en 1988, certaines connaissances ont cru qu'il s'était tué en avion. Je me suis longtemps demandé s'il n'avait pas cherché l'expérience de mort imminente qu'il nous avait fait tous vivre. Nous n'avons jamais été aussi intensément une famille que durant ces longues minutes. Je lui en ai beaucoup voulu de nous avoir entraîné dans ce voyage. Il m’a remercié d’avoir été un bon copilote, alors que j’attendais de sa part des excuses. Il aurait pu passer un coup de téléphone pour connaître la situation météo au-dessus de Nevers. Je me rends compte qu'il a aussi fait preuve de sang-froid et qu'il a sauvé nos vies. Mais nous ne demandions rien, au départ. Il a sauvé les vies qu'il avait mises en danger. Et c'est déjà ça. Il n’a jamais reparlé d’Avord, et il a continué à voler, jusqu’aux falaises de Fréhel."
Puis le mien :
"Avord. Avion : F-GCUE, Robin DR-400.
1986, un merveilleux souvenir de voyage vraiment unique, le Sud quasi-inconnu de nous 4, ces villes que nous rejoignions par leurs aérodromes, Bergerac, Auch, Albi, Toulouse, puis taxis centre villes, ces sorties le soir, restaurants, le cinéma avec mon frère, liberté salée-sucrée, j’ai 14 ans, la cellule familiale se regroupe dans le cocon du cockpit, unie comme jamais, nous plus matures, les 6 sens en éveil, tout observer, tout apprécier, les paysages survolés, les châteaux, au fond les Pyrénées enneigés.
Puis dernier jour, le retour, la purée de pois à partir de Decize, encore une trentaine de kms, on voit la Loire, on est bas, la peur s’insinue en nous, Papa est silencieux, nous sommes silencieux, on évite un clocher planté sur une colline, parfois on est à peine à 50m du sol.
L’oreille interne ne fonctionne plus sans la vision, nous ne savons plus dans quelle position nous sommes, seul le bruit du moteur nous indique si nous descendons ou si nous montons.
Chacun maîtrise plus ou moins sa panique intérieure, nous sommes tous dignes, on pleure, enfin moi et maman dans mon souvenir, Laurent je ne sais plus, on pleure silencieusement, les yeux rougissent, les larmes coulent, le flot d’angoisse s’espace en moi, et arrive un moment de sérénité, grand calme, je sens la force, l’harmonie, la cohérence de ce groupe, nous nous disons qu’ainsi réunis nous resterons quoiqu’il arrive, et j’en ressens un grand apaisement.
Puis le dialogue radio avec la base aérienne d’Avord se développe. Jusque là ils nous donnaient de simples indications de cap de temps en temps, ils demandent régulièrement à Papa comment il se sent. Nous arrivons vers la Sangsue, mais là aussi le brouillard part du sol jusqu’à 100m d’altitude, impossible de faire une approche.
Alors ils nous donnent le cap pour arriver jusqu’à eux, 50 kms environ, toujours dans le nuage mais là je ne sais pas pourquoi ni comment, disons que ça file plus droit, je ne me souviens pas qu’on ait eu à éviter d’autres reliefs, il faut dire que c’est plat comme la main de Nevers à Avord.
Arrivés chez eux, ils nous indiquent un nouveau cap, celui de l’aérodrome civil de Bourges car il est interdit pour un avion civil de se poser sur cette base militaire, encore une vingtaine de kms, et là, pour la première fois, mais toujours très calmement, Papa leur dit qu’il est à bout, du corps et des nerfs, qu’il ne peut plus continuer. Long silence à l’autre bout, très long. Puis une voix nous répond que nous sommes finalement autorisés à atterrir.
Merveilleux cet atterrissage, on aperçoit de loin le balisage lumineux en bord de piste, la piste est immense, et nous petit insecte dessus, facile, on glisse, on se pose, le contact des roues au sol est une délivrance totale, au loin je vois deux ou trois camions militaires s’approcher au fur et à mesure que nous ralentissons sur la piste. Lorsque nous nous arrêtons, les camions chacun chargé d’une dizaine de militaires en armes se positionnent en travers à trente mètres. Un véhicule se gare sous le nez du Robin, un officier en descend, je crois que nous ne sortons pas tout de suite, d’abord il vérifie tous les papiers de Papa.
Ensuite nous sortons, nous nous tenons fixes devant l’avion, et je me mets à lui caresser ses flancs de toile et bois, à lui parler, le remercier :
- « Merci Fox Golf Charlie Uniform Echo, mon ami, merci de nous avoir sauvé la vie. »
Puis tout le monde se détend, je crois bien que nous nous prenons dans les bras et nous embrassons, nous sommes invités dans la tour de contrôle pour rencontrer l’équipe qui s’est occupé de nous, car c’était vraiment toute une équipe qui venait de passer 3/4 d’heure dans l’angoisse de nous perdre.
- « 4 d’un coup, toute une famille, 2 enfants, on ne peut pas se permettre ça ! »
Ils avaient mis l’homme a la voix la plus ferme et douce à la fois, pour établir une relation psychologique, personnelle et confiante avec le pilote.
Nous déjeunons au mess des officiers avec le Commandant de la base, vers 14h le brouillard a disparu, plus aucune trace, nous redécollons et une demi-heure après nous sommes enfin à Nevers.
Quelques jours plus tard (le lendemain ?), je retourne à l’aérodrome seul avec Papa, et nous redécollons. Après la chute, il faut remonter sur le canasson.
Papa fait parvenir une caisse de champagne en remerciement à la base aérienne, et nous sommes invités au grand meeting aérien qui a lieu plus tard dans l’année. Nous y allons tous les deux, fort bien reçus par les militaires qui se rappellent tous bien de nous, je me sens fier.
Une dizaine d’année après, le hasard me fait rencontrer un des membres de l’équipe de secours, ingénieur du son d’abord passé par plusieurs années d’armée de l’air, en poste à Avord en qualité d’aiguilleur du ciel. Je lui raconte l’anecdote, il me dit qu’il est impossible d’atterrir à Avord pour un avion civil, je lui dis que c’est vrai, mais que nous, ben si. Alors il me demande le nom de l’avion. Je lui dit « F-GCUE », et là il tilte, se rappelle tout, et me confirme le stress intense qu’ils avaient tous ressenti. Nous étions bien en perdition."
***********************************
Et puis il y eut l'accident fatal, l'année de mes 16 ans, juste avant, en avril 1988, le 14, un jeudi, vers midi, à Fréhel dans les Côtes d'Armor, Papa s'envolait..., je n'y reviens pas là, je raconte tout à la fin de "Raciner".
**********************************
Ma petite Nièvre, tu l'aimes ou tu la quittes. Je l'ai quitté plusieurs fois, croyant ne plus l'aimer. D'abord à 18 ans, bac obtenu le même jour que mon permis de conduire, direction Grenoble en Mini rouge, ciao les cons, vous n'êtes pas prêts de me revoir.
Tous les lycéens quittent Nevers à 18 ans avec la certitude de ne pas y remettre les pieds, hors visites épisodiques à la famille.
Grenoble, il faudra que je développe. Plein de bonnes choses, la liberté, la proximité de Lyon où l'on se retrouve avec Fabrice, les études passionnantes, les premières grosses fêtes, l'élection de la liste "Sixième Sens", les amitiés, l'enfer de la SNCF pendant trois ans, après la disparition de la Mini rouge jetée dans la montagne au-dessus de la ville.
C'est dans ces années-là (1991-92), alors que je faisais un stage dans un cabinet conseil à Paris, je logeais chez mon frère dans le XIXème, 22 rue Manin, là où quelques années plus tard je deviendrai Papa, et il y eut cette nuit d'illumination, cette nuit magique, mystique, cette prise de conscience fulgurante dont je parle en introduction, sur la musique de Sonny Rollins, pour la première fois ce sentiment d'être relié avec le Grand Tout, et la sérénité merveilleuse qui en découle...
ARTEMUS
Pourtant trois ans plus tard, en 1994 je revenais à Nevers, diplôme de l'IEP en poche, pour créer avec quatre associés une société de production audiovisuelle, Artemus Productions. Nous avions trouvé le nom avec Fabrice, qui ne faisait pourtant pas partie des quatre. Mes associés sortaient tous de Louis Lumière, trois de la section "Image", et un de la section "Son". L'idée était de produire des films documentaires et des courts-métrages, difficiles à monter financièrement, en s'appuyant sur une activité plus alimentaire de production de films institutionnels pour les collectivités locales. Nos premières réalisations furent couronnées de succès, mais furent surtout déficitaires.
J'avais régulièrement ma tronche dans le Journal du Centre, dès que l'on faisait un film, j'ai quelque part une revue de presse, il doit y avoir une trentaine d'articles en tout.
Ce furent quelques belles années, entre mes 21 et mes 25 ans, je vivais joyeusement en célibataire papillon, la Clio grise floquée aux couleurs d'Artemus, et nous avions encore de nombreux autres beaux projets auxquels nous croyions fort, jusqu'à la fin prévisible, avec dettes et trahisons, prévisibles, vous dis-je.
Voici notre première production, celle qui nous décida à créer ensemble cette société. Ecrite entre amis, avec Fabrice, Vincent, et Stéph, mon cher Papanou, la scène d'entrée est tournée chez ma mère à Nevers 13, rue Adam Billault, les extérieurs vers Saincaize, la discothèque "Le Balado", trois jours de tournage mémorables puis un mois de montage compliqué, pour le clip final nous n'avions qu'une seule prise son et 6 prises image à combiner presque sans rature.
On y voit Marco le Sax, le prof de musique préféré de tout Nevers, qui s'est foutu en l'air à La Marche... Et mon Steph, inénarrable personnage, mon professeur en Arcanderie, dont il était le doyen de la Faculté de Fourchambault, truculent comme on trucule dans les San Antonio, sosie de John Bellucci, sacré chanteur de bals inépuisable, buveur impénitent, la Perforth brune chaude au pied du lit à 8 heures au réveil, qui tant brûla la vie par les deux bouts qu'il est parti une nuit il y a bientôt deux ans maintenant.
Souvenirs éternels de vacances en Bretagne, avec Serge, David, Vincent, et nos riches rencontres de Quimper, comme dans un film, Léo Ferré à la pointe du Raz, "C'est extra"...
On y voit Marco le Sax, le prof de musique préféré de tout Nevers, qui s'est foutu en l'air à La Marche... Et mon Steph, inénarrable personnage, mon professeur en Arcanderie, dont il était le doyen de la Faculté de Fourchambault, truculent comme on trucule dans les San Antonio, sosie de John Bellucci, sacré chanteur de bals inépuisable, buveur impénitent, la Perforth brune chaude au pied du lit à 8 heures au réveil, qui tant brûla la vie par les deux bouts qu'il est parti une nuit il y a bientôt deux ans maintenant.
Souvenirs éternels de vacances en Bretagne, avec Serge, David, Vincent, et nos riches rencontres de Quimper, comme dans un film, Léo Ferré à la pointe du Raz, "C'est extra"...
Et puis voici notre plus grosse production, en durée, en temps, en budget et en retombées, qui fût aussi notre chant du cygne puisque nous ne sommes jamais arrivé à combler le déficit (enfin si, moi, de ma poche), essentiellement dû aux exigences de diva du vieux réalisateur qui, non content de nous avoir fait louper des subventions, ne voulut jamais revoir à la baisse ses prétentions salariales.
Sois maudit, vieille raclure. Tu restes l'un de mes rares ennemis à qui j'ai toujours autant envie de foutre mon poing dans la gueule, 20 ans après.
Que je m'explique, brièvement.
Quand j'ai rencontré ce vieux schnock, il était déjà en phase d'écriture du projet, et de montage de la production. Il s'était engagé avec une grosse boîte parisienne toujours bien vivante aujourd'hui, Cinétévé, dirigée par la très célèbre productrice parisienne / socialite / gauche caviar Fabienne Servan-Schreiber. Il organisa un rendez-vous à Paris dans cette production, quai Henri IV, où j'eus l'expresse honneur d'être présenté à la sus-dite grande dame. Elle avait déjà produit plusieurs films avec lui pour la collection "Un siècle d'écrivains" de Bernard Rapp sur France 2. Il était censé organiser un transfert de production sans accrocs, et apparemment elle semblait plutôt heureuse de ce débarrasser de ce petit projet qui ne lui tenait pas particulièrement à coeur. Ils me refilèrent même le directeur de production, très professionnel et très grassement rémunéré.
Je me souviendrais toujours de ce vieil escroc me disant que l'on ferait plein d'autres films ensemble, et qu'il serait "la locomotive qui tirerait les wagons du train Artemus".
Fumier.
Le plan de financement équilibrait le budget d'environ 1 million de francs (150 000€) avec la participation du Conseil alors Général de la Nièvre, France 3 Bourgogne, le Centre National de la Cinématographie et la Procirep. Tout cela fonctionna à peu près, mais à la Procirep siégeait une certaine dame qui fît tout son possible pour que nous ne touchions pas cette dernière subvention. C'était facile pour elle, nous n'eûmes pas un cent.
Ainsi nous n'avions réuni que les trois quarts de la somme, et alors que tout le monde dans l'équipe dut s'adapter au budget réel et non au prévisionnel, ce grand réalisateur issu des belles années de l'ORTF ne voulu jamais révisé son salaire d'autant, niant sa responsabilité directe dans ce mauvais coup de la grande dame.
Là-dessus France 3, avec qui il avait les "meilleurs" rapports puisqu'il y avait fait toute sa "carrière", ne voulut jamais apporter une partie financière, se contentant de nous apporter une aide matérielle (toute la post-production, ce qui n'était pas rien, mais ce qui n'avait pas été la choses prévue au départ).
L'édition et la vente de 2000 cassettes vidéo n'y changèrent rien, ce fût le bouillon, et le début du déficit chronique de la petite société, et malgré un ultime renflouement personnel (la banque m'ayant mis le couteau sous la gorge), le dépôt de bilan trois ans plus tard.
Nous avions confié la voix off du narrateur à Henri Virlojeux, natif de Nevers, immense comédien et voix off de nombreux films américains ("La guerre des étoiles", "Le Nom de la Rose", également voix officielle de John Wayne dans tous ses films).
Sois maudit, vieille raclure. Tu restes l'un de mes rares ennemis à qui j'ai toujours autant envie de foutre mon poing dans la gueule, 20 ans après.
Que je m'explique, brièvement.
Quand j'ai rencontré ce vieux schnock, il était déjà en phase d'écriture du projet, et de montage de la production. Il s'était engagé avec une grosse boîte parisienne toujours bien vivante aujourd'hui, Cinétévé, dirigée par la très célèbre productrice parisienne / socialite / gauche caviar Fabienne Servan-Schreiber. Il organisa un rendez-vous à Paris dans cette production, quai Henri IV, où j'eus l'expresse honneur d'être présenté à la sus-dite grande dame. Elle avait déjà produit plusieurs films avec lui pour la collection "Un siècle d'écrivains" de Bernard Rapp sur France 2. Il était censé organiser un transfert de production sans accrocs, et apparemment elle semblait plutôt heureuse de ce débarrasser de ce petit projet qui ne lui tenait pas particulièrement à coeur. Ils me refilèrent même le directeur de production, très professionnel et très grassement rémunéré.
Je me souviendrais toujours de ce vieil escroc me disant que l'on ferait plein d'autres films ensemble, et qu'il serait "la locomotive qui tirerait les wagons du train Artemus".
Fumier.
Le plan de financement équilibrait le budget d'environ 1 million de francs (150 000€) avec la participation du Conseil alors Général de la Nièvre, France 3 Bourgogne, le Centre National de la Cinématographie et la Procirep. Tout cela fonctionna à peu près, mais à la Procirep siégeait une certaine dame qui fît tout son possible pour que nous ne touchions pas cette dernière subvention. C'était facile pour elle, nous n'eûmes pas un cent.
Ainsi nous n'avions réuni que les trois quarts de la somme, et alors que tout le monde dans l'équipe dut s'adapter au budget réel et non au prévisionnel, ce grand réalisateur issu des belles années de l'ORTF ne voulu jamais révisé son salaire d'autant, niant sa responsabilité directe dans ce mauvais coup de la grande dame.
Là-dessus France 3, avec qui il avait les "meilleurs" rapports puisqu'il y avait fait toute sa "carrière", ne voulut jamais apporter une partie financière, se contentant de nous apporter une aide matérielle (toute la post-production, ce qui n'était pas rien, mais ce qui n'avait pas été la choses prévue au départ).
L'édition et la vente de 2000 cassettes vidéo n'y changèrent rien, ce fût le bouillon, et le début du déficit chronique de la petite société, et malgré un ultime renflouement personnel (la banque m'ayant mis le couteau sous la gorge), le dépôt de bilan trois ans plus tard.
Nous avions confié la voix off du narrateur à Henri Virlojeux, natif de Nevers, immense comédien et voix off de nombreux films américains ("La guerre des étoiles", "Le Nom de la Rose", également voix officielle de John Wayne dans tous ses films).
Médailles accrochées à mon veston de producteur, le Graal de la profession, ces deux articles (même Le Monde fait des fautes d'orthographe, à Monsieur Virlogeux en plus...) :
POLITIQUE LOCALE
La Nièvre est une terre très politique, donc. Elle fut d'ailleurs choisie comme terre d'élection par François Mitterrand. Il se fait élire député en quelques semaines de campagne aux législatives de 1946. Il gardera au moins un mandat politique dans la Nièvre pendant toute sa vie, jusqu'au 8 mai 1981 où il démissionne de son poste de Président du Conseil Général, lui préférant l'autre Présidence. Dans sa Geste, Mitterrand faisait de l'union des peuples gaulois par Vercingétorix à Bibracte en 52 avant JC l'acte de naissance de la France, battant ainsi le Général pour qui c'était le baptême de Clovis en l'an 500. D'ailleurs souvenez-vous, il avait très sérieusement réfléchi à s'y faire inhumer, mais face au mini-scandale il s'était rabattu sur sa Charente natale, au grand dam des Morvandiaux.
François Mitterrand a tout expérimenté sur cette terre: les alliances, les lancements de nouveaux partis, la majorité, l'opposition, la victoire et l'échec, les trahisons comme la fidélite, les alliances contre nature. Ce fut en particulier le laboratoire de la décentralisation et de l'Union de la Gauche, le baiser de la mort avec le Parti Communiste. Jusqu'à sa mort Mitterrand disséquait chaque résultat d'élection quelle qu'elle fut. Il connaissais chaque canton de France, et chaque commune de la Nièvre. Il tirait des analyses de l'évolution de tel parti sur tel commune entre telle et telle élection. Il s'accrochait au massif de granit et à ses habitants du même bois (sic), tournant le dos à Nevers qui s'était refusée à lui, et s'il écrivit de belles pages sur la Loire, c'était pour mieux fustiger le caractère changeant des neversois, mouvant comme les îles de sable du fleuve.
La Nièvre est une terre très politique, donc. Elle fut d'ailleurs choisie comme terre d'élection par François Mitterrand. Il se fait élire député en quelques semaines de campagne aux législatives de 1946. Il gardera au moins un mandat politique dans la Nièvre pendant toute sa vie, jusqu'au 8 mai 1981 où il démissionne de son poste de Président du Conseil Général, lui préférant l'autre Présidence. Dans sa Geste, Mitterrand faisait de l'union des peuples gaulois par Vercingétorix à Bibracte en 52 avant JC l'acte de naissance de la France, battant ainsi le Général pour qui c'était le baptême de Clovis en l'an 500. D'ailleurs souvenez-vous, il avait très sérieusement réfléchi à s'y faire inhumer, mais face au mini-scandale il s'était rabattu sur sa Charente natale, au grand dam des Morvandiaux.
François Mitterrand a tout expérimenté sur cette terre: les alliances, les lancements de nouveaux partis, la majorité, l'opposition, la victoire et l'échec, les trahisons comme la fidélite, les alliances contre nature. Ce fut en particulier le laboratoire de la décentralisation et de l'Union de la Gauche, le baiser de la mort avec le Parti Communiste. Jusqu'à sa mort Mitterrand disséquait chaque résultat d'élection quelle qu'elle fut. Il connaissais chaque canton de France, et chaque commune de la Nièvre. Il tirait des analyses de l'évolution de tel parti sur tel commune entre telle et telle élection. Il s'accrochait au massif de granit et à ses habitants du même bois (sic), tournant le dos à Nevers qui s'était refusée à lui, et s'il écrivit de belles pages sur la Loire, c'était pour mieux fustiger le caractère changeant des neversois, mouvant comme les îles de sable du fleuve.
Je pense que la victoire d'un communiste sur une liste d'Union de la Gauche face à la droite sur la petite commune d'Urzy en 1983 ne lui a pas échappée, alors que Pierre Bérégovoy atterrissait à Nevers, où il choisit de se faire suicider 10 ans plus tard (j'y étais, le discours de Mitterrand devant le Palais Ducal "jeté aux chiens", dans la cathédrale j'étais assis derrière Christine Ockrent et Bernard Tapie, bien conscient de vivre un moment d'histoire républicaine).
On prêtait à mon père des ambitions politiques au-delà de la mairie d'Urzy. A 45 ans, l'agrégé d'histoire faisait figure d'intellectuel montant, et lorsque l'on connaît l'acharnement des socialistes à dégommer pièce à pièce l'appareil communiste, on comprend qu'il ne fallait pas laisser émerger une telle figure de rénovation. Il faut se rappeler que jusqu'en 1981, le grand parti à gauche était le PCF. C'est poussé par ses co-listiers qu'il accepte la tête de liste pour les municipales de 1983, ensuite il sera candidat aux régionales de 1986, mais en position non-éligible, à sa demande.
Papa était un dissident au sein de ce vieux parti. Ses prises de paroles dans les cellules et aux congrès lui valurent de gros ennuis et beaucoup de pression de la part des dirigeants locaux. Il a failli rendre sa carte à plusieurs reprises, et je me souviens des discussions vives et tardives avec le secrétaire départemental, ma chambre était au-dessus du bureau où ils s'enfermaient tous les deux. Sa fidélité l'emportait à chaque fois, lui qui avait adhéré à 20 ans pendant les "événements" d'Algérie. Le PC était bien seul à l'époque, militant pour l'indépendance algérienne, quand le ministre de l'Intérieur Mitterrand mettait la guillotine en surchauffe. Mon père était déjà tellement engagé, surveillé par les RG (appartement et voiture vandalisés à Beaune), qu'en 1968 ses camarades lui conseillèrent de se mettre au vert en Suisse, ce qu'il fît quelques semaines.
Avant de s'attaquer au sujet de la résistance, Papa avait fait paraître une étude sur les flotteurs de Clamecy. Cette corporation pauvre et noble s'était illustré dès le début du XIXème siècle par des mouvements de grève pour réclamer l'augmentation de leurs salaires. Et l'obtenir. Au moment du Coup d'Etat de Napoléon III en 1851, Clamecy est un des seuls foyers hors Paris à s'être allumé en Province. L'insurrection fut réprimée par la troupe; de nombreux Clamecycois furent fusillés, d'autres déportés au bagne de Cayenne. Marx cite en exemple les succès des flotteurs de Clamecy, ce qui n'avait pas échappé à Papa. Je réussis à faire rééditer l'ouvrage, avec une préface écrite par Gérard Dumas (présentation plus bas), et signée du Président du Conseil Général, "hommage d'un producteur d'image à un homme d'écrit, d'un fils à son père disparu..."
On prêtait à mon père des ambitions politiques au-delà de la mairie d'Urzy. A 45 ans, l'agrégé d'histoire faisait figure d'intellectuel montant, et lorsque l'on connaît l'acharnement des socialistes à dégommer pièce à pièce l'appareil communiste, on comprend qu'il ne fallait pas laisser émerger une telle figure de rénovation. Il faut se rappeler que jusqu'en 1981, le grand parti à gauche était le PCF. C'est poussé par ses co-listiers qu'il accepte la tête de liste pour les municipales de 1983, ensuite il sera candidat aux régionales de 1986, mais en position non-éligible, à sa demande.
Papa était un dissident au sein de ce vieux parti. Ses prises de paroles dans les cellules et aux congrès lui valurent de gros ennuis et beaucoup de pression de la part des dirigeants locaux. Il a failli rendre sa carte à plusieurs reprises, et je me souviens des discussions vives et tardives avec le secrétaire départemental, ma chambre était au-dessus du bureau où ils s'enfermaient tous les deux. Sa fidélité l'emportait à chaque fois, lui qui avait adhéré à 20 ans pendant les "événements" d'Algérie. Le PC était bien seul à l'époque, militant pour l'indépendance algérienne, quand le ministre de l'Intérieur Mitterrand mettait la guillotine en surchauffe. Mon père était déjà tellement engagé, surveillé par les RG (appartement et voiture vandalisés à Beaune), qu'en 1968 ses camarades lui conseillèrent de se mettre au vert en Suisse, ce qu'il fît quelques semaines.
Avant de s'attaquer au sujet de la résistance, Papa avait fait paraître une étude sur les flotteurs de Clamecy. Cette corporation pauvre et noble s'était illustré dès le début du XIXème siècle par des mouvements de grève pour réclamer l'augmentation de leurs salaires. Et l'obtenir. Au moment du Coup d'Etat de Napoléon III en 1851, Clamecy est un des seuls foyers hors Paris à s'être allumé en Province. L'insurrection fut réprimée par la troupe; de nombreux Clamecycois furent fusillés, d'autres déportés au bagne de Cayenne. Marx cite en exemple les succès des flotteurs de Clamecy, ce qui n'avait pas échappé à Papa. Je réussis à faire rééditer l'ouvrage, avec une préface écrite par Gérard Dumas (présentation plus bas), et signée du Président du Conseil Général, "hommage d'un producteur d'image à un homme d'écrit, d'un fils à son père disparu..."
Je retrouve en exergue du livre le bel hommage de Romain Rolland au peuple des flotteurs dans Colas Breugnon :
"Quand auront disparu les riches d'aujourd'hui, quand seront effrités, avec leurs épitaphes, les mensonges de leurs tombes et le nom de leur race, on parlera encore des flotteurs de Clamecy. Ils resteront, dans son histoire, la noblesse aux rudes mains, aux têtes dures comme leurs poings, et je ne veux pas qu'on dise qu'ils furent des coquins".
Claude Tillier (1801-1844) était lui contemporain des Flotteurs, et c'est à leurs côtés, modeste maître d'école, qu'il mena ses premiers combats. Pamphlétaire, journaliste et auteur reconnu, il meurt pourtant dans la misère à Nevers, loin de son cher Clamecy, et son oeuvre majeure "Mon oncle Benjamin" est éditée après sa mort. Sa principale victoire, il la remporte aussi à titre posthume : c'est le suffrage universel, adopté en 1848, qui met fin au suffrage censitaire (il fallait payer pour voter comme pour se présenter). L'évêque et le Préfet l'avait pourtant taxé au mieux de naïf, de rêveur, au pire de danger pour les institutions, qu'il appelait - déjà - le Système...
Dès 1851, Louis-Napoléon pourtant premier Président de la République élu en 1848 renverse lui-même la République, qui ne redeviendra Troisième qu'en 1870.
"Quand auront disparu les riches d'aujourd'hui, quand seront effrités, avec leurs épitaphes, les mensonges de leurs tombes et le nom de leur race, on parlera encore des flotteurs de Clamecy. Ils resteront, dans son histoire, la noblesse aux rudes mains, aux têtes dures comme leurs poings, et je ne veux pas qu'on dise qu'ils furent des coquins".
Claude Tillier (1801-1844) était lui contemporain des Flotteurs, et c'est à leurs côtés, modeste maître d'école, qu'il mena ses premiers combats. Pamphlétaire, journaliste et auteur reconnu, il meurt pourtant dans la misère à Nevers, loin de son cher Clamecy, et son oeuvre majeure "Mon oncle Benjamin" est éditée après sa mort. Sa principale victoire, il la remporte aussi à titre posthume : c'est le suffrage universel, adopté en 1848, qui met fin au suffrage censitaire (il fallait payer pour voter comme pour se présenter). L'évêque et le Préfet l'avait pourtant taxé au mieux de naïf, de rêveur, au pire de danger pour les institutions, qu'il appelait - déjà - le Système...
Dès 1851, Louis-Napoléon pourtant premier Président de la République élu en 1848 renverse lui-même la République, qui ne redeviendra Troisième qu'en 1870.
Ensuite pour sa thèse sur la Résistance, Papa eût accès à des archives toujours fermées aujourd'hui, notamment celles concernant la collaboration. Il connaissait le passé double de Mitterrand, jusqu'à quel point ? Si la collaboration idéologique est assez bien renseignée, il n'en est rien de la collaboration économique : toutes les entreprises travaillant pour l'occupant, réquisitionnées avec plus ou moins de consentement de leurs propriétaires, tous ces possédants qui sont sortis plus riches de cette période. Renault fut puni de nationalisation, mais combien d'autres ne furent pas même jugés ? Que l'on pense à Bettencourt, André, grand ami de Mitterrand, grand collaborateur et créateur de L'Oréal, aujourd'hui encore Madame est la personne la plus riche de France...
Figure d'une possible rénovation communiste, historien détenant des secrets sur la partie la plus sombre de l'histoire nationale, la collaboration, invité régulièrement par les autorités de RDA, voilà des éléments qui clignotent dans ma tête quand je repense à sa mort accidentelle, le 14 avril 1988, 3 semaines avant le premier tour de la présidentielle qui verrait Mitterrand miraculeusement réélu, 1 an avant les municipales qu'il aurait remporté, 1 an avant la chute du mur de Berlin, début de l'effondrement de l'Union Soviétique, comment l'aurait-il vécu ?
En relisant ici et là des bouts d'histoire sur ces années 83-88, je m'aperçois que la guerre froide fut vraiment très violente dans cette dernière ligne droite, émaillée de quelques retentissantes histoires d'espionnage entre Russes et Américains, blocs de l'Est contre bloc de l'Ouest, sous-marins nucléaires russes devant New York, avec en point d'orgue un ministre de la défense convaincu après sa mort - crise cardiaque suspecte - d'espionnage pour le compte des services secrets bulgares ! Papa était membre du comité de jumelage Nevers-Neubrandenbourg, c'est à ce titre qu'il voyageait en RDA, et que le Maire de Neubrandenbourg dormait à la maison quand il venait en France...
Figure d'une possible rénovation communiste, historien détenant des secrets sur la partie la plus sombre de l'histoire nationale, la collaboration, invité régulièrement par les autorités de RDA, voilà des éléments qui clignotent dans ma tête quand je repense à sa mort accidentelle, le 14 avril 1988, 3 semaines avant le premier tour de la présidentielle qui verrait Mitterrand miraculeusement réélu, 1 an avant les municipales qu'il aurait remporté, 1 an avant la chute du mur de Berlin, début de l'effondrement de l'Union Soviétique, comment l'aurait-il vécu ?
En relisant ici et là des bouts d'histoire sur ces années 83-88, je m'aperçois que la guerre froide fut vraiment très violente dans cette dernière ligne droite, émaillée de quelques retentissantes histoires d'espionnage entre Russes et Américains, blocs de l'Est contre bloc de l'Ouest, sous-marins nucléaires russes devant New York, avec en point d'orgue un ministre de la défense convaincu après sa mort - crise cardiaque suspecte - d'espionnage pour le compte des services secrets bulgares ! Papa était membre du comité de jumelage Nevers-Neubrandenbourg, c'est à ce titre qu'il voyageait en RDA, et que le Maire de Neubrandenbourg dormait à la maison quand il venait en France...
Journal du Centre du vendredi 15 avril 1988, lendemain de la mort de Papa. Belle faute d'orthographe à la Une (des champions !), Michel Rocard en campagne à Cosne avec Pierre Bérégovoy, et déjà le Djihad islamique. Coïncidence ultime : début des travaux du Circuit de Magny-Cours où je travaille aujourd'hui...
Papa était-il un sous-marin ? L'a-t-on coulé, ambiance Robert Boulin ? Les RG, le SAC, la Stasi ?
Ou simple délire parano d'un adulescent en manque de romantisme et de mystère ? La simple douleur d'un fils qui ne veut pas admettre la thèse de l'accident bête ?
Etait-il en fin de liste, cette liste sur laquelle Mitterrand cochait une à une la disparition de ses opposants, peut-être se dépêchait-il de la terminer avant la présidentielle qu'il n'était en rien assuré d'emporter, après Hernu, Baroin, Jean-Edern Hallier, Coluche, Balavoine, Thomas Sankara, Lucie September ?
Ou est-ce le PCF qui l'a éliminé, fatigué de ses coups de gueule et déclarations d'indépendance (toute relative) au sein de cette pieuvre stalinienne ?
29 janvier 1987, il prend la parole publiquement face aux adhérents de la Fédération Nivernaise du Parti Communiste, courageusement, ses mots sont forts, son constat sans ménagement pour les dirigeants nationaux.
Ou simple délire parano d'un adulescent en manque de romantisme et de mystère ? La simple douleur d'un fils qui ne veut pas admettre la thèse de l'accident bête ?
Etait-il en fin de liste, cette liste sur laquelle Mitterrand cochait une à une la disparition de ses opposants, peut-être se dépêchait-il de la terminer avant la présidentielle qu'il n'était en rien assuré d'emporter, après Hernu, Baroin, Jean-Edern Hallier, Coluche, Balavoine, Thomas Sankara, Lucie September ?
Ou est-ce le PCF qui l'a éliminé, fatigué de ses coups de gueule et déclarations d'indépendance (toute relative) au sein de cette pieuvre stalinienne ?
29 janvier 1987, il prend la parole publiquement face aux adhérents de la Fédération Nivernaise du Parti Communiste, courageusement, ses mots sont forts, son constat sans ménagement pour les dirigeants nationaux.
Alliance avec le PS, Afghanistan, Europe, exclusions : mon père affiche ses différences 16 mois avant son accident...
Papa, à 28 ans, peint par son vieil ami André Claudot, à Dijon.
A relire se lettre, la fin surtout lorsqu'il appelle à un changement de direction, je me dis que j'ai hérité de lui ce défaut de l'ouvrir, au risque d'y perdre des plumes, voire toute la carcasse.
Me revient en mémoire cette surprise que fût pour nous la réception d'un télégramme de Paris, à l'hôtel de Fréhel, quelques heures après sa mort, télégramme signé de Gaston Plissonnier, grand ponte du Comité Central, rendant hommage à Papa. Quelques jours plus tard, le contenu du télégramme était publié dans le journal local du PC. Il avait été ouvert et lu avant de nous parvenir.
Jeudi 14 avril 1988, Papa s'envole (lire à la toute fin du blog "Raciner", il part ailleurs, il nous laisse en plan, il disparaît, il nous quitte. Pile au moment où je me sentais pousser des ailes: j'allais bientôt moi-même pouvoir décoller, en commençant les cours de vol sous son aile ("un jour un médecin me dira que je ne pourrai plus voler, et ce jour je voudrais continuer avec toi aux commandes"), j'étais bon élève, bon musicien, la vie grande ouverte devant, et surtout j'avais enfin remporté son attention, son affection, et presque son amitié tant les derniers mois et plus encore les derniers jours avaient vu notre complicité grandir et s'affirmer dans de grands rires partagés.
Aujourd'hui je comprends que sa mort m'a littéralement coupé les ailes.
************************************************************************************************************************************************************
En 1998, l'aventure Artemus cessait, et je re-quittais la Nièvre, bien décidé, pour de bon cette fois-ci, à n'y plus revenir. Je venais d'être triplement trahi, coups de poignard dans le dos : par le réalisateur qui n'avait pas voulu revoir son salaire à la baisse malgré le loupage d'une subvention du CNC dont il était responsable, et qui en plus partit avec un projet de documentaire sur Jules Renard que nous avions développé ensemble pour l'émission "Un siècle d'écrivains" de Bernard Rapp; par mes associés, qui m'avaient laissé me porter seul caution solidaire à la banque, il me fallut 5 ans pour payer nos dettes; par la Ville de Nevers, qui m'avait promis une commande audiovisuelle et l'annulèrent sans préavis, après que je me sois pris le bec par voie de presse avec le 1er adjoint au sujet de la thèse de Papa, dont il contestait à tort un point crucial, la Libération de Nevers.
Brésil 6 mois, puis Paris 2 ans, puis Lyon 4 ans. Là-bas séparation, je me retrouve seul à élever mon fils de 1 ans et demi, licenciement dur, prud'hommes, je reprends des études (un an pour obtenir un DESS "Direction de projets culturels", pris en charge par les Assedic), je passe de CDD en CDD dans le secteur cul (Théâtre de la Renaissance à Oullins, Compagnie théâtrale en Ardèche, Laboratoire Sculptures Urbaines à Grenoble, avec qui je pars réaliser un film à Alger), mais manquant de réseau (essentiel à Lyon) je sens bien que je patine. Un été je décide de passer un mois dans la Nièvre avec Maceo, là je ressens tous ses bienfaits physiques et psychologiques : la douceur des paysages et du climat, le calme, et la chaleur des amis qui ne m'ont pas oublié, au contraire ils m'entourent, moi et Maceo, de leur amour indéfectible.
De retour à Lyon je m'aperçois que je ne supporte plus cette ville, je ressens profondément l'appel du retour. J'apprends que rue Burdeau où j'habite, il y a un charnier, les corps des canuts grévistes fusillés par la troupe de Napoléon III. Exactement comme à Paris, rue Manin, sous la cour de récréation de l'école à côté. Tout à coup je ressens la morbidité suinter des trottoirs, c'est décidé, je dois partir. Je recontacte alors l'un de mes meilleurs appuis durant la période audiovisuelle, Gérard Dumas, qui était à l'époque Directeur de Cabinet au Conseil Général, et qui entre-temps avait été nommé Président du Circuit de Magny-Cours. Chose incongrue pour cet homme pétri de culture, fou de musique. Ca ne faisait pas longtemps qu'il était arrivé à Nevers, empruntant comme beaucoup d'autres l'autoroute qui menait de Paris-Solférino à la Nièvre, surtout en périodes de cohabitations et de défaites aux législatives. Sibyllin sur son passé dans les cabinets parisiens, je sais toutefois qu'il fut proche de Fabius, période Matignon. On faisait du piano tous les deux, c'est moi qui l'ai amené la première fois au Pub, où il déboulait à point d'heure pour prendre ses clopes et discuter avec les amis que je lui avait présentés. Un jour il me reproche mes chaussures sales, le voilà agenouillé à mes pieds à me cirer les pompes !
Malgré plus de huit ans sans nouvelles, il répond à mon appel, et m'invite à le rencontrer au Circuit une première fois. Il m'explique qu'il ne peut pas me faire entrer n'importe comment dans la boutique. Il faut attendre le bon moment, la bonne place. On parle de communication, d'image internationale, mais c'est finalement à la commercialisation des pistes que l'opportunité se présente. Entre-temps il est venu nous voir à Lyon. Je l'attends place Tolozan, sur les quais du Rhône près de l'Opéra. Il arrive dans sa grosse Phaeton, un modèle rare de VW, une vraie berline de Président. J'avais réservé dans un super bouchon, mais on ne trouve pas de place pour garer le paquebot. On passe devant chez Paul qui a un voiturier, aubaine. Quel repas ! Je me souviens du pigeonneau farci, et du vin de Bourgogne. Le soir plutôt que l'hôtel Gérard choisit de dormir chez nous, rue Burdeau. La tête de Maceo en voyant sa grande carcasse, presque celle de l'autre Gérard (GD lui aussi), sortir de la douche le matin !
Gérard, c'est la main tendue dans l'histoire de ma vie. J'ai eu cette chance. Je veux dire : j'ai eu des amis, des soutiens, des attentions, mais cette fois-là, ce fut vraiment la métaphore dans tout son sens, la main tendue, prise et refermée, fermement tenue. Cette main il la tendait aussi à Maceo, car ce boulot devait aussi me permettre de continuer à m'occuper seul de mon fils de 6 ans alors, il fallait que j'ai mes week-ends, que je ne termine pas après 18h... And so son. Il ne voulait pas m'imposer non plus, il fallait que je fasse mes preuves, validées par le chef de service. Ainsi fut fait. Ce fut le coup parfait. Il me présentait comme son ami, et comme son professeur de piano, ça faisait bizarre au circuit.
10 ans après j'y suis encore, "Assistant commercial Pistes", et ce boulot est le socle matériel de mon topo et de mon chrono actuels. Le Circuit International de Nevers de Magny-Cours est un des grands chantiers voulus par François Mitterrand, l'un des rares hors de Paris. L'une de ses pyramides. Il fallait être fou, ou pharaon, ou Mitterrand, pour décider que dans ces près à vaches pourrait se dérouler un Grand Prix de Formule 1. Les près appartenaient à de vieux amis de longue date, de l'implantation du futur député dès l'après-guerre. L'agriculteur passionné de sports mécaniques avait construit un circuit en terre, bientôt asphalté par endroit, mais de là à en faire une piste pour les F1 ! Le prix de vente du terrain fît les choux gras de la presse, jusqu'au "Canard Enchaîné", et l'histoire d'un fils caché au moins coure encore dans les rues de Nevers. 18 Grands Prix plus tard, le circuit rénové est toujours debout, et on y vient de toute l'Europe en voiture et en moto.
Les retombées économiques sur tout le tissu local sont réelles, et avec une école d'ingénieurs pointue, une autoroute et un Technopôle de 300 emplois autour des deux pistes, le pari du levier de développement local est pour une fois plutôt réussi. Traces de Pierre Bérégovoy, qui en bon lieutenant de Mitterrand et comme Maire de Nevers assura l'intendance.
Gérard est mort brusquement en 2008. Je ne l'avais pas vu depuis au moins deux mois, et là au retour de mes vacances, le 8 août, on apprend sa mort. Nouveau deuil. Figure paternelle, évidemment. Pas le temps de se dire au revoir. La dernière discussion dans sa voiture, il m'avait dit : "Ils finiront par avoir ma peau." Il disait aussi : "Le pire n'est jamais sûr". Et encore : "Je fume parce que l'air est irrespirable".
Je commence à connaître plus de monde là-haut qu'ici-bas... Je me dis qu'ils veillent sur moi, Papa, Fred, Jean, Gérard.
Me revient en mémoire cette surprise que fût pour nous la réception d'un télégramme de Paris, à l'hôtel de Fréhel, quelques heures après sa mort, télégramme signé de Gaston Plissonnier, grand ponte du Comité Central, rendant hommage à Papa. Quelques jours plus tard, le contenu du télégramme était publié dans le journal local du PC. Il avait été ouvert et lu avant de nous parvenir.
Jeudi 14 avril 1988, Papa s'envole (lire à la toute fin du blog "Raciner", il part ailleurs, il nous laisse en plan, il disparaît, il nous quitte. Pile au moment où je me sentais pousser des ailes: j'allais bientôt moi-même pouvoir décoller, en commençant les cours de vol sous son aile ("un jour un médecin me dira que je ne pourrai plus voler, et ce jour je voudrais continuer avec toi aux commandes"), j'étais bon élève, bon musicien, la vie grande ouverte devant, et surtout j'avais enfin remporté son attention, son affection, et presque son amitié tant les derniers mois et plus encore les derniers jours avaient vu notre complicité grandir et s'affirmer dans de grands rires partagés.
Aujourd'hui je comprends que sa mort m'a littéralement coupé les ailes.
************************************************************************************************************************************************************
En 1998, l'aventure Artemus cessait, et je re-quittais la Nièvre, bien décidé, pour de bon cette fois-ci, à n'y plus revenir. Je venais d'être triplement trahi, coups de poignard dans le dos : par le réalisateur qui n'avait pas voulu revoir son salaire à la baisse malgré le loupage d'une subvention du CNC dont il était responsable, et qui en plus partit avec un projet de documentaire sur Jules Renard que nous avions développé ensemble pour l'émission "Un siècle d'écrivains" de Bernard Rapp; par mes associés, qui m'avaient laissé me porter seul caution solidaire à la banque, il me fallut 5 ans pour payer nos dettes; par la Ville de Nevers, qui m'avait promis une commande audiovisuelle et l'annulèrent sans préavis, après que je me sois pris le bec par voie de presse avec le 1er adjoint au sujet de la thèse de Papa, dont il contestait à tort un point crucial, la Libération de Nevers.
Brésil 6 mois, puis Paris 2 ans, puis Lyon 4 ans. Là-bas séparation, je me retrouve seul à élever mon fils de 1 ans et demi, licenciement dur, prud'hommes, je reprends des études (un an pour obtenir un DESS "Direction de projets culturels", pris en charge par les Assedic), je passe de CDD en CDD dans le secteur cul (Théâtre de la Renaissance à Oullins, Compagnie théâtrale en Ardèche, Laboratoire Sculptures Urbaines à Grenoble, avec qui je pars réaliser un film à Alger), mais manquant de réseau (essentiel à Lyon) je sens bien que je patine. Un été je décide de passer un mois dans la Nièvre avec Maceo, là je ressens tous ses bienfaits physiques et psychologiques : la douceur des paysages et du climat, le calme, et la chaleur des amis qui ne m'ont pas oublié, au contraire ils m'entourent, moi et Maceo, de leur amour indéfectible.
De retour à Lyon je m'aperçois que je ne supporte plus cette ville, je ressens profondément l'appel du retour. J'apprends que rue Burdeau où j'habite, il y a un charnier, les corps des canuts grévistes fusillés par la troupe de Napoléon III. Exactement comme à Paris, rue Manin, sous la cour de récréation de l'école à côté. Tout à coup je ressens la morbidité suinter des trottoirs, c'est décidé, je dois partir. Je recontacte alors l'un de mes meilleurs appuis durant la période audiovisuelle, Gérard Dumas, qui était à l'époque Directeur de Cabinet au Conseil Général, et qui entre-temps avait été nommé Président du Circuit de Magny-Cours. Chose incongrue pour cet homme pétri de culture, fou de musique. Ca ne faisait pas longtemps qu'il était arrivé à Nevers, empruntant comme beaucoup d'autres l'autoroute qui menait de Paris-Solférino à la Nièvre, surtout en périodes de cohabitations et de défaites aux législatives. Sibyllin sur son passé dans les cabinets parisiens, je sais toutefois qu'il fut proche de Fabius, période Matignon. On faisait du piano tous les deux, c'est moi qui l'ai amené la première fois au Pub, où il déboulait à point d'heure pour prendre ses clopes et discuter avec les amis que je lui avait présentés. Un jour il me reproche mes chaussures sales, le voilà agenouillé à mes pieds à me cirer les pompes !
Malgré plus de huit ans sans nouvelles, il répond à mon appel, et m'invite à le rencontrer au Circuit une première fois. Il m'explique qu'il ne peut pas me faire entrer n'importe comment dans la boutique. Il faut attendre le bon moment, la bonne place. On parle de communication, d'image internationale, mais c'est finalement à la commercialisation des pistes que l'opportunité se présente. Entre-temps il est venu nous voir à Lyon. Je l'attends place Tolozan, sur les quais du Rhône près de l'Opéra. Il arrive dans sa grosse Phaeton, un modèle rare de VW, une vraie berline de Président. J'avais réservé dans un super bouchon, mais on ne trouve pas de place pour garer le paquebot. On passe devant chez Paul qui a un voiturier, aubaine. Quel repas ! Je me souviens du pigeonneau farci, et du vin de Bourgogne. Le soir plutôt que l'hôtel Gérard choisit de dormir chez nous, rue Burdeau. La tête de Maceo en voyant sa grande carcasse, presque celle de l'autre Gérard (GD lui aussi), sortir de la douche le matin !
Gérard, c'est la main tendue dans l'histoire de ma vie. J'ai eu cette chance. Je veux dire : j'ai eu des amis, des soutiens, des attentions, mais cette fois-là, ce fut vraiment la métaphore dans tout son sens, la main tendue, prise et refermée, fermement tenue. Cette main il la tendait aussi à Maceo, car ce boulot devait aussi me permettre de continuer à m'occuper seul de mon fils de 6 ans alors, il fallait que j'ai mes week-ends, que je ne termine pas après 18h... And so son. Il ne voulait pas m'imposer non plus, il fallait que je fasse mes preuves, validées par le chef de service. Ainsi fut fait. Ce fut le coup parfait. Il me présentait comme son ami, et comme son professeur de piano, ça faisait bizarre au circuit.
10 ans après j'y suis encore, "Assistant commercial Pistes", et ce boulot est le socle matériel de mon topo et de mon chrono actuels. Le Circuit International de Nevers de Magny-Cours est un des grands chantiers voulus par François Mitterrand, l'un des rares hors de Paris. L'une de ses pyramides. Il fallait être fou, ou pharaon, ou Mitterrand, pour décider que dans ces près à vaches pourrait se dérouler un Grand Prix de Formule 1. Les près appartenaient à de vieux amis de longue date, de l'implantation du futur député dès l'après-guerre. L'agriculteur passionné de sports mécaniques avait construit un circuit en terre, bientôt asphalté par endroit, mais de là à en faire une piste pour les F1 ! Le prix de vente du terrain fît les choux gras de la presse, jusqu'au "Canard Enchaîné", et l'histoire d'un fils caché au moins coure encore dans les rues de Nevers. 18 Grands Prix plus tard, le circuit rénové est toujours debout, et on y vient de toute l'Europe en voiture et en moto.
Les retombées économiques sur tout le tissu local sont réelles, et avec une école d'ingénieurs pointue, une autoroute et un Technopôle de 300 emplois autour des deux pistes, le pari du levier de développement local est pour une fois plutôt réussi. Traces de Pierre Bérégovoy, qui en bon lieutenant de Mitterrand et comme Maire de Nevers assura l'intendance.
Gérard est mort brusquement en 2008. Je ne l'avais pas vu depuis au moins deux mois, et là au retour de mes vacances, le 8 août, on apprend sa mort. Nouveau deuil. Figure paternelle, évidemment. Pas le temps de se dire au revoir. La dernière discussion dans sa voiture, il m'avait dit : "Ils finiront par avoir ma peau." Il disait aussi : "Le pire n'est jamais sûr". Et encore : "Je fume parce que l'air est irrespirable".
Je commence à connaître plus de monde là-haut qu'ici-bas... Je me dis qu'ils veillent sur moi, Papa, Fred, Jean, Gérard.
Howard Zinn : "Être optimiste en cette époque troublée ne relève pas uniquement d’un romantisme inconsidéré. Cela vient de ce que l’histoire des hommes n’est pas seulement celle de la cruauté mais aussi celle de la compassion, du sacrifice, du courage et de la gentillesse." En cela je trouve de l'espoir.
Il me faut désormais définir mon champ, le délimiter, dans le temps et dans l'espace, explorer mon territoire et mon époque, mon topo et mon chrono. Et chaque jour planter une graine. Je me suis sorti d'un premier épisode dépressif grâce à la métaphore de la graine, et grâce à Paul Valéry. Ce cher Paul nous rappelant que même immobiles nous avançons à 1 500 kilomètres-heure, la vitesse de rotation de la Terre : "Immobile à grands pas".
La graine, c'est la philosophie du paysan, et de l'indien. Pour avoir une récolte, il faut planter la graine. Pour cela, préparer la terre, planter, arroser la graine, la surveiller pendant sa croissance, enlever les mauvaises herbes, prévenir les attaques des insectes, veiller au mauvais temps. Et même si le paysan fait tout bien, il suffit d'une nuit de gel, ou d'un orage de grêle pour tout détruire en un instant.
Patiemment. L'inverse du tout tout de suite. La nature n'est pas comme ça.
La seule certitude qu'a le paysan, c'est que s'il n'a pas planté il n'aura pas de récolte. Donc il doit planter, point barre. Cette métaphore m'a aidé à envisager mon quotidien en paysan, me dire que chaque jour je dois planter une graine. Il y a une magnifique chanson de Gilberto Gil qui dit ça, "Drao" :
La graine, c'est la philosophie du paysan, et de l'indien. Pour avoir une récolte, il faut planter la graine. Pour cela, préparer la terre, planter, arroser la graine, la surveiller pendant sa croissance, enlever les mauvaises herbes, prévenir les attaques des insectes, veiller au mauvais temps. Et même si le paysan fait tout bien, il suffit d'une nuit de gel, ou d'un orage de grêle pour tout détruire en un instant.
Patiemment. L'inverse du tout tout de suite. La nature n'est pas comme ça.
La seule certitude qu'a le paysan, c'est que s'il n'a pas planté il n'aura pas de récolte. Donc il doit planter, point barre. Cette métaphore m'a aidé à envisager mon quotidien en paysan, me dire que chaque jour je dois planter une graine. Il y a une magnifique chanson de Gilberto Gil qui dit ça, "Drao" :
Drão!
O amor da gente é como um grão, Uma semente de ilusão, Tem que morrer pra germinar, Plantar nalgum lugar, Ressuscitar no chão, Nossa semeadura, Quem poderá fazer aquele amor morrer, Nossa caminhadura, Dura caminhada, Pela noite escura
Drão!
Não pense na separação, Não despedace o coração, O verdadeiro amor é vão, Estende-se infinito, Imenso monolito, Nossa arquitetura, Quem poderá fazer aquele amor morrer
Nossa caminhadura, Cama de tatame, Pela vida afora
Drão!
Os meninos são todos santos, Os pecados são todos meus, Deus sabe a minha confissão, Não há o que perdoar, Por isso mesmo é que há de haver mais compaixão, Quem poderá fazer
Aquele amor morrer, Se o amor é como um grão, Morre, nasce trigo, Vive, morre pão.
Drão!
Drão !
Notre amour est comme un grain, Une semence de rêve, Qui doit mourir pour germer, Planté quelque part, Ressuscité sur le champ, Notre semis
Qui pourrait faire mourir un tel amour, Notre chemin difficile, Notre marche épuisante, Par une nuit obscure
Drão !
Ne pense pas à la séparation, Ne me brise pas le coeur, Le véritable amour est vain, Il s'étend, infini, Immense monolithe,Notre architecture
Qui pourra faire mourir notre amour, Notre chemin difficile, Tapis de tatami, Pour la vie là-dehors
Drão
Les enfants sont tous des saints, Les péchés sont tous miens, Dieu connaît ma confession, Il n'y a pas à pardonner, Pour cela même il doit y avoir plus de compassion
Qui pourrait faire Mourir un tel amour, Si l'amour est comme un grain, Meurt et naît le blé, Vit et meurt le pain.
Drão !
**************************************************************************************************************************************************************
O amor da gente é como um grão, Uma semente de ilusão, Tem que morrer pra germinar, Plantar nalgum lugar, Ressuscitar no chão, Nossa semeadura, Quem poderá fazer aquele amor morrer, Nossa caminhadura, Dura caminhada, Pela noite escura
Drão!
Não pense na separação, Não despedace o coração, O verdadeiro amor é vão, Estende-se infinito, Imenso monolito, Nossa arquitetura, Quem poderá fazer aquele amor morrer
Nossa caminhadura, Cama de tatame, Pela vida afora
Drão!
Os meninos são todos santos, Os pecados são todos meus, Deus sabe a minha confissão, Não há o que perdoar, Por isso mesmo é que há de haver mais compaixão, Quem poderá fazer
Aquele amor morrer, Se o amor é como um grão, Morre, nasce trigo, Vive, morre pão.
Drão!
Drão !
Notre amour est comme un grain, Une semence de rêve, Qui doit mourir pour germer, Planté quelque part, Ressuscité sur le champ, Notre semis
Qui pourrait faire mourir un tel amour, Notre chemin difficile, Notre marche épuisante, Par une nuit obscure
Drão !
Ne pense pas à la séparation, Ne me brise pas le coeur, Le véritable amour est vain, Il s'étend, infini, Immense monolithe,Notre architecture
Qui pourra faire mourir notre amour, Notre chemin difficile, Tapis de tatami, Pour la vie là-dehors
Drão
Les enfants sont tous des saints, Les péchés sont tous miens, Dieu connaît ma confession, Il n'y a pas à pardonner, Pour cela même il doit y avoir plus de compassion
Qui pourrait faire Mourir un tel amour, Si l'amour est comme un grain, Meurt et naît le blé, Vit et meurt le pain.
Drão !
**************************************************************************************************************************************************************
Consciemment ou non, bien enfoui ou à fleur de peau, nous portons en nous les quelques décennies qui ont précédé notre naissance; ce que j'appelle mon "passé chaud", comme une lave encore bien rougie roulant sur les flancs de ma mémoire, fluide, bien avant de noircir et de se figer, remonte à 1936, l'Espagne.
Le passé chaud de mon père remontait sans doute à 1914, avec les récits direct de son grand-père. Papa se souvenait avoir vu le ciel de son village noirci par les bombardiers alliés en 1944, filant bombarder l'Allemagne; son Grand-Père Edouard lui racontait les tranchées, et ses propres souvenirs d'enfance le ramenaient en 1870, avec des charges de cavalerie de zouaves et de hussards; Napoléon n'était pas loin. Du côté de ma mère, l'Alsace, mon grand-père est né allemand en 1910, puis est devenu français en 1918, redevenu allemand en 1940 et enfin à nouveau français en 1945.
Au-delà de mon passé chaud, je sais me souvenir de mes ancêtres qui vivaient encore presque comme au Moyen-Age, ou au néolithique même avec le même soc de charrue, à la vitesse maximale du cheval, la dernière révolution technique avait été la batteuse à vapeur en 1880, leurs chambres à coucher contre le mur de l'étable pour profiter de la chaleur des bêtes, alors que mes descendants vont vivre dans une virtualité numérique de Science-Fiction, peut-être une trans-humanité, avènement de l'homme augmenté par la techno-science, définitivement coupé de la nature et de l'histoire. Le paysage immonde décrit par Rimbaud, nous y sommes. Nous sommes combustible de notre plein gré du grand Léviathan ("conscrits du bon vouloir"), obsolescents programmés (cancer ? AVC ?), ils nous vitrifient, ils nous ubérisent la gueule, la disruption pour tous. Ils monopolisent le marché de nos vies, jusqu'à la mort. Tu n'es pas froid qu'ils contactent déjà ta famille avec leurs devis de cercueils et leurs facilités de paiement... Le moindre clochard est une manne les six derniers mois de sa vie (?), avec son cancer à 30 000€ par mois.
Je vais tenter dans un bordel sans nom de vous livrer toutes les raisons de désespérer (c'est facile), puis toutes les raisons d'espérer (plus dur). A la fin j'essaierai de vous faire le coup du verre à moitié plein.
Le passé chaud de mon père remontait sans doute à 1914, avec les récits direct de son grand-père. Papa se souvenait avoir vu le ciel de son village noirci par les bombardiers alliés en 1944, filant bombarder l'Allemagne; son Grand-Père Edouard lui racontait les tranchées, et ses propres souvenirs d'enfance le ramenaient en 1870, avec des charges de cavalerie de zouaves et de hussards; Napoléon n'était pas loin. Du côté de ma mère, l'Alsace, mon grand-père est né allemand en 1910, puis est devenu français en 1918, redevenu allemand en 1940 et enfin à nouveau français en 1945.
Au-delà de mon passé chaud, je sais me souvenir de mes ancêtres qui vivaient encore presque comme au Moyen-Age, ou au néolithique même avec le même soc de charrue, à la vitesse maximale du cheval, la dernière révolution technique avait été la batteuse à vapeur en 1880, leurs chambres à coucher contre le mur de l'étable pour profiter de la chaleur des bêtes, alors que mes descendants vont vivre dans une virtualité numérique de Science-Fiction, peut-être une trans-humanité, avènement de l'homme augmenté par la techno-science, définitivement coupé de la nature et de l'histoire. Le paysage immonde décrit par Rimbaud, nous y sommes. Nous sommes combustible de notre plein gré du grand Léviathan ("conscrits du bon vouloir"), obsolescents programmés (cancer ? AVC ?), ils nous vitrifient, ils nous ubérisent la gueule, la disruption pour tous. Ils monopolisent le marché de nos vies, jusqu'à la mort. Tu n'es pas froid qu'ils contactent déjà ta famille avec leurs devis de cercueils et leurs facilités de paiement... Le moindre clochard est une manne les six derniers mois de sa vie (?), avec son cancer à 30 000€ par mois.
Je vais tenter dans un bordel sans nom de vous livrer toutes les raisons de désespérer (c'est facile), puis toutes les raisons d'espérer (plus dur). A la fin j'essaierai de vous faire le coup du verre à moitié plein.
BORDEL PERSONNEL
DEPRESSION ? ANTICYCLONE ? VERRE A MOITIE VIDE ? A MOITIE PLEIN ?
Planter ma graine, chaque jour, délimiter mon temps et mon espace, en bon Candide cultiver mon jardin, digne héritier de mes quatre grands-parents, des mes 16 arrières-grands-parents, tous paysans, arcandiers, braconniers, rebouteux, tous un peu chaman d'Alsace et de Bourgogne, héritiers de mes grands-pères de coeur aussi, Fred, Camille, Jean, Marcel.
Et de graines aujourd'hui, j'en ai de trois sortes.
D'abord mon fils, graine principale. Du haut des ses 15 ans, je lui vois encore le dessus de la tête, plus pour très longtemps. Il faut que je l'accompagne de mon mieux, de son mieux, jusqu'à sa majorité, et au-delà.
La deuxième est une graine de musique, dont la pratique désormais quotidienne m'apaise et me remplit.
La troisième c'est ce texte, ce message.
La quatrième (tient pour une fois, c'est quatre), c'est l'action locale, en réseaux, sur ma terre et dans mon temps, sur mon topo, dans mon chrono, AGIR.
Avec ce trépied à quatre pied, mouton à cinq pattes, il me faut maintenant soigner ma deuxième dépression, cette fois-ci pour de bon. Baclofène, Norset, Tranxen quand ça va vraiment mal, et maintenant pilules pour la tension. Il est arrivé, quand ma hernie me faisait mal, et que j'avais des hémorroïdes, de monter à vingt cachets par jour.
Et alors quoi : tu préfères vivre encore 10 ans en bouffant, buvant et fumant tout ce que tu veux, avec des érections en prime, ou vivre 20 ans de plus en faisant gaffe à tout, sans plus jamais bander ?
Amour précaire, boulot précaire, santé précaire. Mes ancêtres, eux, avaient des certitudes.
Je jouis de mon confort comme une brute, j'habite chez ma télévision, et je m'emmerde comme un rat mort. Je m'étiole, j'me délite, mon canapé est mon linceul. Plus de jus.
Quel sera le passé chaud de mon fils ?
Sera-t-il différent de ses congénères, peu politisés, imbéciles heureux, idiots utiles qui ne se sentent impacté en rien par ce qui les a précédé, prêts à basculer dans une virtualité totalement assistée, sans racines, sans histoire, sans plus aucun lien direct avec la nature, accompagnant joyeusement leurs grand-pères à l'école ?
L'amertume me guette. La désillusion, aussi, c'est le plus dangereux. Combien d'amours et d'amitiés perdus en quelques années ! La famille est loin, beaucoup d'amis sont loin, les liens sont distendus, sinon explosés. "Ultramoderne solitude". L'égoïsme, le ressentiment, le mépris, la colère, la haine et le renoncement s'insinuent en moi. Les combattre. Dure lutte. Nous gaspillons notre attention dans de futiles loisirs toxiques, la barbarie du monde s'insinue en nous, écrasant chaque jour un peu plus notre humanité irréalisée, à peine née, encore bébé, leurs poisons coulent dans nos veines, le plastique ? Le pétrole ? L'air, l'eau, le vin, les sodas ? La viande, le poisson, les fruits ? Les produits ménagers, les médicaments ? Lequel aura ma peau ? Nous jouissons de notre confort comme des brutes, aimantés par notre canapé-télévision (citation de Tocqueville en préambule). La peur aussi est entrée dans ma vie, peur pour mon fils, peur pour moi, maladies, accidents, cataclysmes, terrorisme, crash démocratique, oligarchie, extinction de masse. Anxiogène.
L'homme est-il fait pour incessamment "vivre entre les convulsions de l'inquiétude et la léthargie de l'ennui" ? (Candide, Voltaire) ?
Faut pas baisser les bras, fo' pa' molli'. Il faut se battre. Je suis encore fort. De corps et d'esprit. Je suis encore pas mal, de gueule, de corps et d'esprit. Il faut que je travaille, que je patiente, mais il ne faut pas que je me dénigre, que je m'abandonne, ni que je me brade. Faut pas que je me laisse emmerder par les connards et les salopes !
Et puis : à 18 ans je m'étais promis de ne jamais suer, jamais courir ni ne me lever avant huit heures. De ces points de vue-là, j'ai réussi ma vie !
************************************************************************************************************************************************************
BORDEL NATIONAL
LES POLITIQUES ANONYMES (Même abstinents nous restons politiques...)
Voyez un peu la liste de mes Présidents : Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron. Yeah.
Mon premier vote : Non à Maastricht. Ensuite j'ai voté le plus à gauche possible aux premiers tours, et souvent socialiste au second. J'ai même poussé le vice jusqu'à adhérer au PS en 2006 pour me forcer à voter socialiste dès le premier tour, pour Ségolène (...), espérant en finir avec Sarkozy dès 2007... En 2012, sans ré-adhérer, j'ai réitéré mon vote PS au premier tour pour Hollande. Avec ce nom on aurait dû se méfier.
Voilà le joli cocu.
C'est que 2002 m'avait tatoué : déjà fatigué par les errements de la gauche de la gauche et désillusionné par le PS, j'avais voté pour un petit candidat (?) au premier tour, et j'avais envoyé un mail SOS le lundi suivant le premier tour pour faire part de mon sentiment coupable à Jean Longhi, mon commandant Grandjean, face à la présence du FN au second tour. Voici sa réponse, le 23 avril 2002 à 15h31 :
"Bonjour les Lyonnais. Tous surpris ? Je redoutais ce scénario. Car il eut mieux fallu faire les législatives en premier, compte tenu de la volonté des partis de compter leurs voix. Nous sommes peu à avoir vécu la montée de l'hitlérisme qui s'est introduit par voie légale. Après nous en avons payé le prix. Serons-nous aussi malins que les "Trois Petits Cochons" qui ne se laissèrent pas abuser par le Grand Méchant Loup revêtu d'une peau de mouton et qui avait pris une voix douce et sucrée pour se faire ouvrir la porte de la cabane. Une seule place, trop de candidats, jouant "perso", une cécité générale empêchant de voir le danger qui se pointait et voilà la porte presque entr'ouverte ! Naf-Naf demande aux autres de l'aider à repousser la porte. Dans l'immédiat c'est ce qu'il faut faire en expliquant à Nif-Nif et à Nouf-Nouf pourquoi on en est arrivé là, et après réfléchir aux solutions et choisir la meilleure ! Vaste problème ! Et méditer cette pensée d'un dirigeant que j'ai bien connu : réaliser c'est consentir à faire oeuvre imparfaite ! Pour éviter le "Mal absolu". Va donc voter dimanche en quinze pour cette raison. Et faisons travailler nos méninges plutôt que les sondages ! Ne serait-ce pas un tournant de nos moeurs politiques obligeant les candidates à mieux jauger les problèmes et les réactions du peuple ? A te lire. Très affectueusement. Jean."
Cartes électorales 2007-2017 : du rouge/rose au noir...
C'est savoir ce que l'on fera demain, en 2017. La haine au pouvoir ? Le grand incendie ?
2017 en ligne de mire. Une catastrophe démocratique se dessine. Je ne peux plus voter pour eux, ni au premier, ni au second tour. J'ai tout donné en 2012, les deux tours pour eux, pour ça. 2007 déjà, j'avais même adhéré de 2006 à 2007 pour me forcer à ne pas réfléchir, et à "voter utile" dès le premier tour... Le Parti Socialiste est une deuxième droite, ça y est, c'est fait. Epinay 1971, Mitterrand : "Qui ne se dit pas profondément anticapitaliste ne peut pas se dire socialiste". L'espoir de 1981, j'avais 9 ans, je l'ai ressenti, j'ai vu mes parents heureux, et mes grands-parents effrayés par l'invasion communiste. Et puis la capitulation de 1983, l'ouverture d'une "parenthèse libérale", la fin du Contrat Social, Delors et Bérégovoy (suicide ?), et Fabius, l'Europe par la monnaie, l'invention de la dette publique, les thèmes libéraux adoptés un à un, la religion de la croissance, le mythe du plein-emploi, la désindustrialisation, et puis Rainbow Warrior, sang contaminé, France-Afrique, René Bousquet, Sarajevo, Maastricht, OMC et FMI, Crédit Lyonnais, Rwanda, un nouveau génocide, Tchernobyl dont nos frontières nous ont protégé, Jospin "L'état ne peut pas tout" à Vilevorde, les frégates de Taïwan, Elf et Total, et puis 2002, cet unique vote à droite, pour Chirac, l'un de nos plus gros escroc politique élu avec 83%, et puis Sarkozy, quelle honte, alors oui en 2012 je l'ai fait, comme un dernier espoir. Je suis même allé voter aux primaires, et pas pour le batave... J'ai persévéré aux cantonales, législatives, régionales et municipales...
ABSTINENCE : les Politiques Anonymes
Je me suis abstenu au premier tour des régionales de décembre 2015, "coup de semonce" dérisoire que j'ai tenté d'expliquer dans ce texte à chaud :
"Abstention 60,01% hier à Nevers. Pourquoi je me suis abstenu hier, et comment j’aimerais ne plus avoir à le faire.
Parce que c’était le dernier coup de semonce que l’on pouvait tirer avant 2017 ; parce que depuis le traumatisme de 2002, mon vote est kidnappé dès le premier tour, parce que mon vote n'aurait rien changé ;
Parce que nous sommes « en crise » depuis 40 ans ; parce que je ne crois ni à la croissance ni au plein emploi ni à la compétition des territoires ; parce que je ne supporte plus les partis, les institutions, leur fonctionnement statistique vertical, leurs costumes, leurs indemnités, leurs ors, leurs cumuls, leur court-termisme électoral, leur langue creuse, les mots vidés de sens comme morts, leur cynisme ;
Parce que la démocratie représentative fonctionne en vase clos, et nous endort pour mieux nous imposer ses choix, même lorsque nous votons contre ;
Parce que j’ai vu les seigneurs, les princes, les barons et les nobles organiser leur cuisine dans nos campagnes-laboratoires ;
Parce que le PS est une deuxième droite depuis 1983, parce que Jospin a plus privatisé que Juppé ou Balladur ;
Parce que personne ne me représente plus depuis Attac ;
Parce que plus que jamais l’argent, ses lobbies et leurs mensonges gouvernent nos vies ;
Parce que la France n’a jamais été aussi riche, et qu’ils la disent en faillite ;
Parce que la « France terre des droits de l’homme » est toujours championne des ventes d’armes ; parce qu’elle apartheide toujours l’autre : étranger, réfugié, prisonnier, fou, handicapé, pauvre ;
Parce qu’aujourd’hui il faut être malin et pas intelligent ;
Parce que nous avons changé d’ère et que ce n'est pas un sujet, parce que l’air est devenu irrespirable ("c’est pour ça que je fume", hein Gérard ?) ;
Parce que depuis 20 ans, à chaque défaite, ils « entendent le message des français et sauront en tirer toutes les leçons » ;
Parce que je crois comme Platon qu’il faut donner le pouvoir à ceux qui n’en veulent pas.
J’appelle à la prise en compte du vote blanc comme vote de contestation ; à la nullité de l'élection en cas de majorité de votes blancs ;
J’appelle à la tenue d’une assemblée citoyenne constituante ;
Pour plus de démocratie directe, un mandat unique renouvelable une fois ;
Pour des nationalisations, pour la fin des « optimisations fiscales », pour des grands chantiers, pour une vision de long-terme ;
Pour tout cela, j’aimerais voter.
Et pour que vive la République Sociale, bordel !"
7 MAI 2017 : CA Y EST ILS L'ONT FAIT
En marche, c'est la vraie route !
Ils ont placé leur homme. Rien de neuf sous le soleil.
Les banquiers parlent aux banquiers. De nous. Et pas en bien.
Le piège de Mitterrand se referme.
Micro Macron, Louis Philippe moderne, c'est une véritable Restauration.
Record d'abstention + votes blancs. On s'en fout.
Deuxième tour je n'y suis pas allé.
Trois bonnes nouvelles quand même : rouste au FN (mais 10 millions d'électeurs), mort du PS, éclatement de la droite.
Les Jours Heureux ne sont pas pour tout de suite. Ni les cerises. On n'aura bientôt plus que les queues à sucer, ils garderont même les noyaux.
Quand à moi (...) je dois maintenant choisir, me regarder bien en face et me dire : vais-je durer encore un peu, et donc faire en sorte que cela soit par une reprise en main ? Ou vais-je me laisser aller et me morfondre chez mon canapé, tétanisé par toutes les angoisses qui me menacent moi, mon fils, mes contemporains et notre mère la Terre...
La vie n'est pas une rivière de roses. La vie est une dure lutte. Vivre, c'est choisir la lutte. Turlututu, chapeau pointu. Sinon ça n'en vaut pas la peine.
A vida para ser vivida e uma vida de lutta. A lutta e filha da vida, e a vida e filha de puta.
A vida e uma cadela que precisa sair duas vezes por dia para mixar.
***************************************************************************************************************************************************************************
2017 en ligne de mire. Une catastrophe démocratique se dessine. Je ne peux plus voter pour eux, ni au premier, ni au second tour. J'ai tout donné en 2012, les deux tours pour eux, pour ça. 2007 déjà, j'avais même adhéré de 2006 à 2007 pour me forcer à ne pas réfléchir, et à "voter utile" dès le premier tour... Le Parti Socialiste est une deuxième droite, ça y est, c'est fait. Epinay 1971, Mitterrand : "Qui ne se dit pas profondément anticapitaliste ne peut pas se dire socialiste". L'espoir de 1981, j'avais 9 ans, je l'ai ressenti, j'ai vu mes parents heureux, et mes grands-parents effrayés par l'invasion communiste. Et puis la capitulation de 1983, l'ouverture d'une "parenthèse libérale", la fin du Contrat Social, Delors et Bérégovoy (suicide ?), et Fabius, l'Europe par la monnaie, l'invention de la dette publique, les thèmes libéraux adoptés un à un, la religion de la croissance, le mythe du plein-emploi, la désindustrialisation, et puis Rainbow Warrior, sang contaminé, France-Afrique, René Bousquet, Sarajevo, Maastricht, OMC et FMI, Crédit Lyonnais, Rwanda, un nouveau génocide, Tchernobyl dont nos frontières nous ont protégé, Jospin "L'état ne peut pas tout" à Vilevorde, les frégates de Taïwan, Elf et Total, et puis 2002, cet unique vote à droite, pour Chirac, l'un de nos plus gros escroc politique élu avec 83%, et puis Sarkozy, quelle honte, alors oui en 2012 je l'ai fait, comme un dernier espoir. Je suis même allé voter aux primaires, et pas pour le batave... J'ai persévéré aux cantonales, législatives, régionales et municipales...
ABSTINENCE : les Politiques Anonymes
Je me suis abstenu au premier tour des régionales de décembre 2015, "coup de semonce" dérisoire que j'ai tenté d'expliquer dans ce texte à chaud :
"Abstention 60,01% hier à Nevers. Pourquoi je me suis abstenu hier, et comment j’aimerais ne plus avoir à le faire.
Parce que c’était le dernier coup de semonce que l’on pouvait tirer avant 2017 ; parce que depuis le traumatisme de 2002, mon vote est kidnappé dès le premier tour, parce que mon vote n'aurait rien changé ;
Parce que nous sommes « en crise » depuis 40 ans ; parce que je ne crois ni à la croissance ni au plein emploi ni à la compétition des territoires ; parce que je ne supporte plus les partis, les institutions, leur fonctionnement statistique vertical, leurs costumes, leurs indemnités, leurs ors, leurs cumuls, leur court-termisme électoral, leur langue creuse, les mots vidés de sens comme morts, leur cynisme ;
Parce que la démocratie représentative fonctionne en vase clos, et nous endort pour mieux nous imposer ses choix, même lorsque nous votons contre ;
Parce que j’ai vu les seigneurs, les princes, les barons et les nobles organiser leur cuisine dans nos campagnes-laboratoires ;
Parce que le PS est une deuxième droite depuis 1983, parce que Jospin a plus privatisé que Juppé ou Balladur ;
Parce que personne ne me représente plus depuis Attac ;
Parce que plus que jamais l’argent, ses lobbies et leurs mensonges gouvernent nos vies ;
Parce que la France n’a jamais été aussi riche, et qu’ils la disent en faillite ;
Parce que la « France terre des droits de l’homme » est toujours championne des ventes d’armes ; parce qu’elle apartheide toujours l’autre : étranger, réfugié, prisonnier, fou, handicapé, pauvre ;
Parce qu’aujourd’hui il faut être malin et pas intelligent ;
Parce que nous avons changé d’ère et que ce n'est pas un sujet, parce que l’air est devenu irrespirable ("c’est pour ça que je fume", hein Gérard ?) ;
Parce que depuis 20 ans, à chaque défaite, ils « entendent le message des français et sauront en tirer toutes les leçons » ;
Parce que je crois comme Platon qu’il faut donner le pouvoir à ceux qui n’en veulent pas.
J’appelle à la prise en compte du vote blanc comme vote de contestation ; à la nullité de l'élection en cas de majorité de votes blancs ;
J’appelle à la tenue d’une assemblée citoyenne constituante ;
Pour plus de démocratie directe, un mandat unique renouvelable une fois ;
Pour des nationalisations, pour la fin des « optimisations fiscales », pour des grands chantiers, pour une vision de long-terme ;
Pour tout cela, j’aimerais voter.
Et pour que vive la République Sociale, bordel !"
7 MAI 2017 : CA Y EST ILS L'ONT FAIT
En marche, c'est la vraie route !
Ils ont placé leur homme. Rien de neuf sous le soleil.
Les banquiers parlent aux banquiers. De nous. Et pas en bien.
Le piège de Mitterrand se referme.
Micro Macron, Louis Philippe moderne, c'est une véritable Restauration.
Record d'abstention + votes blancs. On s'en fout.
Deuxième tour je n'y suis pas allé.
Trois bonnes nouvelles quand même : rouste au FN (mais 10 millions d'électeurs), mort du PS, éclatement de la droite.
Les Jours Heureux ne sont pas pour tout de suite. Ni les cerises. On n'aura bientôt plus que les queues à sucer, ils garderont même les noyaux.
Quand à moi (...) je dois maintenant choisir, me regarder bien en face et me dire : vais-je durer encore un peu, et donc faire en sorte que cela soit par une reprise en main ? Ou vais-je me laisser aller et me morfondre chez mon canapé, tétanisé par toutes les angoisses qui me menacent moi, mon fils, mes contemporains et notre mère la Terre...
La vie n'est pas une rivière de roses. La vie est une dure lutte. Vivre, c'est choisir la lutte. Turlututu, chapeau pointu. Sinon ça n'en vaut pas la peine.
A vida para ser vivida e uma vida de lutta. A lutta e filha da vida, e a vida e filha de puta.
A vida e uma cadela que precisa sair duas vezes por dia para mixar.
***************************************************************************************************************************************************************************
Leurs plans sont écrits depuis plus de quarante ans : ils veulent marchandiser la moindre parcelle, la moindre seconde de nos vies. Démocratie ? Mon cul. C'est une oligarchie quand 8 milliardaires possèdent plus que la moitié de l'humanité. Pour eux, ils prévoient la vie éternelle. Pour nous, le feu. "Une philosophie féroce".
"1984", "Le meilleur des Mondes", nous y sommes.
A cela il va nous falloir résister, combattre, et vaincre. Résister, c'est rester et se battre, c'est aussi parfois partir. Les migrants sont des résistants. La retraite pour avoir la vie sauve. Accrocher, décrocher. Savoir décrocher pour sauver sa peau. Résister aujourd'hui, c'est ne pas supporter les camps d'internement qui poussent aux portes de l'Europe et jusqu'en France. Les barbelés, les déportés, le retour...
Alors comment combattre, comment résister aujourd'hui ? Résister aujourd'hui, c'est s'engager dans les ZAD, les AMAP, les SCOP, la Cimade. Face à l'immonde mondialisation qui marchandise la moindre parcelle de nos vies, nous pouvons nous organiser en réseaux locaux solidaires, la fameuse devise fondatrice, 1998 : "Penser global, agir local". Les initiatives poussent partout, énergie de la société civile résistante.
ACTION LOCALE
Métaphore : avec deux fusils mitrailleurs bien placés et suffisamment de munitions, tirs croisés en surplomb, tu peux tenir tête à toute une armée.
Je me suis présenté dans les locaux de la Cimade la première fois en septembre 2015. J'ai dû revenir trois fois pour que les bénévoles trouvent finalement le temps de me recevoir, débordées qu'elles étaient (...) par le nombre de familles qu'elles recevaient. L'introduction, c'est Jacky qui s'y colla. Yeux fatigués, voix fatiguée, il me dressa en cinq minutes un état très parlant de la situation. La Cimade ne s'occupe pas des Syriens, non par choix, mais parce que les réfugiés Syriens obtiennent automatiquement le statut de réfugié de guerre lorsqu'ils arrivent en France. En trois semaines leur situation est régularisée, leurs enfants scolarisés, etc... Non, la Cimade s'occupe des autres, ceux pour qui ce n'est pas automatique, oh non. Ils sont Lybiens, Erythréens, Somaliens, Congolais, Arméniens, leurs demandes d'asile sont la plupart du temps rejetées.
OQTF. Obligation de Quitter le Territoire Français. Ils ont traversé des déserts, fuit des dictatures, ils risquent la prison ou la mort en cas de retour, mais ils n'ont pas le statut. Jacky s'excuse, il doit partir, Cécile prend le relai. Dans son grand pull noir sans forme, elle avance comme si ses hanches étaient pétées, elle te fixe avec ses yeux brillants et te tutoies : "Alors qui es-tu Philippe". Non c'est Thierry. Elle s'excuse, c'est pas grave. Et là, je ne me souviens plus du point de départ exact, mais elle me tint à peu près ce propos : "Tu sais Thierry moi je ne connais pas bien Nevers, je viens d'arriver. J'ai passé douze ans à Mexico, dans un bidonville. En fait je suis Bretonne, de Quimper, mais je suis partie à Mexico City il y a douze ans pour créer un orphelinat, et de fils en aiguilles on a créé une infirmerie, une école, enfin bref j'y suis restée douze ans." Bretagne, Finistère Sud, Pointe du Raz, Audierne, Amérique du Sud, Nevers. Autant dire que Cécile et moi, ça a biché tout de suite. Le retour a été immédiat, comme au Brésil, en 24 heures j'avais répondu à ma question. Là, c'était : "En quoi puis-je être utile ?"
Cécile, en plus de son travail quotidien avec les demandeurs d'asile et leurs familles, s'occupe du festival "Migrants'Scène", une opération nationale, relayée localement, pour informer pendant deux semaines à travers des films documentaires et fiction, des représentations théâtrales, des animations en ville, sur les marchés, etc... Il faut faire un peu de bruit autour, je passe quelques coups de fil, et le 21 novembre nous faisons une action collective place Guy Coquille. Cécile n'aura plus que ces mots pour moi : "Thierry tu es génial". Pourtant j'ai fait si peu... J'ai donné si peu, de mon temps, de mon réseau... Et le résultat est si grand, si satisfaisant, pour moi et pour eux-elles... C'était si simple, si facile, et pour elles c'est comme si j'avais déplacé des montagnes ! L'autre jour, Christiane, la présidente, avait besoin de changer son téléphone portable. La semaine suivante je lui amenais l'ancien Samsung de ma mère. Comme une gosse à Noël...
Merveilleuse expérience, qui va se prolonger maintenant. Donner, recevoir. Donner sans rien chercher, sans rien espérer-attendre, (esperar), et tout d'un coup recevoir sans s'y attendre, et se la prendre pleine poire, cette vague d'amour ! Cette confiance en moi, que je recherche toujours assidûment, effrontément, désespérément... Cécile me la livre direct, sur un plateau, en quelques jours...
"1984", "Le meilleur des Mondes", nous y sommes.
A cela il va nous falloir résister, combattre, et vaincre. Résister, c'est rester et se battre, c'est aussi parfois partir. Les migrants sont des résistants. La retraite pour avoir la vie sauve. Accrocher, décrocher. Savoir décrocher pour sauver sa peau. Résister aujourd'hui, c'est ne pas supporter les camps d'internement qui poussent aux portes de l'Europe et jusqu'en France. Les barbelés, les déportés, le retour...
Alors comment combattre, comment résister aujourd'hui ? Résister aujourd'hui, c'est s'engager dans les ZAD, les AMAP, les SCOP, la Cimade. Face à l'immonde mondialisation qui marchandise la moindre parcelle de nos vies, nous pouvons nous organiser en réseaux locaux solidaires, la fameuse devise fondatrice, 1998 : "Penser global, agir local". Les initiatives poussent partout, énergie de la société civile résistante.
ACTION LOCALE
Métaphore : avec deux fusils mitrailleurs bien placés et suffisamment de munitions, tirs croisés en surplomb, tu peux tenir tête à toute une armée.
Je me suis présenté dans les locaux de la Cimade la première fois en septembre 2015. J'ai dû revenir trois fois pour que les bénévoles trouvent finalement le temps de me recevoir, débordées qu'elles étaient (...) par le nombre de familles qu'elles recevaient. L'introduction, c'est Jacky qui s'y colla. Yeux fatigués, voix fatiguée, il me dressa en cinq minutes un état très parlant de la situation. La Cimade ne s'occupe pas des Syriens, non par choix, mais parce que les réfugiés Syriens obtiennent automatiquement le statut de réfugié de guerre lorsqu'ils arrivent en France. En trois semaines leur situation est régularisée, leurs enfants scolarisés, etc... Non, la Cimade s'occupe des autres, ceux pour qui ce n'est pas automatique, oh non. Ils sont Lybiens, Erythréens, Somaliens, Congolais, Arméniens, leurs demandes d'asile sont la plupart du temps rejetées.
OQTF. Obligation de Quitter le Territoire Français. Ils ont traversé des déserts, fuit des dictatures, ils risquent la prison ou la mort en cas de retour, mais ils n'ont pas le statut. Jacky s'excuse, il doit partir, Cécile prend le relai. Dans son grand pull noir sans forme, elle avance comme si ses hanches étaient pétées, elle te fixe avec ses yeux brillants et te tutoies : "Alors qui es-tu Philippe". Non c'est Thierry. Elle s'excuse, c'est pas grave. Et là, je ne me souviens plus du point de départ exact, mais elle me tint à peu près ce propos : "Tu sais Thierry moi je ne connais pas bien Nevers, je viens d'arriver. J'ai passé douze ans à Mexico, dans un bidonville. En fait je suis Bretonne, de Quimper, mais je suis partie à Mexico City il y a douze ans pour créer un orphelinat, et de fils en aiguilles on a créé une infirmerie, une école, enfin bref j'y suis restée douze ans." Bretagne, Finistère Sud, Pointe du Raz, Audierne, Amérique du Sud, Nevers. Autant dire que Cécile et moi, ça a biché tout de suite. Le retour a été immédiat, comme au Brésil, en 24 heures j'avais répondu à ma question. Là, c'était : "En quoi puis-je être utile ?"
Cécile, en plus de son travail quotidien avec les demandeurs d'asile et leurs familles, s'occupe du festival "Migrants'Scène", une opération nationale, relayée localement, pour informer pendant deux semaines à travers des films documentaires et fiction, des représentations théâtrales, des animations en ville, sur les marchés, etc... Il faut faire un peu de bruit autour, je passe quelques coups de fil, et le 21 novembre nous faisons une action collective place Guy Coquille. Cécile n'aura plus que ces mots pour moi : "Thierry tu es génial". Pourtant j'ai fait si peu... J'ai donné si peu, de mon temps, de mon réseau... Et le résultat est si grand, si satisfaisant, pour moi et pour eux-elles... C'était si simple, si facile, et pour elles c'est comme si j'avais déplacé des montagnes ! L'autre jour, Christiane, la présidente, avait besoin de changer son téléphone portable. La semaine suivante je lui amenais l'ancien Samsung de ma mère. Comme une gosse à Noël...
Merveilleuse expérience, qui va se prolonger maintenant. Donner, recevoir. Donner sans rien chercher, sans rien espérer-attendre, (esperar), et tout d'un coup recevoir sans s'y attendre, et se la prendre pleine poire, cette vague d'amour ! Cette confiance en moi, que je recherche toujours assidûment, effrontément, désespérément... Cécile me la livre direct, sur un plateau, en quelques jours...
***********************************************************************************************************************************************************
J'ai perdu l'appétit et la soif de vivre, la foi je ne l'ai jamais eue, mais l'appétit, la soif, la joie, la gaieté, l'enthousiasme, la confiance, je les avais avant, "Y en avait plein le réservoir, au départ" (Souchon for ever). Et le temps, perdu, comme le pain, le jeter ? Ou le tremper dans du lait, avec du miel ? Honey and milk, de belles promesses."Faudrait pas que je me laisse aller !" Téléphone. "Doucement ta vie t'a mis KO".
Je vis le grand déclassement. Malgré mes études supérieures, je n'ai pas le niveau de vie de mes parents, et je ne sais pas comment je pourrais financer les études de mon fils. Ma mère gagne mieux sa vie à la retraite que moi en travaillant. Ca fait mal où je pense. "Ils nous la mettent tellement profond que bientôt ils vont nous trouver du pétrole dans le cul !" C'est cru. Mais ça soulage. Colère, sourde et saine colère, nécessaire.
Où j'ai merdé ? Quel embranchement j'ai loupé ? "Down by law" m'a profondément marqué, de Jim Jarmush avec Tom Waits, musique de Tom Waits, choc de cinéma partagé à Strasbourg avec mon frère, il y a une scène comme ça, ils marchent sur un chemin, le chemin se divise au pied d'un arbre, et chacun prend sa route. J'aurais pu être prof, de musique ou d'histoire, mais je me l'étais interdit, comme mon frère, on ne se voyait pas vivre la même vie que nos parents.
A Sciences-Po j'aurais pu choisir une autre section que "Economie et Finances" comme mon professeur d'histoire Roland Lewin m'y enjoignait. Après Sciences-Po, j'aurais pu continuer mes études, comme m'y enjoignait Maman, j'étais reçu au DESS "Développement Culturel" de Paris-Dauphine, mais j'ai choisi de crée une société de production, pendant ces quatre années de production j'aurais pu faire d'autres choix de sujets, j'aurais pu courir les salons, quelques portes se sont ouvertes, j'ai eu quelques beaux rendez-vous parisiens et barcelonais, mais rien ne s'est passé. Après Artemus j'aurais pu faire des pieds et des mains pour continuer dans la production-télé-pub-cinéma, mais un député de la Nièvre m'avait nommé chargé de communication d'un syndicat intercommunal, dont j'ai démissionné au bout de quelques mois, pour quitter la France et voir au Brésil si j'y étais. Là-bas j'ai été professeur de piano, de français, commercial pour un salon de l'aéronautique, puis on m'a proposé un contrat de quelques mois pour être guide dans un musée des civilisations, mais j'ai décliné l'offre, j'ai souhaité finalement rentrer en France, laissant là ma jolie fiancée brésilienne.
De retour en France je m'installe à Paris, on écrit un scénario de long-métrage avec Vincent G., on le dépose à la société des auteurs en même temps que Jean-Pierre Mocky, on croise Michel Piccoli bras dessus bras dessous avec Arno le chanteur génial ("Putain, putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des européens !"), on part à Barcelone avec le projet d'y créer une société de production; en parallèle je balance plus de 200 CV + lettres dans tout Paris, audiovisuel, communication, mais rien n'y fait. Je fais de l'intérim, saisir des dossiers pour le Crédit Lyonnais, puis des plateaux de centre d'appels à Bercy (horaires du soir, Gare du Nord tous les jours à 22h), finalement je suis embauché en CDI dans un cabinet d'architecte pour développer leur studio de création d'images 3D, j'en démissionne au bout de six mois, je rencontre la mère de Maceo, il naît et six mois plus tard nous partons à Lyon, où j'ai trouvé un boulot de commercial dans une agence de pub spécialisé dans la climatisation. Je me fais virer au bout d'un an, sa mère me quitte et me laisse seul avec l'enfant, je touche les ASSEDIC une nouvelle fois, elles me financent même l'année de DESS "Direction de Projets Culturels" dans lequel je viens d'être admis. Stages en Ardèche, moments de vie en Ardèche avec Maceo à Mirabel, mémoire de DESS sur la politique culturelle dans l'Ardèche méridionale, puis suite de CDD à Lyon comme chargé des relations avec le public pour le Théâtre de la Renaissance à Oullins. Puis fin de CDD, et retour en Nièvre grâce à Gérard, l'oiseau Martinet revient au nid.
Où j'ai merdé ? Partout en fait. A chaque fois. Je n'avais pas assez les crocs (on me l'a dit quelques fois), je n'avais pas une faim matérielle assez grande pour bien réussir mon adaptation aux années 1990-2000.
Au moins ce parcours - brisé, comme une pâte ? - m'aura-t-il permis de rester (relativement) libre, et (assez) indépendant.
Seul, aussi, du coup... Ma liberté, chère liberté chérie...
A la date du 13 juillet 2015, j'ai pris quelques notes après avoir vu un film de et avec Robert Redford, "Lions et agneaux". Il est professeur à l'université, face à deux étudiants brillants qui vont prendre des chemins différents. A l'un il dit : "Tu es adulte maintenant, à toi de décider. On s'aperçoit que l'on est devenu adulte quelques temps après que cela ce soit passé, quand on a déjà dû prendre une douzaine de décisions essentielles. Si tu te trompes dans l'un de ces choix, cela peut prendre des années pour trouver à nouveau les bonnes conditions, retrouver une autre fenêtre de tir, qui sera à nouveau très étroite et très brève. Le potentiel que tu as est fragile, et capricieux, et la fenêtre peut ne jamais se représenter..."
J'ai revu les regards de ma professeur de piano, de Monsieur Lewin, les yeux de ma mère, ceux du député, et d'autres encore, à ces moments cruciaux, leurs regards me disaient exactement ça, "dommage"... Ils me disaient aussi "Courage", car ils savaient qu'il m'en faudrait, à ne pas suivre ainsi les routes qu'ils avaient tracées pour moi.
J'ai perdu l'appétit et la soif de vivre, la foi je ne l'ai jamais eue, mais l'appétit, la soif, la joie, la gaieté, l'enthousiasme, la confiance, je les avais avant, "Y en avait plein le réservoir, au départ" (Souchon for ever). Et le temps, perdu, comme le pain, le jeter ? Ou le tremper dans du lait, avec du miel ? Honey and milk, de belles promesses."Faudrait pas que je me laisse aller !" Téléphone. "Doucement ta vie t'a mis KO".
Je vis le grand déclassement. Malgré mes études supérieures, je n'ai pas le niveau de vie de mes parents, et je ne sais pas comment je pourrais financer les études de mon fils. Ma mère gagne mieux sa vie à la retraite que moi en travaillant. Ca fait mal où je pense. "Ils nous la mettent tellement profond que bientôt ils vont nous trouver du pétrole dans le cul !" C'est cru. Mais ça soulage. Colère, sourde et saine colère, nécessaire.
Où j'ai merdé ? Quel embranchement j'ai loupé ? "Down by law" m'a profondément marqué, de Jim Jarmush avec Tom Waits, musique de Tom Waits, choc de cinéma partagé à Strasbourg avec mon frère, il y a une scène comme ça, ils marchent sur un chemin, le chemin se divise au pied d'un arbre, et chacun prend sa route. J'aurais pu être prof, de musique ou d'histoire, mais je me l'étais interdit, comme mon frère, on ne se voyait pas vivre la même vie que nos parents.
A Sciences-Po j'aurais pu choisir une autre section que "Economie et Finances" comme mon professeur d'histoire Roland Lewin m'y enjoignait. Après Sciences-Po, j'aurais pu continuer mes études, comme m'y enjoignait Maman, j'étais reçu au DESS "Développement Culturel" de Paris-Dauphine, mais j'ai choisi de crée une société de production, pendant ces quatre années de production j'aurais pu faire d'autres choix de sujets, j'aurais pu courir les salons, quelques portes se sont ouvertes, j'ai eu quelques beaux rendez-vous parisiens et barcelonais, mais rien ne s'est passé. Après Artemus j'aurais pu faire des pieds et des mains pour continuer dans la production-télé-pub-cinéma, mais un député de la Nièvre m'avait nommé chargé de communication d'un syndicat intercommunal, dont j'ai démissionné au bout de quelques mois, pour quitter la France et voir au Brésil si j'y étais. Là-bas j'ai été professeur de piano, de français, commercial pour un salon de l'aéronautique, puis on m'a proposé un contrat de quelques mois pour être guide dans un musée des civilisations, mais j'ai décliné l'offre, j'ai souhaité finalement rentrer en France, laissant là ma jolie fiancée brésilienne.
De retour en France je m'installe à Paris, on écrit un scénario de long-métrage avec Vincent G., on le dépose à la société des auteurs en même temps que Jean-Pierre Mocky, on croise Michel Piccoli bras dessus bras dessous avec Arno le chanteur génial ("Putain, putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des européens !"), on part à Barcelone avec le projet d'y créer une société de production; en parallèle je balance plus de 200 CV + lettres dans tout Paris, audiovisuel, communication, mais rien n'y fait. Je fais de l'intérim, saisir des dossiers pour le Crédit Lyonnais, puis des plateaux de centre d'appels à Bercy (horaires du soir, Gare du Nord tous les jours à 22h), finalement je suis embauché en CDI dans un cabinet d'architecte pour développer leur studio de création d'images 3D, j'en démissionne au bout de six mois, je rencontre la mère de Maceo, il naît et six mois plus tard nous partons à Lyon, où j'ai trouvé un boulot de commercial dans une agence de pub spécialisé dans la climatisation. Je me fais virer au bout d'un an, sa mère me quitte et me laisse seul avec l'enfant, je touche les ASSEDIC une nouvelle fois, elles me financent même l'année de DESS "Direction de Projets Culturels" dans lequel je viens d'être admis. Stages en Ardèche, moments de vie en Ardèche avec Maceo à Mirabel, mémoire de DESS sur la politique culturelle dans l'Ardèche méridionale, puis suite de CDD à Lyon comme chargé des relations avec le public pour le Théâtre de la Renaissance à Oullins. Puis fin de CDD, et retour en Nièvre grâce à Gérard, l'oiseau Martinet revient au nid.
Où j'ai merdé ? Partout en fait. A chaque fois. Je n'avais pas assez les crocs (on me l'a dit quelques fois), je n'avais pas une faim matérielle assez grande pour bien réussir mon adaptation aux années 1990-2000.
Au moins ce parcours - brisé, comme une pâte ? - m'aura-t-il permis de rester (relativement) libre, et (assez) indépendant.
Seul, aussi, du coup... Ma liberté, chère liberté chérie...
A la date du 13 juillet 2015, j'ai pris quelques notes après avoir vu un film de et avec Robert Redford, "Lions et agneaux". Il est professeur à l'université, face à deux étudiants brillants qui vont prendre des chemins différents. A l'un il dit : "Tu es adulte maintenant, à toi de décider. On s'aperçoit que l'on est devenu adulte quelques temps après que cela ce soit passé, quand on a déjà dû prendre une douzaine de décisions essentielles. Si tu te trompes dans l'un de ces choix, cela peut prendre des années pour trouver à nouveau les bonnes conditions, retrouver une autre fenêtre de tir, qui sera à nouveau très étroite et très brève. Le potentiel que tu as est fragile, et capricieux, et la fenêtre peut ne jamais se représenter..."
J'ai revu les regards de ma professeur de piano, de Monsieur Lewin, les yeux de ma mère, ceux du député, et d'autres encore, à ces moments cruciaux, leurs regards me disaient exactement ça, "dommage"... Ils me disaient aussi "Courage", car ils savaient qu'il m'en faudrait, à ne pas suivre ainsi les routes qu'ils avaient tracées pour moi.
Terrien. Mammifère. Humain. Sapiens. Occidental. Européen. Français. Bourguignon. Nivernais. Neversois. Patriote xénophile universaliste. Dans la merde.
J'ai entendu John Irving dire en interview qu'une grande blessure reçue à l'adolescence ne se referme jamais. J'ai fait le fort et le beau après la mort de Papa, même pas mal, alors que... Finalement je crois aujourd'hui que ça m'a coupé les ailes, qui ne faisaient que commencer à pousser, ancrant profondément en moi la conviction de la vanité de toute chose. J'ai conscience à l'excès de la fragilité et de la finalité de la vie, qui m'a propulsé dans un "à quoi bon" dont je ne m'extirpe que ponctuellement.
C'est bien d'une reprise en main qu'il s'agit.
C'est bien d'une reprise en main qu'il s'agit.
***********************************************************************************************************************************************************
Décidément, j'ai quelque chose à voir avec la notion d'héritage. Thierry hérite. Hier, Thierry a hérité d'une trame. Martinet ? Le mérite-t-il ? Hier matin, Thierry hérita d'une mini trame. Mérité ? Je réitère : Thierry hérite ! Martela-t-il hier matin. Thierry Martinet a hérité d'une mini trame hier matin. Quelle manne ! Thierry hérita hier matin, l'art et la manière. Assez ri.
La responsabilité de l'héritier c'est de transmettre, tout transmettre, ses (nombreux) doutes comme ses (rares) certitudes, ses espoirs comme ses colères.
Des cortèges humains traversent l'Europe, à pied, en train, en bateaux, ce n'est que le début, les préludes, les réfugiés des guerres seront bientôt rejoints par les réfugiés climatiques, ce n'est que le début, doit-on s'habituer à voir ces défilés de pauvres hères, nos frères, passer sous nos fenêtres encadrés par les gendarmes, la police ou l'armée, en direction de camps de rétention, littéralement déportés ? Que ferons-nous ? Allons-nous supporter longtemps ce spectacle, ces mensonges, ces massacres, ces violences, ces injustices ?
Victor Hugo à la Chambre des Députés : "Nous ne pouvons détruire la souffrance, mais nous pouvons détruire la misère. Et si nous le pouvons, nous le devons".
Qu'avons-nous fait depuis ? Victor Hugo, Louise Michel, Auguste Blanqui, Emile Zola : tous espéraient pour nous un avenir radieux, une humanité fraternelle, libérée des souffrances par la science. Seul (?) Rimbaud avait vu venir le loup. Homo homini lupus. Le cortège des morts de 14-18 aussi hantent notre époque. Si ils acceptèrent d'y aller, si ils acceptèrent de la faire, c'était si et seulement si ils étaient vraiment assurés que ce serait la dernière, pour de bon, croix de bois croix de fer. C'est en 18, par eux et pour eux, qu'est né le premier "Plus jamais ça".
Réhabiliter Robespierre contre Danton, Rousseau contre Voltaire, il nous faudra.
Bâtir l'Europe rêvée des humanistes, contre l'Europe réelle des économistes.
Et alors "le règne du Capital cèdera le pas au règne de la Beauté". Théodore Monod !
La flamme des Lumières faiblit, elle ne doit pas s'éteindre, comme disait le Général de celle de la Résistance, mais bientôt aux plus lointains confins du monde plus personne ne se rappellera qu'à une époque ancienne elle s'alluma en France. Aujourd'hui notre dignité se désintègre à Calais.
Auschwitz, Hiroshima, Sétif, Tchernobyl, Screbrenica, Sarajevo (quatre ans de guerre à deux heures de Paris), Gaza, Seveso, Kigali, Fukushima, Lampedusa, Tianjin, Calais. Ad libitum.
Gaza putain, la Palestine, merde, 70 ans que ça devrait être réglé, deux Etats, et la paix pour tout le monde...
Ma flamme non plus ne doit pas s'éteindre. Il nous faut reconstruire un nouvel espoir.
Tout est encore possible... Demain dépend de nous, nous ne devons rien lâcher.
Il est temps d'agir. Agir, comme on décoche sa flèche, sans le hoquet de la pensée, comme le cavalier tartare décochant sa flèche au grand galop, en plein dans la cible.
D'abord sortir. Sortir de soi, sortir de chez soi, de chez son canapé, de chez sa télévision. Dehors est la réponse, le remède, la solution. Sortir dehors. Le dedans nous attend dehors. Merci mon frère pour ce rappel salutaire. Sortir, marcher, chanter, bouger, je dois chercher ma dose d'endorphine, je dois m'endorphiner !
************************************************************************************************************************************************************
Décidément, j'ai quelque chose à voir avec la notion d'héritage. Thierry hérite. Hier, Thierry a hérité d'une trame. Martinet ? Le mérite-t-il ? Hier matin, Thierry hérita d'une mini trame. Mérité ? Je réitère : Thierry hérite ! Martela-t-il hier matin. Thierry Martinet a hérité d'une mini trame hier matin. Quelle manne ! Thierry hérita hier matin, l'art et la manière. Assez ri.
La responsabilité de l'héritier c'est de transmettre, tout transmettre, ses (nombreux) doutes comme ses (rares) certitudes, ses espoirs comme ses colères.
Des cortèges humains traversent l'Europe, à pied, en train, en bateaux, ce n'est que le début, les préludes, les réfugiés des guerres seront bientôt rejoints par les réfugiés climatiques, ce n'est que le début, doit-on s'habituer à voir ces défilés de pauvres hères, nos frères, passer sous nos fenêtres encadrés par les gendarmes, la police ou l'armée, en direction de camps de rétention, littéralement déportés ? Que ferons-nous ? Allons-nous supporter longtemps ce spectacle, ces mensonges, ces massacres, ces violences, ces injustices ?
Victor Hugo à la Chambre des Députés : "Nous ne pouvons détruire la souffrance, mais nous pouvons détruire la misère. Et si nous le pouvons, nous le devons".
Qu'avons-nous fait depuis ? Victor Hugo, Louise Michel, Auguste Blanqui, Emile Zola : tous espéraient pour nous un avenir radieux, une humanité fraternelle, libérée des souffrances par la science. Seul (?) Rimbaud avait vu venir le loup. Homo homini lupus. Le cortège des morts de 14-18 aussi hantent notre époque. Si ils acceptèrent d'y aller, si ils acceptèrent de la faire, c'était si et seulement si ils étaient vraiment assurés que ce serait la dernière, pour de bon, croix de bois croix de fer. C'est en 18, par eux et pour eux, qu'est né le premier "Plus jamais ça".
Réhabiliter Robespierre contre Danton, Rousseau contre Voltaire, il nous faudra.
Bâtir l'Europe rêvée des humanistes, contre l'Europe réelle des économistes.
Et alors "le règne du Capital cèdera le pas au règne de la Beauté". Théodore Monod !
La flamme des Lumières faiblit, elle ne doit pas s'éteindre, comme disait le Général de celle de la Résistance, mais bientôt aux plus lointains confins du monde plus personne ne se rappellera qu'à une époque ancienne elle s'alluma en France. Aujourd'hui notre dignité se désintègre à Calais.
Auschwitz, Hiroshima, Sétif, Tchernobyl, Screbrenica, Sarajevo (quatre ans de guerre à deux heures de Paris), Gaza, Seveso, Kigali, Fukushima, Lampedusa, Tianjin, Calais. Ad libitum.
Gaza putain, la Palestine, merde, 70 ans que ça devrait être réglé, deux Etats, et la paix pour tout le monde...
Ma flamme non plus ne doit pas s'éteindre. Il nous faut reconstruire un nouvel espoir.
Tout est encore possible... Demain dépend de nous, nous ne devons rien lâcher.
Il est temps d'agir. Agir, comme on décoche sa flèche, sans le hoquet de la pensée, comme le cavalier tartare décochant sa flèche au grand galop, en plein dans la cible.
D'abord sortir. Sortir de soi, sortir de chez soi, de chez son canapé, de chez sa télévision. Dehors est la réponse, le remède, la solution. Sortir dehors. Le dedans nous attend dehors. Merci mon frère pour ce rappel salutaire. Sortir, marcher, chanter, bouger, je dois chercher ma dose d'endorphine, je dois m'endorphiner !
************************************************************************************************************************************************************
Une autre association nouvelle parvient à m'extirper efficacement de chez ma télévision. Voilà deux ans à peine que "La Socquette" propose une programmation éclectique, théâtre, concerts, expos, cours de yoga, etc... Ils font souffler un air frais et vivifiant par les rues de Nevers, qui se meurt, sinon, à part ça. C'est avec eux déjà que nous avions organisé une projection du film sur Marcel Henry, en présence du bonhomme, face à une cinquantaine de spectateurs, le débat avait été riche et chaleureux, surprenant, beaucoup de jeunes avaient été impressionné par l'animal. Ils me recontactent via Cyrille, un graphiste très doué, archi-cool et parfaitement sympathique - ils sont quelques-uns comme ça, nouveaux venus dans la Nièvre, immédiate empathie - pour le prochain numéro de leur fanzine. Le sujet : la Résistance.
J'oriente dans un premier temps Cyrille vers mon site, dont il tire finalement plusieurs pages au coeur du journal, tiré à cinquante exemplaires s'il vous plaît. Je suis heureux et anxieux de présenter ces écrits encore un peu plus sur la place publique, je réécris quelques bouts de phrases pour l'occasion, une introduction, quelques passages qui sont racontés en vidéo sur le site, Laurent me félicite d'être édité, faut quand même pas exagérer. Ca reste tout à fait microscopique, mais ça fait plaisir, ça fait du bien c'est déjà ça, "c'est déjà ça".
J'oriente dans un premier temps Cyrille vers mon site, dont il tire finalement plusieurs pages au coeur du journal, tiré à cinquante exemplaires s'il vous plaît. Je suis heureux et anxieux de présenter ces écrits encore un peu plus sur la place publique, je réécris quelques bouts de phrases pour l'occasion, une introduction, quelques passages qui sont racontés en vidéo sur le site, Laurent me félicite d'être édité, faut quand même pas exagérer. Ca reste tout à fait microscopique, mais ça fait plaisir, ça fait du bien c'est déjà ça, "c'est déjà ça".
**************************************************************************************************************************************************************
28 mars 2016, lundi de Pâques : je suis allé manger du persil chez ma mère.
28 mars 2016, lundi de Pâques : je suis allé manger du persil chez ma mère.
Un nouveau scandale nous arrive tout droit du Panama, ils nous refont le coup du chapeau. A Paris les manifestants ne dorment plus, ils parlent convergences des luttes. Samedi j'irai à République.
**************************************************************************************************************************************************************
**************************************************************************************************************************************************************
Annoter. Tâtonner. Hannetonner. Hâter. Tonner. Entonner. Noter. Carneter. Carnoter. La plume à l'air.
SPRINGTIME IN PARIS
Vendredi 8 - lundi 11 avril 2016. Un week-end printanier prolongé à Paris m'a gonflé à bloc, émaillé qu'il fut par de nombreuses coïncidences. Surtout nous sommes passés d'un ami l'autre, d'un univers l'autre, avec une étonnante fluidité de tempo et d'esprit.
Départ avec Maceo en train de Nevers vendredi à 18h, arrivée Bercy à 19h57, à l'heure, c'est cool. C'est la première fois que nous profitons de notre nouvel appartement à deux pas de la gare pour partir sac au dos à Paris. De Bercy nous prenons la ligne 6, puis changement ligne 12 à Pasteur pour retrouver Fred à 20h45 à Vaugirard. La ligne 12 sera le fil rouge de mon week-end, du Sud au Nord, de la très grande bourgeoisie du XVème au très populaire melting pot bigarré du XVIIIème arrondissement. Au passage nous repérons la gare Montparnasse, d'où Maceo partira demain pour Bordeaux, puis Biarritz. Nous sommes accueillis par Fred et Anne, très en forme dans leur maison parisienne, parquets et cheminées, la clâsse... Tartare de saumon, poulet coco, une bouteille de vin chilien pour refaire le monde. Il y là le fils d'Anne, Constantin, sa fille Argentine, surfeuse et guitariste comme Maceo, est à Arcachon, d'où Anne est originaire.
SPRINGTIME IN PARIS
Vendredi 8 - lundi 11 avril 2016. Un week-end printanier prolongé à Paris m'a gonflé à bloc, émaillé qu'il fut par de nombreuses coïncidences. Surtout nous sommes passés d'un ami l'autre, d'un univers l'autre, avec une étonnante fluidité de tempo et d'esprit.
Départ avec Maceo en train de Nevers vendredi à 18h, arrivée Bercy à 19h57, à l'heure, c'est cool. C'est la première fois que nous profitons de notre nouvel appartement à deux pas de la gare pour partir sac au dos à Paris. De Bercy nous prenons la ligne 6, puis changement ligne 12 à Pasteur pour retrouver Fred à 20h45 à Vaugirard. La ligne 12 sera le fil rouge de mon week-end, du Sud au Nord, de la très grande bourgeoisie du XVème au très populaire melting pot bigarré du XVIIIème arrondissement. Au passage nous repérons la gare Montparnasse, d'où Maceo partira demain pour Bordeaux, puis Biarritz. Nous sommes accueillis par Fred et Anne, très en forme dans leur maison parisienne, parquets et cheminées, la clâsse... Tartare de saumon, poulet coco, une bouteille de vin chilien pour refaire le monde. Il y là le fils d'Anne, Constantin, sa fille Argentine, surfeuse et guitariste comme Maceo, est à Arcachon, d'où Anne est originaire.
Fred, c'est mon ami de droite, comme je suis son ami de gauche. Lyonnais du VIème, élevé chez les Frères, c'est à Grenoble que nous nous sommes rencontrés, grâce au brassage social républicain de l'Institut d'Etudes Politiques. Depuis on se suit, on ne se lâche pas. Des liens ténus subsistent avec quelques autres, untel est policier, untel magistrat, quelques députés, beaucoup à la télé.
Fred est à la tête de plusieurs boîtes, il connaît des très hauts et des très bas depuis plus de dix ans. Apprendre de ses échecs. En ce moment ça va, mais il a dû réduire les effectifs. Il a une drôle de philosophie de vie : entrepreneur dans l'âme, il considère que le plus important est de savoir rebondir, là on se rejoint, mais surtout qu'il faut vivre endetté, et là on diverge, et ça fait beaucoup, même pour deux hommes. Pour lui l'aiguillon de la dette est la pression normale qui dynamise la vie. C'est un pari qu'il fait sur lui-même, qui ne lui laisse d'autre choix que de gagner. Un vrai Grec, en somme. Dans la cage d'escalier, superbe, j'aperçois sous un cadre une lettre manuscrite, à côté du portrait gravé d'un baron d'Empire. Il s'agit du Maréchal Jacques Alexandre Law de Lauriston, ancêtre d'Anne. Est-ce pour lui qu'est nommée la rue Lauriston, de sinistre mémoire ? Sans doute, et cela nous relie à la Résistance. Ancien aide de camp de Napoléon, il explique dans ce courrier plein de ratures émouvantes, adressé au Ministre de la Guerre, que son sens de l'honneur et sa conscience ne lui permettent pas de servir Louis XVIII comme il a servi l'Empereur, en gros il démissionne.
Mais pour l'histoire moderne, il est surtout le petit-neveu de John Law, l'un des pères fondateurs du capitalisme moderne, plus exactement père de la finance et du papier-monnaie. Voilà mon vieil ami de droite maqué à une descendante de l'inventeur du billet de banque ! Anne travaille pour l'Unicef. Le caritatif, exonéré d'impôts, peut-il remplacer la puissance publique pour éradiquer la misère du monde ? Bill Gates et sa femme combattent telle maladie en Afrique, c'est bien, mais pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? Je dubite... Le livre noir des ONG caritatives et humanitaires est encore à écrire...
La soirée est trop courte, nous ne sommes pas vus depuis deux ans, alors le lendemain matin je me lève à 7 heures pour emmener Maceo à la gare Montparnasse, à deux stations de métro seulement c'est cool. L'enfant déposé dans le TGV, je retourne chez Fred pour passer la matinée avec eux, et nous faisons ensemble ses courses dans le quartier, j'hallucine devant la beauté des étalages, fruits, viandes, fromages, poissons, volailles, produits et tarifs de luxe, un autre monde... Fred cuisinera ce midi pour sa mère un dos de cabillaud sur son lit d'herbes. Nous nous quittons sur un petit Sancerre partagé en terrasse, le soleil en pleine face, au milieu d'une faune de femmes, d'hommes et d'enfants en dress-code grand-bourgeois, petite veste moltonée bleue ou verte, pantalon ocre, pompes à 3 000.
Fred est à la tête de plusieurs boîtes, il connaît des très hauts et des très bas depuis plus de dix ans. Apprendre de ses échecs. En ce moment ça va, mais il a dû réduire les effectifs. Il a une drôle de philosophie de vie : entrepreneur dans l'âme, il considère que le plus important est de savoir rebondir, là on se rejoint, mais surtout qu'il faut vivre endetté, et là on diverge, et ça fait beaucoup, même pour deux hommes. Pour lui l'aiguillon de la dette est la pression normale qui dynamise la vie. C'est un pari qu'il fait sur lui-même, qui ne lui laisse d'autre choix que de gagner. Un vrai Grec, en somme. Dans la cage d'escalier, superbe, j'aperçois sous un cadre une lettre manuscrite, à côté du portrait gravé d'un baron d'Empire. Il s'agit du Maréchal Jacques Alexandre Law de Lauriston, ancêtre d'Anne. Est-ce pour lui qu'est nommée la rue Lauriston, de sinistre mémoire ? Sans doute, et cela nous relie à la Résistance. Ancien aide de camp de Napoléon, il explique dans ce courrier plein de ratures émouvantes, adressé au Ministre de la Guerre, que son sens de l'honneur et sa conscience ne lui permettent pas de servir Louis XVIII comme il a servi l'Empereur, en gros il démissionne.
Mais pour l'histoire moderne, il est surtout le petit-neveu de John Law, l'un des pères fondateurs du capitalisme moderne, plus exactement père de la finance et du papier-monnaie. Voilà mon vieil ami de droite maqué à une descendante de l'inventeur du billet de banque ! Anne travaille pour l'Unicef. Le caritatif, exonéré d'impôts, peut-il remplacer la puissance publique pour éradiquer la misère du monde ? Bill Gates et sa femme combattent telle maladie en Afrique, c'est bien, mais pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? Je dubite... Le livre noir des ONG caritatives et humanitaires est encore à écrire...
La soirée est trop courte, nous ne sommes pas vus depuis deux ans, alors le lendemain matin je me lève à 7 heures pour emmener Maceo à la gare Montparnasse, à deux stations de métro seulement c'est cool. L'enfant déposé dans le TGV, je retourne chez Fred pour passer la matinée avec eux, et nous faisons ensemble ses courses dans le quartier, j'hallucine devant la beauté des étalages, fruits, viandes, fromages, poissons, volailles, produits et tarifs de luxe, un autre monde... Fred cuisinera ce midi pour sa mère un dos de cabillaud sur son lit d'herbes. Nous nous quittons sur un petit Sancerre partagé en terrasse, le soleil en pleine face, au milieu d'une faune de femmes, d'hommes et d'enfants en dress-code grand-bourgeois, petite veste moltonée bleue ou verte, pantalon ocre, pompes à 3 000.
J'ai rendez-vous à 12h30 chez Vincent et Elisabeth à l'autre bout de la ligne 12. Traversée de Paris, traversée de plusieurs univers, mes co-voyageurs changent de style, d'âge et d'ethnie de station en station. Vincent c'est un ami de lycée, de collège même. Professeur de cinéma à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Cergy, il est surtout réalisateur de films, films indépendants, films d'auteur, films concept. Le prochain sort en salle le 6 mai prochain, "L'homme-fumée, une aventure démocratique".
Je fais connaissance avec Antoine, son fils qui vient de naître, leur premier enfant, à qui j'apporte un âne doudou très très doux. Bébé, famille, cinéma, politique, "Nuit Debout", avec eux les sujets fusent. Petite marche de Marx Dormoy à Jules Joffrin où nous déjeunons dans une brasserie simple et efficace, steak tartare et Chinon. Vincent m'encourage à écrire, les gens ont besoin qu'on leur raconte des histoires, c'est un besoin aussi vital que de manger, alors pourquoi ne pas tout donner dans ce sens, moi qui suis dépositaire de tant d'histoires ? Il a parlé de mes textes à François Bon, l'un de ses collègues à Cergy, écrivain, journaliste et critique de cinéma.
Bonheur de voir mon ami devenir Papa... Heureux de rencontrer son p'tit gars, Antoine !
Je fais connaissance avec Antoine, son fils qui vient de naître, leur premier enfant, à qui j'apporte un âne doudou très très doux. Bébé, famille, cinéma, politique, "Nuit Debout", avec eux les sujets fusent. Petite marche de Marx Dormoy à Jules Joffrin où nous déjeunons dans une brasserie simple et efficace, steak tartare et Chinon. Vincent m'encourage à écrire, les gens ont besoin qu'on leur raconte des histoires, c'est un besoin aussi vital que de manger, alors pourquoi ne pas tout donner dans ce sens, moi qui suis dépositaire de tant d'histoires ? Il a parlé de mes textes à François Bon, l'un de ses collègues à Cergy, écrivain, journaliste et critique de cinéma.
Bonheur de voir mon ami devenir Papa... Heureux de rencontrer son p'tit gars, Antoine !
Nous nous donnons rendez-vous cet été dans les Landes, chez la Maman d'Elisabeth. Elle y a une grande maison de famille / de vacances, ouverte aux quatre vents, lieu coutumier des rencontres et des échanges que seuls hasards et coïncidences savent nouer subtilement, une maison xénophile en somme.
Je les quitte au métro Joffrin, que je dois emprunter pour rejoindre mon cousin Basile à 15h30 au Musée d'Orsay, exposition du Douanier Rousseau.
La rame arrive je m'assieds, mais un message nous indique que pour cause de colis suspect, le trafic est interrompu jusqu'à 17 heures. Je ressors de la station, me dirige vers un bus, la chauffeur m'indique le chemin avec un changement, j'aperçois un taxi libre et je m'y engouffre. Il faut toujours prendre au moins un taxi lors d'une escapade à Paris, c'est dans le forfait. Le taxi n'est pas un grand bavard pour une fois, il écoute silencieusement la radio, ça parle cinéma, je me penche et lis sur l'autoradio "France Culture". Il écoute une émission cinéma sur Julien Duvivier. Ce n'est pas commun, d'habitude c'est plutôt RTL, Nostalgie ou RMC. Je le luis dis, il est habitué à cette remarque. Dans le rétroviseur je lui trouve une grande ressemblance avec Caetano Veloso. Ca on ne lui a jamais dit, mais ça l'amuse parce que justement son fils est au Brésil en ce moment. J'ai vraiment bien fait de prendre ce taxi. Pour 15 euros, nous traversons le XVIIIème, Saint Lazare, la Madeleine, Maxim's puis la place de la Concorde face à l'Assemblée, puis à gauche quai de Seine, d'un côté le Louvre et en face Orsay. Putain que c'est beau, voilà bien longtemps que je n'avais pas trouvé Paris aussi joli.
Au Musée d'Orsay, Basile m'attend, déjà dans la file avec sa fille Eve, que je connais déjà bien pour l'avoir vue 4 ou 5 fois, à Paris et à Saintes chez ses grands-parents. Basile a pris nos billets sur internet, mais nous faisons la queue pour passer au contrôle de sécurité. Je n'aime pas trop les musées, au bout d'une demi-heure j'en ai marre, je déteste piétiner, faire la queue. Mais la visite avec cette enfant de cinq ans est réjouissante, j'admire Basile qui en a fait une habituée des musées, ses remarques me sidèrent, elle fera l'admiration de ses institutrices.
Je les quitte au métro Joffrin, que je dois emprunter pour rejoindre mon cousin Basile à 15h30 au Musée d'Orsay, exposition du Douanier Rousseau.
La rame arrive je m'assieds, mais un message nous indique que pour cause de colis suspect, le trafic est interrompu jusqu'à 17 heures. Je ressors de la station, me dirige vers un bus, la chauffeur m'indique le chemin avec un changement, j'aperçois un taxi libre et je m'y engouffre. Il faut toujours prendre au moins un taxi lors d'une escapade à Paris, c'est dans le forfait. Le taxi n'est pas un grand bavard pour une fois, il écoute silencieusement la radio, ça parle cinéma, je me penche et lis sur l'autoradio "France Culture". Il écoute une émission cinéma sur Julien Duvivier. Ce n'est pas commun, d'habitude c'est plutôt RTL, Nostalgie ou RMC. Je le luis dis, il est habitué à cette remarque. Dans le rétroviseur je lui trouve une grande ressemblance avec Caetano Veloso. Ca on ne lui a jamais dit, mais ça l'amuse parce que justement son fils est au Brésil en ce moment. J'ai vraiment bien fait de prendre ce taxi. Pour 15 euros, nous traversons le XVIIIème, Saint Lazare, la Madeleine, Maxim's puis la place de la Concorde face à l'Assemblée, puis à gauche quai de Seine, d'un côté le Louvre et en face Orsay. Putain que c'est beau, voilà bien longtemps que je n'avais pas trouvé Paris aussi joli.
Au Musée d'Orsay, Basile m'attend, déjà dans la file avec sa fille Eve, que je connais déjà bien pour l'avoir vue 4 ou 5 fois, à Paris et à Saintes chez ses grands-parents. Basile a pris nos billets sur internet, mais nous faisons la queue pour passer au contrôle de sécurité. Je n'aime pas trop les musées, au bout d'une demi-heure j'en ai marre, je déteste piétiner, faire la queue. Mais la visite avec cette enfant de cinq ans est réjouissante, j'admire Basile qui en a fait une habituée des musées, ses remarques me sidèrent, elle fera l'admiration de ses institutrices.
La dernière salle me réserve un choc, je me retrouve en face d'images de mon enfance, ces jungles verdoyantes, couleurs vives, feuilles grasses, et au milieu, en plein milieu, la mort, un cheval blanc en train de se faire égorger dans le plus grand silence, je me revois gamin devant un livre avec des reproductions de ces peintures dont je découvre ici les originaux, cette violence sanguine nichée au coeur d'une nature exubérante, calme et tranquille à la fois, accueillante pourtant, et je ressens exactement la fascination qu'elles exercèrent alors sur moi.
Nous ne traînons pas devant ce tableau immense, le plus sinistre, représentant La Mort en petite fille, et je vois le regard d'Eve glisser devant cette image effrayante sans en perdre un miette, la chair dans le bec des corbeaux dégueulasses...
D'Orsay nous filons vers Abbesses, là où crèche Baz'. Arrêt troquet, menthe à l'eau, quelques courses avant d'escalader l'escalier penché de leur vieille immeuble sur la Butte. Je ne peux m'empêcher de penser que quantité de peintres et d'artistes sont passés sur ces marches, à toute heure du jour et de la nuit, terminer leurs ballades étoilées d'absinthe et d'opium. Cliché sans doute, mais nous sommes juste à côté du Bateau Lavoir, et cet escalier en a l'âge et l'allure. Nous y retrouvons Margaux, que je rencontre pour la première fois. Basile est un jeune père, fraîchement séparé. C'est un Parisien pure souche, natif. Sa mère Françoise est la cousine germaine de ma mère. Ces deux-là se sont entendues dès la prime enfance, et leur complicité a perduré jusqu'à maintenant, et jusqu'à nous. Eve me demandera d'ailleurs ce soir là : "Est-ce que je peux t'appeler Tonton ?"
Apéro bourguignon et afghan, ceux que je préfère. Margaux me demande d'où je viens, alors je lui dis la vérité : Nevers. Comme souvent, nous sommes habitués nous autres Nivernais / Neversois, elle situe mal, ou pas, oui pas en fait, elle situe pas du tout. Mais elle connaît. Car chez ses parents, depuis qu'elle est petite, un buste trône dans le salon, le visage d'une femme, et dessous, gravé : "L'inconnue de Nevers". Alors pour elle, depuis toujours, ça sonne mystérieux, Nevers. Aujourd'hui le buste est en Espagne, où vivent désormais ses parents. Margaux est photographe après avoir fait une école d'art, mais avant elle était musicienne et danseuse, presque 20 ans passés dans les conservatoires de Paris. Je lui fait écouter "Blue Bossa", qu'elle compare à certains morceaux de Pink Martini, il faudra que j'aille voir ça.
Poulet Haricots verts, et encore deux quilles de Bourgogne plus tard, et là, choc de cinéma.
En fait Basile fait du montage, enfin il est monteur, quoi. De cinéma. De pubs, d'institutionnels et de clips aussi, quand il faut, mais d'abord de cinéma. Et depuis quelques années, il est devenu le monteur attitré de Bruno Dumont, le réalisateur de "L'humanité", "La vie de Jésus", "Camille Claudel 1915", et "Le petit Quinquin". J'en avais beaucoup entendu parlé lors de sa diffusion sur Arte, j'avais même tenté quelques minutes, mais je n'avais pas pris le temps, je ne lui avais même pas laissé le temps pour rentrer dedans, passer le sas, rentrer dans l'univers... Et là, en compagnie de Basile qui en a assuré tout le montage, j'ai vécu une expérience de cinéma, aussi forte que pour "No Country for Old Man" des frères Cohen, la dernière, dernier choc.
Violence et douceur, là aussi, archi-réalisme et poésie, surréalisme en un mot, rires partout, humour très belge, parfois caché au fond de l'image, plans et cadres sublimes, travail de peintre, couleurs, travail de maître, et ces parties de vélo sur les petites routes, au milieu des grandes herbes vertes, celles qui coupent, le vent dedans, doucement le vent comme ça, tout le temps le vent, dans les cheveux et dans les herbes, l'enfance... Magnifique !
Nous nous envoyons les deux premiers épisodes, il me reste les deux derniers à savourer dès que possible, j'attends la chute, patience... J'envoie un texto à Vincent pour lui dire, fier, que mon cousin est le monteur de Bruno Dumont, du "Petit Quinquin" et de "La Loute" qui va sortir prochainement, avec Luchini et Juliette Binoche. Il me répond qu'il cherche justement un monteur pour son prochain film, et l'expérience de Basile avec des acteurs non professionnels correspond exactement à ce qu'il recherche. To be continued...
Poulet Haricots verts, et encore deux quilles de Bourgogne plus tard, et là, choc de cinéma.
En fait Basile fait du montage, enfin il est monteur, quoi. De cinéma. De pubs, d'institutionnels et de clips aussi, quand il faut, mais d'abord de cinéma. Et depuis quelques années, il est devenu le monteur attitré de Bruno Dumont, le réalisateur de "L'humanité", "La vie de Jésus", "Camille Claudel 1915", et "Le petit Quinquin". J'en avais beaucoup entendu parlé lors de sa diffusion sur Arte, j'avais même tenté quelques minutes, mais je n'avais pas pris le temps, je ne lui avais même pas laissé le temps pour rentrer dedans, passer le sas, rentrer dans l'univers... Et là, en compagnie de Basile qui en a assuré tout le montage, j'ai vécu une expérience de cinéma, aussi forte que pour "No Country for Old Man" des frères Cohen, la dernière, dernier choc.
Violence et douceur, là aussi, archi-réalisme et poésie, surréalisme en un mot, rires partout, humour très belge, parfois caché au fond de l'image, plans et cadres sublimes, travail de peintre, couleurs, travail de maître, et ces parties de vélo sur les petites routes, au milieu des grandes herbes vertes, celles qui coupent, le vent dedans, doucement le vent comme ça, tout le temps le vent, dans les cheveux et dans les herbes, l'enfance... Magnifique !
Nous nous envoyons les deux premiers épisodes, il me reste les deux derniers à savourer dès que possible, j'attends la chute, patience... J'envoie un texto à Vincent pour lui dire, fier, que mon cousin est le monteur de Bruno Dumont, du "Petit Quinquin" et de "La Loute" qui va sortir prochainement, avec Luchini et Juliette Binoche. Il me répond qu'il cherche justement un monteur pour son prochain film, et l'expérience de Basile avec des acteurs non professionnels correspond exactement à ce qu'il recherche. To be continued...
Le lendemain matin, dimanche, double expresso en terrasse place des Abbesses, une place au soleil, réveil. Portraits d'Eve au chapeau. Et portraits d'Eve au Papa, aussi.
Décidément j'aime bien les pères. Enfin les bons.
Décidément j'aime bien les pères. Enfin les bons.
On descend vers la place Pigalle pour prendre le bus, dont on descendra vers Jaurès pour rejoindre République à pied, le long du Canal Saint Martin. Il fait très beau, très doux, les rues sont rendues piétonnes, ça se ballade de partout, les terrasses sont pleines, c'est vraiment un Paris idéal qui s'offre à moi, un printemps idéal dans une capitale idéale.
"April in Paris" par Billie Holiday, déchirante, vous pouvez voir celles d'Ella et Louis, plus rondes, ou celle de Sinatra, plus putassière.
Nous voulons voir les restes de la "Nuit Debout" de la veille. Hier samedi soir, nous étions le 40 mars, selon le nouveau calendrier pré-révolutionnaire (?). La République en plein soleil, elle aussi est idéale, elle me semble plus grande et plus belle que jamais.
"April in Paris" par Billie Holiday, déchirante, vous pouvez voir celles d'Ella et Louis, plus rondes, ou celle de Sinatra, plus putassière.
Nous voulons voir les restes de la "Nuit Debout" de la veille. Hier samedi soir, nous étions le 40 mars, selon le nouveau calendrier pré-révolutionnaire (?). La République en plein soleil, elle aussi est idéale, elle me semble plus grande et plus belle que jamais.
"Nuit Debout", parti d'un mouvement étudiant contre la loi travail, s'étend maintenant à toutes les strates de la société, en tout cas c'est l'idée, la convergence des luttes qu'ils appellent ça : méfions-nous de l'entre-soi, le mâle blanc bobo salarié, arrêtons de prêcher les convaincus, c'est les autres qu'il faut aller chercher, les immigrés, les bourgeois, les racistes, les jeunes de banlieues, les handicapés, les paysans, les intérimaires, etc.. . C'est bien, ça sent bon, ça va dans le bon sens, et surtout ça fait plaisir, de voir la jeunesse se poser les bonnes questions, ça faisait plusieurs générations qui étaient devenues adultes sans être plus dérangées que ça pour les bouleversements du monde, mais là ça bouge. Qu'est-ce que ça va donner ? Aucune idée, mais pour m'en faire une il fallait que j'aille renifler l'air sur place. La place est assez vide en fait, seule une partie côté Bastille est occupée. Le grand soir c'était hier, les images au journal de 20 heures. Là les pauvres ils dorment, faut les comprendre. Il reste un seul groupe de travail, assis en cercle, un tableau blanc sur lequel des décisions / actions sont notées. C'est le groupe "Action", et je crois comprendre (c'est dur d'entendre avec la circulation, les intervenants parlent dans un porte-voix fait d'un carton roulé) qu'ils parlent de la confection des pancartes, genre, on a besoin de colle, de pots de peinture, de pinceaux, etc... Très concret, quoi, mais on sent bien que les grandes discussions c'était la veille.
Nous quittons la place, direction le Marais, du côté de la rue de Bretagne, devenue le coin des mannequins et des galeries d'art contemporain. Mais nous, là, on a faim. On fait le choix d'une brasserie, "Le Charlot", car il n'y a que 25 minutes d'attente. Seulement ? Le choix est bon, la brasserie délicieuse, et en ligne de mire j'ai une mannequin, son visage me dit quelque chose, j'ai du mal à détacher mon regard, gros relou, mais elle est sublime, visage de madone, vu à Florence, dans la galerie des Offices, un Botticelli ? L'élégance dans chaque geste, une grâce infinie... Je fais mine de photographier Eve, jolie prétexte, isn't it ?
A pied toujours, nous continuons à travers le Marais, direction Châtelet, ils n'ont pas encore vu la canopée, moi non plus of course. Je reviendrai Rue de Bretagne, un samedi soir, en terrasse. Là je dois prendre le RER A direction Cergy, chez mon frère, à Conflans-Sainte-Honorine.
35 minutes plus tard j'arrive à Conflans, Laurent est venu me chercher à la gare. Comment ça va la famille ? La famille ça va. La bes. Pierre et Julie sont là, Alice arrive plus tard, Amparo est fatiguée mais c'est bientôt les vacances, direction l'Espagne. Encore l'Espagne, toujours l'Espagne. Les enfants font leurs devoirs, tout m'apaise et je me pose, heureux, mal aux pieds mais heureux. Je parle à Laurent de Basile et de Bruno Dumont, je lui dis qu'il faut qu'il voit "Petit Quinquin" (nous essaierons le soir même de le commander en VOD, cuisant échec, seul le paiement de 5 euros a bien marché), je lui raconte la République, les brasseries, Eve et Margaux, le Douanier Rousseau, Fred et Anne, Maceo, Vincent et François Bon. Qu'il connait très bien, d'ailleurs, il l'a rencontré pour L'Express, simplement il ne savait pas que François connaissait Vincent. De ce triangle peuvent jaillir de grandes choses. Laurent, comme Vincent m'encourage à écrire. Il me dit, me complimente face à mes auto-critiques d'absence de style et autre : "ta force c'est la fraîcheur et la clarté de ton eau, prise directe à la source pure". Je prends.
Et on se redit, avec Laurent, qu'on a merdé quelque part, lui et moi. On s'était vu beaux, dans le Bagad de Lann-Bihoué, (Souchon), en haut de l'affiche (Aznavour), on se voyait un destin d'exception, plutôt dans le cockpit que dans la soute, alors on a du mal avec la normalité, le quotidien, on se dit qu'on a merdé, doucement la vie nous a mis KO, c'est pas toi qui y es, c'est pas toi qu'es beau. Lui m'encourage, et moi je lui remonte le moral, il n'y a qu'à regarder sa maison, sa famille, sa vie, ses trois enfants, pour voir qu'on n'a pas tout loupé, loin de là. On partage la même analyse : nos fondations sont bonnes, profondes, très solides même, mais c'est après, dans la tuyauterie que ça coince. On a dû mettre l'électricité à la place de l'eau, ou l'inverse, pas étonnant que ça disjoncte parfois. On a des problèmes de fluides, et d'énergie. Et toujours l'ombre écrasante de Papa, son charisme, sa rigueur, son honneur, son sens de la justice, sa force de travail, au détriment du reste, au détriment de nous ? Au moins sommes-nous plus et mieux père que lui ne le fût.
Lundi matin lorsque je me lève la maison est vide, ils sont tous à l'école, au collège et au boulot. Je plie les gaules peinardement, direction Bercy, RER A jusqu'à Saint Lazare, puis la 14 jusqu'à Bercy. Je m'arrête dans un dernier troquet, dernier Sancerre pour la route, le train qui passera au pied de la colline de Sancerre, en bord de Loire, justement, et là dans ce troquet, Colette et Roland, les bons amis de Maman, on s'embrasse comme du bon pain, Roland, c'est le trompettiste qu'on entend dans "Musiquer". On se donne rendez-vous pour un prochain boeuf, une prochain Jam à la maison. Ils prennent le train de 14 heures celui qui s'arrête à La Charité, où Maman viendra les chercher, dernière coïncidence, la boucle est bouclée.
Ah non, encore une dernière, à l'entrée de la gare de Bercy, une affiche "Gus Van Sant" pour sa rétrospective à la Cinémathèque. Le cinéma, avec la ligne 12, aura été l'autre fil rouge de ces journées capitales et printanières. La semaine dernière, "Promised Land" est passé sur Arte, avec Matt Damon. L'histoire d'un territoire rural en décrépitude, tenté par l'aubaine des gaz de schiste, un territoire oublié, abandonné, qui m'a fait penser à la Nièvre.
Lundi matin lorsque je me lève la maison est vide, ils sont tous à l'école, au collège et au boulot. Je plie les gaules peinardement, direction Bercy, RER A jusqu'à Saint Lazare, puis la 14 jusqu'à Bercy. Je m'arrête dans un dernier troquet, dernier Sancerre pour la route, le train qui passera au pied de la colline de Sancerre, en bord de Loire, justement, et là dans ce troquet, Colette et Roland, les bons amis de Maman, on s'embrasse comme du bon pain, Roland, c'est le trompettiste qu'on entend dans "Musiquer". On se donne rendez-vous pour un prochain boeuf, une prochain Jam à la maison. Ils prennent le train de 14 heures celui qui s'arrête à La Charité, où Maman viendra les chercher, dernière coïncidence, la boucle est bouclée.
Ah non, encore une dernière, à l'entrée de la gare de Bercy, une affiche "Gus Van Sant" pour sa rétrospective à la Cinémathèque. Le cinéma, avec la ligne 12, aura été l'autre fil rouge de ces journées capitales et printanières. La semaine dernière, "Promised Land" est passé sur Arte, avec Matt Damon. L'histoire d'un territoire rural en décrépitude, tenté par l'aubaine des gaz de schiste, un territoire oublié, abandonné, qui m'a fait penser à la Nièvre.
BACK TO NEVERS, PROMISED LAND ?
Là-bas aussi, un mouvement "Nuit Debout" démarre timidement, treize personnes le premier soir, rendez-vous tous les soirs à 20 heures, place de la Résistance, il faudra que j'aille y faire un tour, humer l'atmosphère, ma truffe en l'air.
Ce n'est plus d'une révolution dont nous avons besoin désormais, c'est d'une métamorphose, une chrysalide... Devons-nous attendre une catastrophe majeure pour enfin réagir ?
Résister, étymologiquement être de nouveau debout, se tenir droit de nouveau, se redresser après avoir été mis à terre, se relever après avoir été atterré, se remettre debout.
D'abord me redresser, me reprendre en main, puis refaire une n-ième révolution, tour de moi, prise d'élan pour lancer une volte, vire-volter, 180°, faire volte-face, tourner enfin le dos à mon passé et me projeter dans le futur, l'inconnu à venir, me jeter dans le vide ?...
"Tenter, braver, persister, persévérer, s'être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait (...)", Victor Hugo, Les Misérables.
Oui, d'accord, mais j'ai peur.
Il ne faut pas insulter l'avenir. Le pire n'est jamais certain. Leurs plans sont écrits, mais l'Histoire ne l'est pas.
"Je fais le grand écart, entre enthousiasme et désespérance. J'ai l'espoir qui boite. J'avance en boitant de l'espérance." Sarah Roubato.
Moi aussi je claudique, mais en avant, avanti, sabre au clair, moteur, action, feu, feuer, et BANZAÏ !
Là-bas aussi, un mouvement "Nuit Debout" démarre timidement, treize personnes le premier soir, rendez-vous tous les soirs à 20 heures, place de la Résistance, il faudra que j'aille y faire un tour, humer l'atmosphère, ma truffe en l'air.
Ce n'est plus d'une révolution dont nous avons besoin désormais, c'est d'une métamorphose, une chrysalide... Devons-nous attendre une catastrophe majeure pour enfin réagir ?
Résister, étymologiquement être de nouveau debout, se tenir droit de nouveau, se redresser après avoir été mis à terre, se relever après avoir été atterré, se remettre debout.
D'abord me redresser, me reprendre en main, puis refaire une n-ième révolution, tour de moi, prise d'élan pour lancer une volte, vire-volter, 180°, faire volte-face, tourner enfin le dos à mon passé et me projeter dans le futur, l'inconnu à venir, me jeter dans le vide ?...
"Tenter, braver, persister, persévérer, s'être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait (...)", Victor Hugo, Les Misérables.
Oui, d'accord, mais j'ai peur.
Il ne faut pas insulter l'avenir. Le pire n'est jamais certain. Leurs plans sont écrits, mais l'Histoire ne l'est pas.
"Je fais le grand écart, entre enthousiasme et désespérance. J'ai l'espoir qui boite. J'avance en boitant de l'espérance." Sarah Roubato.
Moi aussi je claudique, mais en avant, avanti, sabre au clair, moteur, action, feu, feuer, et BANZAÏ !
**************************************************************************************************************************************************************
SUMMER
Eté 2016, Pays Basque, découverte, coup de coeur total ! Douceur des paysages, du climat de l'humeur des locaux. Pays de cocagne, de lait et de miel. Il m'apporte cette phrase qui résonne fort en moi : "Je dois tuer l'inquiet en moi." Ce pays me redonne confiance.
D'ami en ami, entre l'Aude et les Pyrénées Atlantiques en passant et repassant par les Landes, Manu, Xavier, Fabrice, Vincent et Elisabeth, Fred et Letty, en rentrant comme toujours par la Charente et sa si belle rivière, 11, 64, 40, 16, avec toujours les Pyrénées sur notre gauche comme un fil rouge de vie, nous déroulons le plan que j'avais établi au mois de mars pour ces vacances.
SUMMER
Eté 2016, Pays Basque, découverte, coup de coeur total ! Douceur des paysages, du climat de l'humeur des locaux. Pays de cocagne, de lait et de miel. Il m'apporte cette phrase qui résonne fort en moi : "Je dois tuer l'inquiet en moi." Ce pays me redonne confiance.
D'ami en ami, entre l'Aude et les Pyrénées Atlantiques en passant et repassant par les Landes, Manu, Xavier, Fabrice, Vincent et Elisabeth, Fred et Letty, en rentrant comme toujours par la Charente et sa si belle rivière, 11, 64, 40, 16, avec toujours les Pyrénées sur notre gauche comme un fil rouge de vie, nous déroulons le plan que j'avais établi au mois de mars pour ces vacances.
Comme j'ai su hier tuer le menteur, je dois aujourd'hui tuer l'inquiet en moi. Impitoyablement. En arracher chaque pousse à la racine. Et restaurer la confiance. En moi, mon fils, la vie, l'avenir, les hommes, et les femmes, aussi. Demain n'est pas écrit. Il n'est pas dit que nous ne soyons pas surpris.
D'abord arrêter l'info en continu. Les faits d'hiver, les attentats, l'état de la France, de l'Europe, et du monde. A la place, le matin au réveil, poser ma musique. Sous la douche, ma musique. Toute la journée en est changée.
D'abord arrêter l'info en continu. Les faits d'hiver, les attentats, l'état de la France, de l'Europe, et du monde. A la place, le matin au réveil, poser ma musique. Sous la douche, ma musique. Toute la journée en est changée.
En Charente, tout de même, je retrouve ce je ne sais quoi qui se passe dans mon pays ces temps-ci, mais avec le bénéfice de ces vacances j'arriverais presque à en rire...
Eclat de fraîcheur ensoleillée, pour clore la période estivale avec ce qu'elle eût de meilleur...
AUTUMN 2016
Rentrée. Automne. Gare à l'inter-saison. Courant septembre, je suis contacté par le Rédacteur Chef Adjoint du Journal du Centre, qui a créé une rubrique originale il y a un ou deux ans, "Ma Nièvre". Il fait passer un questionnaire à des personnes de son choix (selon quels critères, je n'en ai pas la moindre, et ne l'interrogeai point), les prend en photo et publie leurs réponses. Très touché, je me suis prêté au jeu, et voilà le résultat :
Rentrée. Automne. Gare à l'inter-saison. Courant septembre, je suis contacté par le Rédacteur Chef Adjoint du Journal du Centre, qui a créé une rubrique originale il y a un ou deux ans, "Ma Nièvre". Il fait passer un questionnaire à des personnes de son choix (selon quels critères, je n'en ai pas la moindre, et ne l'interrogeai point), les prend en photo et publie leurs réponses. Très touché, je me suis prêté au jeu, et voilà le résultat :
Voilà où j'en suis rendu aujourd'hui, 17 octobre 2016 :
1/ Reprend confiance et goût en toi, en autrui, en l'avenir, en la Vie.
2/ Délimite ton champ d'action, tes domaines d'intérêt de de compétences; cultive-les : c'est ton jardin.
3/ Sors, respire, marche, observe, écoute, aime, ris, jouis ! Et travaille...
1/ Reprend confiance et goût en toi, en autrui, en l'avenir, en la Vie.
2/ Délimite ton champ d'action, tes domaines d'intérêt de de compétences; cultive-les : c'est ton jardin.
3/ Sors, respire, marche, observe, écoute, aime, ris, jouis ! Et travaille...
Je sais, je suis d'accord, ça fait un peu-beaucoup pensée positive cucul la praline.
Et ça va carrément plus le faire si je rajoute : Souris à la Vie et elle te sourira.
Et j'enfonce le clou en assénant : la Vie aime ceux qui aiment la Vie.
J'en étais là de mes pensées (Elsa par Aragon par Ferré), poussant plus avant tout le bénéfice et l'énergie apportés par l'été et le Pays Basque, décrochant de mon addiction à l'information-faits divers, écoutant ma musique dès le lever, passant des semaines à l'eau et perdant du poids (de 85 j'en suis à 76 !), je commençais à croire que finalement, à 44 ans, ma Vie n'était peut-être pas complètement finie, et que je pouvais même en reprendre en partie le contrôle.
Alors ce samedi 15 octobre 2016, voyant le soleil transpercer et réchauffer mon appartement, je me dis qu'il fallait que je sorte marcher, en application de ma nouvelle philosophie initiée par la phrase fondatrice de mon frère : la solution est dehors. Solutio fora est.
Bouteille d'eau et bouquin dans mon sac à dos, je commençai par faire le tour du parc Salengro (clin d'oeil à Groland). Les bancs n'étaient pas assez au soleil, et la douceur de l'air (20°) me fît penser que les bords de Loire m'offriraient l'emplacement idéal pour me poser, me dorer la couenne-pilule en bon lézard. Je me dirigeai vers eux en passant par la vieille ville, la Poste, le 28 rue Saint Martin, la rue des Ouches et le petit escalier qui monte derrière le Petit Théâtre et le Palais Ducal, je traversai la place Ducale sous les arbres, puis descendis par les jardins vers la Maison de la Culture. En bas à droite, vers la Place Mossé, puis le petit escalier amenant au bord du fleuve royal. Une centaine de mètres, un banc. Posé.
Mon interview dans le Journal m'a rapproché de lui (le Journal), et la veille j'avais été impressionné par cet article, illustrant à merveille ce que j'avais essayé de dire dans l'article: Nevers est au centre de tout, carrefour d'Europe et pourquoi pas du Monde, concentré-précipité de France, d'une grande banalité sous laquelle se cache parfois des trésors... De très nombreux écrivains, peintres, artistes, intellectuels y sont passés, et y passent encore, goûtant la douceur et la tranquillité du lieu. Nouvelle merveilleuse preuve avec Monsieur Sergio Dias, chanteur du groupe brésilien "Os Mutantes", arrivé à Nevers grâce à une recherche Google.
Et ça va carrément plus le faire si je rajoute : Souris à la Vie et elle te sourira.
Et j'enfonce le clou en assénant : la Vie aime ceux qui aiment la Vie.
J'en étais là de mes pensées (Elsa par Aragon par Ferré), poussant plus avant tout le bénéfice et l'énergie apportés par l'été et le Pays Basque, décrochant de mon addiction à l'information-faits divers, écoutant ma musique dès le lever, passant des semaines à l'eau et perdant du poids (de 85 j'en suis à 76 !), je commençais à croire que finalement, à 44 ans, ma Vie n'était peut-être pas complètement finie, et que je pouvais même en reprendre en partie le contrôle.
Alors ce samedi 15 octobre 2016, voyant le soleil transpercer et réchauffer mon appartement, je me dis qu'il fallait que je sorte marcher, en application de ma nouvelle philosophie initiée par la phrase fondatrice de mon frère : la solution est dehors. Solutio fora est.
Bouteille d'eau et bouquin dans mon sac à dos, je commençai par faire le tour du parc Salengro (clin d'oeil à Groland). Les bancs n'étaient pas assez au soleil, et la douceur de l'air (20°) me fît penser que les bords de Loire m'offriraient l'emplacement idéal pour me poser, me dorer la couenne-pilule en bon lézard. Je me dirigeai vers eux en passant par la vieille ville, la Poste, le 28 rue Saint Martin, la rue des Ouches et le petit escalier qui monte derrière le Petit Théâtre et le Palais Ducal, je traversai la place Ducale sous les arbres, puis descendis par les jardins vers la Maison de la Culture. En bas à droite, vers la Place Mossé, puis le petit escalier amenant au bord du fleuve royal. Une centaine de mètres, un banc. Posé.
Mon interview dans le Journal m'a rapproché de lui (le Journal), et la veille j'avais été impressionné par cet article, illustrant à merveille ce que j'avais essayé de dire dans l'article: Nevers est au centre de tout, carrefour d'Europe et pourquoi pas du Monde, concentré-précipité de France, d'une grande banalité sous laquelle se cache parfois des trésors... De très nombreux écrivains, peintres, artistes, intellectuels y sont passés, et y passent encore, goûtant la douceur et la tranquillité du lieu. Nouvelle merveilleuse preuve avec Monsieur Sergio Dias, chanteur du groupe brésilien "Os Mutantes", arrivé à Nevers grâce à une recherche Google.
Donc me voilà sur mon banc, et devant moi ils passent, Sergio Dias et sa femme Maria. Je les laisse glisser, les observe de dos, c'est sûr c'est lui. Il me fallut une petite dizaine de minutes pour me persuader de saisir cette chance, ce signe, le temps de parfaire une phrase de présentation en portugais. Puis je m'avançai vers eux. Après m'être assuré que je ne les dérangeais pas, je leur dis que j'avais lu l'article, me permettant ainsi de les reconnaître. Que c'était un grand honneur pour moi et pour ma ville d'accueillir un tel personnage et un tel musicien. Ils furent très surpris d'entendre leur langue (mal) parlée au bord de la Loire, me demandèrent si j'étais originaire d'ici et pourquoi je savais un peu le portugais. Je leur dit que j'étais né ici, et que j'avais vécu 6 mois au Brésil, à Sao Paolo, leur ville. Ensuite nous parlâmes de la beauté du fleuve par cette si belle après-midi, de sa mélodie bouillonnante sous les piles du pont, son chant en fait, et nous convînmes qu'il s'agissait d'en comprendre les paroles. Je leur dit mon amour pour la Musique Populaire Brésilienne, tout particulièrement Gilberto Gil et encore plus Caetano. C'est son grand ami, encore aujourd'hui, et levant les yeux au ciel nous convînmes de sa stature extraterrestre.
Je leur dis que je jouais du piano, il me demanda quelle était la marque de mon piano. Gaveau demi-queue. Lui aussi a un demi-queue à Las Vegas, un Yamaha. Depuis quand joues-tu ? Depuis mes 6 ans, apprentissage classique. Sa mère était pianiste concertiste. Que joues-tu comme morceaux classiques, Liszt ? Non, ni Liszt ni Chopin, c'est joli mais ça ne me parle pas. Qu'est-ce qui te parle ? Ravel, Bartok, et surtout Debussy ? Sourires. Le compositeur préféré de sa mère. Que joues-tu de lui ? Le "Clair de Lune". Sourires. Le morceau préféré de sa mère, qui lui demandait toujours de lui jouer. Et qu'est-ce que tu joues aujourd'hui ? Du Jazz, et de la bossa. A garota d'Ipanema. Tu la joues en Fa ? Oui en Fa, avec le Si bémol. Alors je les invite chez moi, à 300 mètres de là. Mais Sergio a très mal au dos, ils doivent aller au spectacle ce soir à la Maison de la Culture et souhaitent s'allonger et se reposer à l'hôtel pour être en forme le soir. Mais demain, quand tu veux nous venons chez toi, ton heure sera la nôtre. Tu as une guitare ? Oui mon fils a une guitare ? Quoi comme genre ? Une électro-acoustique folk. Perfeito. 16 heures demain ? Sim. Nous jouerons "A Garota d'Ipanema".
Combien de temps tout cela a duré ? Un quart d'heure, une demi ? Nous nous levons et marchons ensemble jusqu'à leur voiture. Ils me confirment leur décision de s'installer à Nevers, pour être proches de leur fille qui vit à Paris. Ils ont déjà trouvé un appartement place Carnot, et ont rendez-vous lundi pour signer le compromis. Nous nous serrons fort dans nos bras (um grande abaraço), nous nous embrassons, remerciant la Vie pour sa magie. A demain.
Je les quitte devant l'entrée des jardins de la Porte du Croux au pied de la Tour Saint Trohé. Je traverse cet adorable petit jardin arboré et fleuri, sous le doux soleil et ses 20°, au pied du vieux mur d'enceinte avec ses moellons millénaires, en transe, je vole... J'appelle mon frère. Tu devineras jamais dans les bras de qui j'étais il y a deux secondes.
Je n'ai pas trouvé le sommeil. Je me disais que ça ne se produirait sûrement pas, ils annuleraient sûrement, il aurait sans doute trop mal au dos, patati, patata, la mécanique de la loose, bien huilée, mais je ne l'ai pas écouté, et dimanche à 15h45 :
Je leur dis que je jouais du piano, il me demanda quelle était la marque de mon piano. Gaveau demi-queue. Lui aussi a un demi-queue à Las Vegas, un Yamaha. Depuis quand joues-tu ? Depuis mes 6 ans, apprentissage classique. Sa mère était pianiste concertiste. Que joues-tu comme morceaux classiques, Liszt ? Non, ni Liszt ni Chopin, c'est joli mais ça ne me parle pas. Qu'est-ce qui te parle ? Ravel, Bartok, et surtout Debussy ? Sourires. Le compositeur préféré de sa mère. Que joues-tu de lui ? Le "Clair de Lune". Sourires. Le morceau préféré de sa mère, qui lui demandait toujours de lui jouer. Et qu'est-ce que tu joues aujourd'hui ? Du Jazz, et de la bossa. A garota d'Ipanema. Tu la joues en Fa ? Oui en Fa, avec le Si bémol. Alors je les invite chez moi, à 300 mètres de là. Mais Sergio a très mal au dos, ils doivent aller au spectacle ce soir à la Maison de la Culture et souhaitent s'allonger et se reposer à l'hôtel pour être en forme le soir. Mais demain, quand tu veux nous venons chez toi, ton heure sera la nôtre. Tu as une guitare ? Oui mon fils a une guitare ? Quoi comme genre ? Une électro-acoustique folk. Perfeito. 16 heures demain ? Sim. Nous jouerons "A Garota d'Ipanema".
Combien de temps tout cela a duré ? Un quart d'heure, une demi ? Nous nous levons et marchons ensemble jusqu'à leur voiture. Ils me confirment leur décision de s'installer à Nevers, pour être proches de leur fille qui vit à Paris. Ils ont déjà trouvé un appartement place Carnot, et ont rendez-vous lundi pour signer le compromis. Nous nous serrons fort dans nos bras (um grande abaraço), nous nous embrassons, remerciant la Vie pour sa magie. A demain.
Je les quitte devant l'entrée des jardins de la Porte du Croux au pied de la Tour Saint Trohé. Je traverse cet adorable petit jardin arboré et fleuri, sous le doux soleil et ses 20°, au pied du vieux mur d'enceinte avec ses moellons millénaires, en transe, je vole... J'appelle mon frère. Tu devineras jamais dans les bras de qui j'étais il y a deux secondes.
Je n'ai pas trouvé le sommeil. Je me disais que ça ne se produirait sûrement pas, ils annuleraient sûrement, il aurait sans doute trop mal au dos, patati, patata, la mécanique de la loose, bien huilée, mais je ne l'ai pas écouté, et dimanche à 15h45 :
C'est juste le co-créateur du Tropicalisme, avec Caetano et Gilberto... Cité par Kurt Cobain, repris par Iggy Pop. Juste.
AUTOMNE HIVER - 11/9 - 9/11...
Mercredi 9 novembre 2016. Trump. Après le Brexit. Avant Marine. La crevaison pour le monde qui va, en avant marche, comme disait Arthur en préambule.
Maceo : "Bon ben adieu la Terre alors !" Et bienvenue au nucléaire...
J'entends l'annonce officielle en direct sur France Inter, à 8h40, je me filme, la pluie et le froid sont au diapason.
AUTOMNE HIVER - 11/9 - 9/11...
Mercredi 9 novembre 2016. Trump. Après le Brexit. Avant Marine. La crevaison pour le monde qui va, en avant marche, comme disait Arthur en préambule.
Maceo : "Bon ben adieu la Terre alors !" Et bienvenue au nucléaire...
J'entends l'annonce officielle en direct sur France Inter, à 8h40, je me filme, la pluie et le froid sont au diapason.
Plus tard vers 9h30 Maman m'appelle pour m'annoncer le décès de notre ami Bernard Follis. Mon dernier Grand-Père s'en va.
Sad sad day...
La pluie se renforce, elle arrose par vagues, le vent souffle de plus en plus fort, en rafales.
Mon tout jeune stock d'optimisme en prend un coup. Il va falloir se ressaisir. Re-sistere : se tenir droit de nouveau, se relever, faire face. Principe physique : la Résistance est source de chaleur.
L'ère des gros cons prospère, youp La Boum !
L'hiver présidentiel est dur et pestilentiel comme prévu, mais ensoleillé fin janvier d'une belle re-rencontre, très belle, 27 ans après, qui me tiendra chaud quelques mois. Une histoire de fou, comme j'aime, une moisson riche de coïncidences magiques, mais qui fût aussi marquée du sceau du tragique, du celtique et du druidique.
Nous engageons une partie de ping-pong ininterrompue, la balle ne sort jamais, et quand elle tombe c'est dans l'eau où elle étire ses ronds à l'infini. Ma Druide plonge littéralement dans "Expresso", sautant de branches en branches pour au final dresser son tableau final. C'est exactement ce que je voulais faire. Elle en ressort les bras remplis de fleurs, de fruits, et de boules de gui qu'en bonne Druide elle coupe avec une serpe d'or, libérant peu à peu ma sève.
Elle me dit mercredi 8 février à 07h01 :
"La dernière phrase que je lis donc hier soir est : "Aujourd'hui je comprends que sa mort m'a littéralement coupé les ailes". Je repense à "Comment pousser à l'ombre d'un grand arbre ?" et me vient tout à coup une image à l'esprit, non pas celle d'un oiseau cloué au sol, mais celle d'un miroir recouvert d'un voile noir, ce voile que l'on avait coutume de mettre sur tous les miroirs dans la maison d'un défunt afin que son âme ne se retrouve pas emprisonnée pour l'éternité derrière la glace. L'image du miroir est furtive parce qu'elle fait aussitôt place à une autre image : ce n'est plus le miroir mais toi derrière le voile. (...) Voici mon analyse (elle vaut ce qu'elle vaut !) : les circonstances t'ont/on t'a/tu t'es recouvert de ce voile noir à la mort de ton père. Le problème est que tu ne l'as jamais retiré. Tu vis toujours dessous, tu regardes le monde à travers, isolé par cette barrière mi-transparente qui assombrit ta vie. Ce voile t'emprisonne et t'étouffe mais tu le portes depuis si longtemps qu'il fait partie de toi, de qui tu es. Il te colle à la peau. La musique, les amis, les belles rencontres, entre autres, parviennent à soulever un coin du voile mais aucun vent n'a soufflé assez fort pour qu'il puisse s'envoler.
Et encore jeudi 9 février à 10h01 :
"On a en commun d'être né avant terme adultes grands prématurés. La vie nous a expulsé sans ménagement et pour toi avec une violence extrême de notre enfance. Ce processus qui se déroule normalement sur des années s'est passé pour nous en un instant."
Touché. Très.
De l'écrit, nous passons à d'autres choses, ivres de mots.
"Tout est lié, tes pieds, tes poings, tes ailes. Il est temps maintenant de dénouer les ficelles. Haïku de grâce."
Nous poussons loin les métaphores de l'arbre et de l'oiseau, et je tombe en mars sur un documentaire sur Arte (Ah, Arte !), "Frère des arbres", qui raconte l'épopée d'un Papou de Nouvelle-Guinée qui fait le tour du monde pour défendre sa tribu, sa culture et sa forêt de bois précieux dévastée par les exploitants asiatiques.
Quel choc de découvrir Mundiya Kepanga, que j'avais rencontré à Gimouille (58) lors des cinquante ans de Charles Bataille le 10 octobre 2016 ! Le voyant transi de froid je lui avais prêté mon bon pull breton, et il était parti avec. En découvrant la grandeur du bonhomme et de son combat, j'espère qu'il a ramené mon pull en Papouasie. Lorsque je l'ai rencontré en octobre il se rendait au Sénat rencontrer le Gros Larcher, puis il remettait sa coiffe traditionnelle au Musée de l'Homme et enfin il était reçu à l'Unesco avec le Chef Raoni et Robert Redford... En fouillant le Web je trouve beaucoup d'infos sur Mundiya, et de nombreux films déjà réalisés. Au-delà du pull je me sens en fraternité avec cet homme.
Quand je vous dis que la Nièvre est au centre du Monde.
Sad sad day...
La pluie se renforce, elle arrose par vagues, le vent souffle de plus en plus fort, en rafales.
Mon tout jeune stock d'optimisme en prend un coup. Il va falloir se ressaisir. Re-sistere : se tenir droit de nouveau, se relever, faire face. Principe physique : la Résistance est source de chaleur.
L'ère des gros cons prospère, youp La Boum !
L'hiver présidentiel est dur et pestilentiel comme prévu, mais ensoleillé fin janvier d'une belle re-rencontre, très belle, 27 ans après, qui me tiendra chaud quelques mois. Une histoire de fou, comme j'aime, une moisson riche de coïncidences magiques, mais qui fût aussi marquée du sceau du tragique, du celtique et du druidique.
Nous engageons une partie de ping-pong ininterrompue, la balle ne sort jamais, et quand elle tombe c'est dans l'eau où elle étire ses ronds à l'infini. Ma Druide plonge littéralement dans "Expresso", sautant de branches en branches pour au final dresser son tableau final. C'est exactement ce que je voulais faire. Elle en ressort les bras remplis de fleurs, de fruits, et de boules de gui qu'en bonne Druide elle coupe avec une serpe d'or, libérant peu à peu ma sève.
Elle me dit mercredi 8 février à 07h01 :
"La dernière phrase que je lis donc hier soir est : "Aujourd'hui je comprends que sa mort m'a littéralement coupé les ailes". Je repense à "Comment pousser à l'ombre d'un grand arbre ?" et me vient tout à coup une image à l'esprit, non pas celle d'un oiseau cloué au sol, mais celle d'un miroir recouvert d'un voile noir, ce voile que l'on avait coutume de mettre sur tous les miroirs dans la maison d'un défunt afin que son âme ne se retrouve pas emprisonnée pour l'éternité derrière la glace. L'image du miroir est furtive parce qu'elle fait aussitôt place à une autre image : ce n'est plus le miroir mais toi derrière le voile. (...) Voici mon analyse (elle vaut ce qu'elle vaut !) : les circonstances t'ont/on t'a/tu t'es recouvert de ce voile noir à la mort de ton père. Le problème est que tu ne l'as jamais retiré. Tu vis toujours dessous, tu regardes le monde à travers, isolé par cette barrière mi-transparente qui assombrit ta vie. Ce voile t'emprisonne et t'étouffe mais tu le portes depuis si longtemps qu'il fait partie de toi, de qui tu es. Il te colle à la peau. La musique, les amis, les belles rencontres, entre autres, parviennent à soulever un coin du voile mais aucun vent n'a soufflé assez fort pour qu'il puisse s'envoler.
Et encore jeudi 9 février à 10h01 :
"On a en commun d'être né avant terme adultes grands prématurés. La vie nous a expulsé sans ménagement et pour toi avec une violence extrême de notre enfance. Ce processus qui se déroule normalement sur des années s'est passé pour nous en un instant."
Touché. Très.
De l'écrit, nous passons à d'autres choses, ivres de mots.
"Tout est lié, tes pieds, tes poings, tes ailes. Il est temps maintenant de dénouer les ficelles. Haïku de grâce."
Nous poussons loin les métaphores de l'arbre et de l'oiseau, et je tombe en mars sur un documentaire sur Arte (Ah, Arte !), "Frère des arbres", qui raconte l'épopée d'un Papou de Nouvelle-Guinée qui fait le tour du monde pour défendre sa tribu, sa culture et sa forêt de bois précieux dévastée par les exploitants asiatiques.
Quel choc de découvrir Mundiya Kepanga, que j'avais rencontré à Gimouille (58) lors des cinquante ans de Charles Bataille le 10 octobre 2016 ! Le voyant transi de froid je lui avais prêté mon bon pull breton, et il était parti avec. En découvrant la grandeur du bonhomme et de son combat, j'espère qu'il a ramené mon pull en Papouasie. Lorsque je l'ai rencontré en octobre il se rendait au Sénat rencontrer le Gros Larcher, puis il remettait sa coiffe traditionnelle au Musée de l'Homme et enfin il était reçu à l'Unesco avec le Chef Raoni et Robert Redford... En fouillant le Web je trouve beaucoup d'infos sur Mundiya, et de nombreux films déjà réalisés. Au-delà du pull je me sens en fraternité avec cet homme.
Quand je vous dis que la Nièvre est au centre du Monde.
PRINTEMPS 2017
Le printemps pointe déjà son nez. J'ai bien semé dans mon jardin, la récolte sera bonne, j'ai déjà cueilli quelques surprenants fruits succulents. En l'espace de quelques mois, un Griot de Kinshasa, une Druide Celtique Fulgurante et un Indien Magnifique sont entrés dans ma vie.
Pour peu que (Marine) se noie et que la CIA abatte Trump, 2017 peut être une grande année.
Nous pourrions bien être surpris.
14 avril 2017, ça fait 29 ans que Papa s'est envolé. Je vais voir Daniel et Christine en Ardèche, sur la route je passe la soirée à Lyon avec Yannick et David, chez qui je dors et qui mixe ce jeudi soir à La Grooverie, Montée de l'Amphithéâtre dans le 1er arrondissement, à côté de la place de la Mairie.
Anne-Gaëlle, la nouvelle de David-Charrouac grand séducteur devant l'éternel, est bretonne. C'est marrant d'ailleurs car un été (95 ? 96?) nous fîmes une razzia dans le Finistère.
- "Tu es d'où en Bretagne ?"
- "Fréhel, tu connais ?"
C'est juste là, du Cap Fréhel, que Papa a pris son envol le 14 avril 1988 (lire à la toute fin de la branche "Raciner").
Le printemps pointe déjà son nez. J'ai bien semé dans mon jardin, la récolte sera bonne, j'ai déjà cueilli quelques surprenants fruits succulents. En l'espace de quelques mois, un Griot de Kinshasa, une Druide Celtique Fulgurante et un Indien Magnifique sont entrés dans ma vie.
Pour peu que (Marine) se noie et que la CIA abatte Trump, 2017 peut être une grande année.
Nous pourrions bien être surpris.
14 avril 2017, ça fait 29 ans que Papa s'est envolé. Je vais voir Daniel et Christine en Ardèche, sur la route je passe la soirée à Lyon avec Yannick et David, chez qui je dors et qui mixe ce jeudi soir à La Grooverie, Montée de l'Amphithéâtre dans le 1er arrondissement, à côté de la place de la Mairie.
Anne-Gaëlle, la nouvelle de David-Charrouac grand séducteur devant l'éternel, est bretonne. C'est marrant d'ailleurs car un été (95 ? 96?) nous fîmes une razzia dans le Finistère.
- "Tu es d'où en Bretagne ?"
- "Fréhel, tu connais ?"
C'est juste là, du Cap Fréhel, que Papa a pris son envol le 14 avril 1988 (lire à la toute fin de la branche "Raciner").
Ardèche, Daniel et Christine m'emmènent à Dieulefit où se déroule une cérémonie commémorative du génocide au Rwanda. Le lendemain nous allons déjeuner chez des amis à eux. C'est Pâques et je suis reçu comme en famille. Etienne, le patriarche, m'aborde ainsi :
- "Martinet ? Tu connais l'oiseau ?"
Puis :
- "Tu as une tête à jouer d'un instrument".
Un piano est là, ses deux-petits fils Maël et Noa se déchaînent dessus, je les encourage et leur montre 2/3 trucs (tierce, quinte, octave) et alors ils nous font un concert à quatre mains de bonne tenue devant les parents ébahis.
Ma Druide me dit : "Baroudeur Troubadour". J'aime.
Provence, belle !
- "Martinet ? Tu connais l'oiseau ?"
Puis :
- "Tu as une tête à jouer d'un instrument".
Un piano est là, ses deux-petits fils Maël et Noa se déchaînent dessus, je les encourage et leur montre 2/3 trucs (tierce, quinte, octave) et alors ils nous font un concert à quatre mains de bonne tenue devant les parents ébahis.
Ma Druide me dit : "Baroudeur Troubadour". J'aime.
Provence, belle !
Retour requinqué de ces quatre jours. Seul dans la Golf, ça faisait longtemps, je traverse un bout de pays paisiblement.
En avril la France se couvre de lilas. Et de glycines.
Les amis sont là, ils m'entourent, des nouveaux se joignent aux anciens, Carlos, Rodrigo, Sergio, Maria, Anne, Gérard, Laurent, Christine, Manu, Stéphanie, Jean-Luc, Tételle.
De leur chaleur j'ai besoin.
Petit à petit mes ailes repoussent, je crois bien.
En avril la France se couvre de lilas. Et de glycines.
Les amis sont là, ils m'entourent, des nouveaux se joignent aux anciens, Carlos, Rodrigo, Sergio, Maria, Anne, Gérard, Laurent, Christine, Manu, Stéphanie, Jean-Luc, Tételle.
De leur chaleur j'ai besoin.
Petit à petit mes ailes repoussent, je crois bien.
***********************************************************************************************************************************************************
Les blés sont vert, le vent souffle dedans, balayant - caresse - le printemps qui s'en va doucement.
Les blés sont vert, le vent souffle dedans, balayant - caresse - le printemps qui s'en va doucement.
Photo Jean-Michel Tisseyre, album"Silence ça pousse" Champvoux (58) 22 mai 2017.
4 juin 2017, 45 ans entouré d'amis de 5 à 94 ans, chez mon cher vieux Vincent Boisserolle qui héberge ma fête à Challuy. Vincent, avec Gilou, Nini et quelques autres sont des piliers de marbre sur lesquels je bâtis ma cabane. De tous les déménagements depuis 15 ans, Paris, Lyon, La Charité, Nevers 2 fois... Ces dernières semaines j'ai renoué avec Génia Oboeuf, dernière rescapée nivernaise d'Auschwitz dont je parle au début de la branche "Résister". Celle dont le tendre mari Aimé m'a livré l'une des phrases clé de ma vie, introduction de cette branche "Localer".
J'ai prévu de la filmer bientôt avec Gilou et Jean-Philippe, alors on se voit 2/3 fois pour discuter et je l'invite à passer cette journée avec nous. Génia toujours juvénile accepte avec bonheur. Ma mère et mon beau-père passent avec des croquets. Manu Nimi, mon ami réfugié mineur de Kinshasa, joue toute la journée de la guitare, parfois avec mon fils et Freddy.
J'ai prévu de la filmer bientôt avec Gilou et Jean-Philippe, alors on se voit 2/3 fois pour discuter et je l'invite à passer cette journée avec nous. Génia toujours juvénile accepte avec bonheur. Ma mère et mon beau-père passent avec des croquets. Manu Nimi, mon ami réfugié mineur de Kinshasa, joue toute la journée de la guitare, parfois avec mon fils et Freddy.
ETE
J'arrive épuisé fin juin, moral et physique, tendu vers l'unique objectif de mes vacances, trois semaines avec mon fils, direction l'Espagne du Nord, l'Atlantique, les Asturies, la Cantabrie, puis retour par le pays Basque français, une semaine dans le même hôtel que l'été dernier. Sur la route nous nous arrêtons à Bois Augeais, chez Laetitia et Fred, à côté de Nanteuil-en-Vallée en Charente. Mais finalement pour moi les vacances s'arrêtent là, mon genou droit ayant décidé de me faire faux bond, entorse torve, luxation de la rotule.
Trop de sport dans la même journée : une heure de marche en forêt (sans trouver de champignons), une heure de cheval (première fois en 20 ans que Letty me fait monter), un quart d'heure de foot (c'est là que j'ai commencé à sentir mon genou), puis une pétanque du soir, et la nuit, me levant pour pisser, le genou qui se barre.
Letty, Fred, Françoise et Françoise, Denis, Luna, et les animaux Tzigane la chienne et Shirley et Dino les deux chats, s'occupent de moi jusqu'à mon rapatriement chaotique en ambulance avec un couple improbable, les Ténardier-ambulanciers, elle voix de Marge Simpson et lui visage de raison cuit, mais sympa, enfin lui oui.
J'arrive épuisé fin juin, moral et physique, tendu vers l'unique objectif de mes vacances, trois semaines avec mon fils, direction l'Espagne du Nord, l'Atlantique, les Asturies, la Cantabrie, puis retour par le pays Basque français, une semaine dans le même hôtel que l'été dernier. Sur la route nous nous arrêtons à Bois Augeais, chez Laetitia et Fred, à côté de Nanteuil-en-Vallée en Charente. Mais finalement pour moi les vacances s'arrêtent là, mon genou droit ayant décidé de me faire faux bond, entorse torve, luxation de la rotule.
Trop de sport dans la même journée : une heure de marche en forêt (sans trouver de champignons), une heure de cheval (première fois en 20 ans que Letty me fait monter), un quart d'heure de foot (c'est là que j'ai commencé à sentir mon genou), puis une pétanque du soir, et la nuit, me levant pour pisser, le genou qui se barre.
Letty, Fred, Françoise et Françoise, Denis, Luna, et les animaux Tzigane la chienne et Shirley et Dino les deux chats, s'occupent de moi jusqu'à mon rapatriement chaotique en ambulance avec un couple improbable, les Ténardier-ambulanciers, elle voix de Marge Simpson et lui visage de raison cuit, mais sympa, enfin lui oui.
Back to Nevers mercredi 19 juillet. Apprentissage du handicap. Positiver. Vacances annulées, j'en avais tant besoin... Et des quinze jours avec mon fils, nous en avions tant besoin... Au moins nous avons réussi à lui sauver ses vacances, après Hyères et un peu d'Espagne Basque le voilà surfant à Biarritz, aux anges, dans son élément.
A Nevers la solidarité s'organise, mon frère vient passer deux jours avec moi, des amis passent, appellent et viennent me chercher. Ma mutuelle prend en charge une aide à domicile qui vient tous les deux jours. Manu, mon ami griot de Kinshasa, n'est pas le dernier à se précipiter pour m'aider généreusement. Je sais ma chance, en attendant le résultat des examens complémentaires.
Dimanche 23 juillet ce sont les Bettini, la Bettini Family qui s'occupe de moi, sous l'autorité du Padrino Christian. C'est bon c'est chaud ça requinque. Maceo est de la partie, de passage furtif entre Hyères et Biarritz. Presque tous musiciens.
A Nevers la solidarité s'organise, mon frère vient passer deux jours avec moi, des amis passent, appellent et viennent me chercher. Ma mutuelle prend en charge une aide à domicile qui vient tous les deux jours. Manu, mon ami griot de Kinshasa, n'est pas le dernier à se précipiter pour m'aider généreusement. Je sais ma chance, en attendant le résultat des examens complémentaires.
Dimanche 23 juillet ce sont les Bettini, la Bettini Family qui s'occupe de moi, sous l'autorité du Padrino Christian. C'est bon c'est chaud ça requinque. Maceo est de la partie, de passage furtif entre Hyères et Biarritz. Presque tous musiciens.
Le samedi suivant, c'est une autre Belle Equipe qui me prend en charge, encore des musiciens, la Marande-Masson-Chat qui louche crew du quartier Saint Etienne. Laurent, Bruno et Anaïs jouent le soir à Arleuf dans le Haut-Morvan, après Château-Chinon, leur répertoire de chansons françaises : Brel, Brassens, Aznavour, Piaf, et d'autres tout aussi mort mais moins connus, mais à l'exception notable de quelques vivants (Souchon, Charlélie Couture...). Ca se passe au "Cornemuse", une drôle de salle de musique ouverte il y a bien trente ans, toujours tenu par le même couple, couple et lieu très insolite ayant vu passer récemment Marcel Azzola, et avant Ivri Gitlis, Zouk Machine, Patrick Juvet...
On y va en convoi de trois voitures, et là-bas mes amis Le Goupil de Crux-la-Ville nous rejoignent et me ramènent dormir dans leur jolie maison tout en bucolisme, immense ciel étoilé.
On y va en convoi de trois voitures, et là-bas mes amis Le Goupil de Crux-la-Ville nous rejoignent et me ramènent dormir dans leur jolie maison tout en bucolisme, immense ciel étoilé.
Dimanche matin réveil à Crux, ça bucole à donf. Nous décidons de nous offrir le restaurant d'Alluy pour déjeuner, "La Grangée". Jeune couple lui du cru elle du Japon, inventivité, produits locaux, deux menus, un seul choix d'entrée et de plat, 20 places, grande élégance. Avant d'y aller nous partons chercher des clopes avec David à Saint-Saulge. Le désert, la mort. Des rues entières, vides. De belles maisons, beaux murs, beaux toits, belles fenêtres, portes et volets, fermées.
Et je me demande : pourquoi Corbigny à 25 kilomètres paraît si vivante, alors que ces deux villes sont de taille comparable, ou en tout cas elles l'étaient dans le passé proche ? Mystères du développement local.
Et je me redis que pour la Nièvre, si nous ne voulons pas passer sous la barre des 200 000 habitants, la seule solution serait une immigration, de l'ordre de mille personnes par an, 300 familles environ, qui habiteraient ces maisons et qui participeraient activement, selon leurs compétences, à la réanimation des ces campagnes magnifiques en train de crever.
Et je me demande : pourquoi Corbigny à 25 kilomètres paraît si vivante, alors que ces deux villes sont de taille comparable, ou en tout cas elles l'étaient dans le passé proche ? Mystères du développement local.
Et je me redis que pour la Nièvre, si nous ne voulons pas passer sous la barre des 200 000 habitants, la seule solution serait une immigration, de l'ordre de mille personnes par an, 300 familles environ, qui habiteraient ces maisons et qui participeraient activement, selon leurs compétences, à la réanimation des ces campagnes magnifiques en train de crever.
Tous les amis qui me transportent savent que je doit être assis sur la banquette arrière, la jambe droite allongée. Plusieurs dont David sont équipés de "Kangoo" ou de "Berlingo", bien pratique pour un handicapé, les deux portes s'ouvrent latéralement, et dans Saint-Saulge je lui demande de m'arrêter devant chaque maison qui m'intéresse, développant mon concept de photos prises "de là d'où que je suis assis".
Faut que je fasse bien gaffe à pas devenir lourd à exploiter les gens comme ça !
Crux-la-Ville c'est les Vaux d'Yonne, Alluy c'est le Bazois, le tout au pied du Morvan. Le cuisinier Jean-Baptiste Girard vient de Château-Chinon, la capitale plantée au sommet du Haut-Morvan. Dans une interview au formidable journal local "La feuille de l'herbe", il parle de sa cuisine "de terroir, de qualité rustique et de raffinement." Au journaliste qui lui fait part de sa surprise à entendre associer "raffinement" et "Morvan" il répond :
"Le raffinement dans le Morvan ne saute peut-être pas aux yeux, mais il est bien là, il faut avoir les yeux pour le voir. Un tapis de jacinthe dans un sous-bois au printemps, c'est à la fois la nature brute et un raffinement extrême, de couleurs et de parfums. Quand on se balade sur des kilomètres de chemins, les paysages ne sont jamais les mêmes, un rayon de soleil, un changement d'éclairage, un vallonnement, un pré. C'est magnifique, mais il faut le vouloir, prendre le temps."
"J'ai la beauté facile, et c'est heureux". Paul Valéry.
Faut que je fasse bien gaffe à pas devenir lourd à exploiter les gens comme ça !
Crux-la-Ville c'est les Vaux d'Yonne, Alluy c'est le Bazois, le tout au pied du Morvan. Le cuisinier Jean-Baptiste Girard vient de Château-Chinon, la capitale plantée au sommet du Haut-Morvan. Dans une interview au formidable journal local "La feuille de l'herbe", il parle de sa cuisine "de terroir, de qualité rustique et de raffinement." Au journaliste qui lui fait part de sa surprise à entendre associer "raffinement" et "Morvan" il répond :
"Le raffinement dans le Morvan ne saute peut-être pas aux yeux, mais il est bien là, il faut avoir les yeux pour le voir. Un tapis de jacinthe dans un sous-bois au printemps, c'est à la fois la nature brute et un raffinement extrême, de couleurs et de parfums. Quand on se balade sur des kilomètres de chemins, les paysages ne sont jamais les mêmes, un rayon de soleil, un changement d'éclairage, un vallonnement, un pré. C'est magnifique, mais il faut le vouloir, prendre le temps."
"J'ai la beauté facile, et c'est heureux". Paul Valéry.
Août-septembre 2017. Alain-Jean Marie à La Charité-sur-Loire (Bazar Café de Alain Foix) avec Gérard Roussel, Laurent Sala, Sandrine L. et Fabrice Sanchez, déjeuner au Papy's Burger avec Fabrice, Melia et Maceo, retour en train en Charente pour récupérer le Golf, concert Noël Young et fromages de vache à Luthenay-Uxeloup, "Jeter l'encre" à Guérigny avec l'Abbé Aupet et ses liqueurs...
Festival de Loire d'Orléans, départ Nevers Vendredi 22 septembre 17h, retour dimanche 24 septembre 15h. Deux beaux jours et deux courtes nuits à tanguer sur le dos de l'eau. Se laisser bercer. J'ai dormi dans une voile, au milieu des tonneaux. Deux jours après ça tangue encore.
Manu Nimi, mon griot, improvise dans mon salon "Tokolonga", "Nous serons victorieux" en lingala.
Automne 2017. Je passe beaucoup de temps avec Génia, nous la filmons deux jours, à une semaine d'intervalle, en extérieurs à Nevers et Bribon-sur-Beuvron, puis en studio, chez Jean-Philippe.
L'idée et l'envie nées le 4 juin à mon anniversaire se concrétisent, bonheur. J'avais sous-estimé la tâche, et nous voilà avec Gilou à monter un film de presque deux heures.
Dense, unique, personnel, souriant aussi, fort et profond, à l'image de Génia. Quelle responsabilité...
Cécile de la Cimade (ma vieille copine, 80 ans le 15 décembre) m'appelle un peu au secours fin octobre, pour donner le coup de main à l'événement annuel du Festival Migrant'Scène qui a lieu en novembre. Cette année je ne me suis presque pas impliqué, mais Cécile a besoin d'aide en urgence, elle en demande aussi à Pascale Bertin avec qui on s'entend bien à chaque fois depuis 2 ans que je pousse la porte de la Cimade.
Cécile et Christiane sont plus que jamais débordées par les dossiers de demande d'asile, et elles n'ont vraiment pas eu le temps de préparer grand chose.
L'idée vient alors naturellement, sans effort, d'elle-même : demander à Génia d'apporter son témoignage samedi 18 novembre, place Guy Coquille, et demander à Manu de chanter ses deux chansons, "A la jeunesse du monde" et "Tokolonga".
Ce qui fut fait.
M'apportant le bonheur inouï de faire se rencontrer mes deux plus vieilles et charmantes amies, Génia (94 ans le 10 décembre) et Cécile (80 ans le 15 décembre).
Et savez-vous quoi ? Elles se sont beaucoup plues.
L'idée et l'envie nées le 4 juin à mon anniversaire se concrétisent, bonheur. J'avais sous-estimé la tâche, et nous voilà avec Gilou à monter un film de presque deux heures.
Dense, unique, personnel, souriant aussi, fort et profond, à l'image de Génia. Quelle responsabilité...
Cécile de la Cimade (ma vieille copine, 80 ans le 15 décembre) m'appelle un peu au secours fin octobre, pour donner le coup de main à l'événement annuel du Festival Migrant'Scène qui a lieu en novembre. Cette année je ne me suis presque pas impliqué, mais Cécile a besoin d'aide en urgence, elle en demande aussi à Pascale Bertin avec qui on s'entend bien à chaque fois depuis 2 ans que je pousse la porte de la Cimade.
Cécile et Christiane sont plus que jamais débordées par les dossiers de demande d'asile, et elles n'ont vraiment pas eu le temps de préparer grand chose.
L'idée vient alors naturellement, sans effort, d'elle-même : demander à Génia d'apporter son témoignage samedi 18 novembre, place Guy Coquille, et demander à Manu de chanter ses deux chansons, "A la jeunesse du monde" et "Tokolonga".
Ce qui fut fait.
M'apportant le bonheur inouï de faire se rencontrer mes deux plus vieilles et charmantes amies, Génia (94 ans le 10 décembre) et Cécile (80 ans le 15 décembre).
Et savez-vous quoi ? Elles se sont beaucoup plues.
Au printemps j'écrivais : "J'ai bien semé dans mon jardin, la récolte sera bonne, j'ai déjà cueilli quelques surprenants fruits succulents. En l'espace de quelques mois, un Griot de Kinshasa, une Druide Celtique Fulgurante et un Indien Magnifique sont entrés dans ma vie".
13 décembre 2017 : nouvel arrêt de travail jusqu'au 29 décembre. A ma vieille hernie et à ma fraîche luxation vient de s'ajouter une névralgie cervico-brachiale dans l'épaule droite. Je me résume :
1/ Physique : genou droit vrillé, hanche gauche coincée, épaule droite poignardée, infections urinaires, hémorroïdes. Ca pète de partout. Tout est plus ou moins enflammé là-dedans. Mais j'ai perdu 10 kilos, je pèse 74.
2/ Psychologique : j'ai volé sur un nuage pendant presque 15 jours, je me sentais (re)pousser les ailes, je me voyais me déployer, prendre de l'ampleur ! Peut-être le résultat des trois séances d'hypno faites à Pougues en septembre ? Et boum. Belle prise de tête éducative et scolaire avec l'Enfant, qui pour son année de terminale peine à réaliser qu'il doit en mettre un coup. Boulot n'en parlons pas.
Pourtant pour ce qui est des rencontres, des amitiés et même plus, ma liste du printemps s'est allongée. Je suis maintenant entouré : d'une druide personnelle fulgurante, d'un griot de Kinshasa, d'un ménestrel du Brésil demeurant Las Vegas, d'une soeur sa femme, d'un cuisinier-jardinier-sorcier portugais hollandais d'Angola, d'un homme de fer esthète de Nevers, d'une soeur bretonne de retour de mission à Mexico (que Maceo compare à Maître Yoda), d'une combattante toujours rouge survivante du pire, le tout toujours soutenu par mes piliers de marbre, famille et premier cercle.
Cerise sur le gâteau, nouvelle connaissance d'un jeune musicien talentueux, passé par l'école Jean Bojko, qui me propose d'utiliser des parties de mes textes pour les mettre en musique, et plus que le dire il le fait !
Malgré tout, les graines poussent, vous dis-je...
Drao...
Le soleil se lève encore chaque matin.
Après la rencontre avec Génia, le 8 novembre, Cécile (Maître Yoda) m'envoie ce texto : "Merci pour tous ces liens que tu tisses. C'est ça faire oeuvre d'humanité. Tu donnes de l'oxygène aux gens".
13 décembre 2017 : nouvel arrêt de travail jusqu'au 29 décembre. A ma vieille hernie et à ma fraîche luxation vient de s'ajouter une névralgie cervico-brachiale dans l'épaule droite. Je me résume :
1/ Physique : genou droit vrillé, hanche gauche coincée, épaule droite poignardée, infections urinaires, hémorroïdes. Ca pète de partout. Tout est plus ou moins enflammé là-dedans. Mais j'ai perdu 10 kilos, je pèse 74.
2/ Psychologique : j'ai volé sur un nuage pendant presque 15 jours, je me sentais (re)pousser les ailes, je me voyais me déployer, prendre de l'ampleur ! Peut-être le résultat des trois séances d'hypno faites à Pougues en septembre ? Et boum. Belle prise de tête éducative et scolaire avec l'Enfant, qui pour son année de terminale peine à réaliser qu'il doit en mettre un coup. Boulot n'en parlons pas.
Pourtant pour ce qui est des rencontres, des amitiés et même plus, ma liste du printemps s'est allongée. Je suis maintenant entouré : d'une druide personnelle fulgurante, d'un griot de Kinshasa, d'un ménestrel du Brésil demeurant Las Vegas, d'une soeur sa femme, d'un cuisinier-jardinier-sorcier portugais hollandais d'Angola, d'un homme de fer esthète de Nevers, d'une soeur bretonne de retour de mission à Mexico (que Maceo compare à Maître Yoda), d'une combattante toujours rouge survivante du pire, le tout toujours soutenu par mes piliers de marbre, famille et premier cercle.
Cerise sur le gâteau, nouvelle connaissance d'un jeune musicien talentueux, passé par l'école Jean Bojko, qui me propose d'utiliser des parties de mes textes pour les mettre en musique, et plus que le dire il le fait !
Malgré tout, les graines poussent, vous dis-je...
Drao...
Le soleil se lève encore chaque matin.
Après la rencontre avec Génia, le 8 novembre, Cécile (Maître Yoda) m'envoie ce texto : "Merci pour tous ces liens que tu tisses. C'est ça faire oeuvre d'humanité. Tu donnes de l'oxygène aux gens".
Nous arrivons rincés à Noël, l'Enfant et moi. Il lâche carrément le lycée, il ne supporte plus rien de cette institution et sèche à tout va. Nous nous fâchons, notre relation se refroidit et se tend. Je ne sais plus quoi faire, en particulier pour son anniversaire, alors je pense : Lisbonne. Lisbonne ? En route vers l'aéroport, nous ne nous parlons pas. Il me dit qu'il ne sait même pas ce que nous allons y faire. Je lui dis : moi non plus, mais quoi qu'il nous arrive là-bas, c'est nous qui le créerons, qui en serons responsables ensemble , nous le mériterons, alors ressoudons-nous le temps de ce voyage, laissons nous bercer ensemble par le nouveau rythme de cette ville inconnue.
Ma belle-soeur Amparo m'initie à Air B'n B, et les premiers contact avec Paulinho sont excellents. En portuglais (mix). Nous arrivons le dimanche 24 décembre au soir, alors pensant au catholicisme des pays latins, je lui demande si nous trouverons de quoi manger. Non. Mais il invite quelques amis à un réveillon tout simple, et nous sommes les bienvenus avec une bouteille et un dessert. trouverons-nous de quoi en acheter dans leur quartier ? Non. Le mieux serait de se ravitailler aux boutiques de l'aéroport.
Jusque dans la queue au guichet, malaise et angoisse m'étreignent. j'ai envie de faire machine arrière, on rentre à Nevers, tant pis on se fera chier mais on ne prendra pas de risque. Assis dans l'avion, j'envoie une prière à Lisboa : Lisboa, je ne sais pas ce qu'on vient chercher chez toi, mais nous avons besoin de toi. Aide-nous, envoie-nous un signe, protège-nous.
A l'aéroport j'achète une bouteille de Rhum et une énorme barre de Toblerone noir. Nous arrivons à l'appartement, au sixième étage d'un petit immeuble typique du centre-ville. A partir de là, tout glisse, flotte et roule. A minuit, Maceo fête ses 17 ans avec 2 chinoises, 2 finlandaises, 2 slovènes, 1 américain, 2 allemands, 3 italiennes et quelques brésiliens. Pendant trois jours, Paulinho et Renan seront nos anges gardiens lisboètes.
Ma belle-soeur Amparo m'initie à Air B'n B, et les premiers contact avec Paulinho sont excellents. En portuglais (mix). Nous arrivons le dimanche 24 décembre au soir, alors pensant au catholicisme des pays latins, je lui demande si nous trouverons de quoi manger. Non. Mais il invite quelques amis à un réveillon tout simple, et nous sommes les bienvenus avec une bouteille et un dessert. trouverons-nous de quoi en acheter dans leur quartier ? Non. Le mieux serait de se ravitailler aux boutiques de l'aéroport.
Jusque dans la queue au guichet, malaise et angoisse m'étreignent. j'ai envie de faire machine arrière, on rentre à Nevers, tant pis on se fera chier mais on ne prendra pas de risque. Assis dans l'avion, j'envoie une prière à Lisboa : Lisboa, je ne sais pas ce qu'on vient chercher chez toi, mais nous avons besoin de toi. Aide-nous, envoie-nous un signe, protège-nous.
A l'aéroport j'achète une bouteille de Rhum et une énorme barre de Toblerone noir. Nous arrivons à l'appartement, au sixième étage d'un petit immeuble typique du centre-ville. A partir de là, tout glisse, flotte et roule. A minuit, Maceo fête ses 17 ans avec 2 chinoises, 2 finlandaises, 2 slovènes, 1 américain, 2 allemands, 3 italiennes et quelques brésiliens. Pendant trois jours, Paulinho et Renan seront nos anges gardiens lisboètes.
PRINTEMPS 2018
Nous tentons de conserver le Lisboa Espirito, détente et confiance, ça tient quelques semaines mais ça recraque.
Ca se confirme, la vie douce ne sera pas pour tout de suite... "La vie est dure, mais que dirait-on si elle était molle ?" (Pierre Desproges).
Nous avons enfin terminé le film "Génia la Rouge", tellement heureux et fier d'avoir accompli la mission. Accouchement, vraiment, enfin non bien sûr on est d'accord. Nous organisons une projection privée en présence de Génia samedi 10 mars, grand moment, beaucoup d'émotions. En repartant à minuit les flics arrêtent le Golf un peu trop véloce, me font souffler, positif. Au poste dans leur voiture pour la première fois de ma vie. Je leur dit que je suis choqué, ça les fait marrer. 4 mois de suspension. C'est ce que nous appellerons désormais "l'attentat de l'observatoire du Mc Do" tant on aurait dit une embuscade.
Ca se corse.
10 avril c'est au tour de l'Enfant d'en faire une.
Là ça se tend carrément. Et je me retrouve au sol, atterré.
J'attends la Fête de Loire des 19 et 20 mai comme une bouée, 48 heures de déconnexion sur l'eau, pour se relever, se remettre debout, faire face, reprendre le harnais, et rebondir.
Loire nous unit.
"Nul n'est sensé ignorer la Loire", (dixit Sébastien Boudin Capitaine de Mignonnette).
Nous tentons de conserver le Lisboa Espirito, détente et confiance, ça tient quelques semaines mais ça recraque.
Ca se confirme, la vie douce ne sera pas pour tout de suite... "La vie est dure, mais que dirait-on si elle était molle ?" (Pierre Desproges).
Nous avons enfin terminé le film "Génia la Rouge", tellement heureux et fier d'avoir accompli la mission. Accouchement, vraiment, enfin non bien sûr on est d'accord. Nous organisons une projection privée en présence de Génia samedi 10 mars, grand moment, beaucoup d'émotions. En repartant à minuit les flics arrêtent le Golf un peu trop véloce, me font souffler, positif. Au poste dans leur voiture pour la première fois de ma vie. Je leur dit que je suis choqué, ça les fait marrer. 4 mois de suspension. C'est ce que nous appellerons désormais "l'attentat de l'observatoire du Mc Do" tant on aurait dit une embuscade.
Ca se corse.
10 avril c'est au tour de l'Enfant d'en faire une.
Là ça se tend carrément. Et je me retrouve au sol, atterré.
J'attends la Fête de Loire des 19 et 20 mai comme une bouée, 48 heures de déconnexion sur l'eau, pour se relever, se remettre debout, faire face, reprendre le harnais, et rebondir.
Loire nous unit.
"Nul n'est sensé ignorer la Loire", (dixit Sébastien Boudin Capitaine de Mignonnette).
Parfaite déconnexion, mais n'empêche tout le reste ça se tend.
Le fils tue carrément le père, c'était sans doute nécessaire, naturel, sain même ? Mais bon dieu que c'est dur.
Il faut que je m'occupe chaque week-end, et à l'eau pour assurer la prise de sang, et reprendre enfin le guidon et le volant.
Semaines boulot, fin de semaines quitter Nevers, allons à la campagne, en concert à Corbigny et à Luthenay-Uxeloup, en anniversaire chez David et Isabelle à Crux-la-Ville, au restaurant avec Marcel, 97 ans, on vient de lui diagnostiquer un cancer du foie, et la veille avec Génia à l'Auberge du Poids de Fer.
Le fils tue carrément le père, c'était sans doute nécessaire, naturel, sain même ? Mais bon dieu que c'est dur.
Il faut que je m'occupe chaque week-end, et à l'eau pour assurer la prise de sang, et reprendre enfin le guidon et le volant.
Semaines boulot, fin de semaines quitter Nevers, allons à la campagne, en concert à Corbigny et à Luthenay-Uxeloup, en anniversaire chez David et Isabelle à Crux-la-Ville, au restaurant avec Marcel, 97 ans, on vient de lui diagnostiquer un cancer du foie, et la veille avec Génia à l'Auberge du Poids de Fer.
Ensuite fin juin ce sont Gilles et Brigitte qui m'abritent deux jours dans le Bazois, au pied du Morvan, entre Châtillon-en-Bazois et Moulins-Engilbert (centre du monde), plus précisément entre Biches et Brinay.
Samedi 8 Juillet, jolie petite descente à la coule sur le fleuve avec le sieur Guillaume Bondoux 2 bateaux, 2 bonhommes, 1 Evinrude, et pour final le plaisir de trouver Messire Tisseyre himself en Goguette.
On sait quand on part, jamais quand on revient. Pour peu qu'on croise quelques ami(e)s... dont c'est l'anniversaire. Julie, 30 ans ! Sébastien, Emilie, Anaïs, Patrick, et toute la jolie clique de Marseilles-les-Aubigny.
"Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs". Montaigne.
Ca enchaîne le dimanche, il fait beau, retour sur l'eau, avec Yvan et Bibi, décidément. Cuit, rôti.
On sait quand on part, jamais quand on revient. Pour peu qu'on croise quelques ami(e)s... dont c'est l'anniversaire. Julie, 30 ans ! Sébastien, Emilie, Anaïs, Patrick, et toute la jolie clique de Marseilles-les-Aubigny.
"Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs". Montaigne.
Ca enchaîne le dimanche, il fait beau, retour sur l'eau, avec Yvan et Bibi, décidément. Cuit, rôti.
Juillet 2018 - Janvier 2019 ? Difficile.
10 janvier 2019. Je flotte à côté de ma vie. Ma vie, mon fils, ma planète, inquiet, indécis, apeuré, je suis.
10 janvier 2019. Je flotte à côté de ma vie. Ma vie, mon fils, ma planète, inquiet, indécis, apeuré, je suis.
Au milieu de l'hiver, ça ramait encore pas mal (...), et le 4 janvier je suis allé sur la tombe de Papa lui demander de l'aide. J'y ai disposé des feuilles de chêne tombées autour, je les ai alignées comme autant de Martinet, les 3 qu'il a connu, les 4 qu'il ne connaît pas.
Je ne sais pas si je dois résumer l'intervalle entre l'été 2018 et maintenant. Maceo a loupé son bac, bien sûr, et depuis il va mieux. Il a choisi de ne pas redoubler. Qu'est-ce que j'ai eu du mal à l'avaler... En septembre il a fait les vendanges, puis en octobre il a été opéré du poignet à Tours, ensuite nous avons recherché des Service Volontaire Européen (pschit), et finalement il a trouvé un stage d'un mois chez un paysagiste. Là il pense à la menuiserie, tout en restant intéressé par le dessin et la musique. Entre nous ça va beaucoup mieux. Il y a eu Noël au gîte en famille, tous réunis dans une ferme. Il y a eu du mieux au boulot ($). Il y a eu un nouveau rendez-vous devant le Juge aux Affaire Familiales. Il y a eu les gilets jaunes aux rond-points. Il y a eu Bouteflika (enfin plutôt le peuple Algérien), là il y a Julian Assange, Honk-Kong.
Il y eu la Loire, il y a eu la musique, avec la rencontre entre Christian Sauvage (piano) et Sergio Dias (guitare et chant) et le très bon concert de Bertrand Belin à Moulins (Avermes). Il y a eu du Nivernais central et du Morvan. Il y a eu Génia et Marcel. Il y a la privatisation des aéroports et de la Française des Jeux, tout ce qui marche quoi. Il y a une femme de retour du passé, bien vivante et toujours aussi belle. Il y a eu une IRM du genou, et tout un tas d'examens dont il ressort que j'ai 60 ans.
Et toujours, il y a eu les ami.e.s.
Je ne sais pas si je dois résumer l'intervalle entre l'été 2018 et maintenant. Maceo a loupé son bac, bien sûr, et depuis il va mieux. Il a choisi de ne pas redoubler. Qu'est-ce que j'ai eu du mal à l'avaler... En septembre il a fait les vendanges, puis en octobre il a été opéré du poignet à Tours, ensuite nous avons recherché des Service Volontaire Européen (pschit), et finalement il a trouvé un stage d'un mois chez un paysagiste. Là il pense à la menuiserie, tout en restant intéressé par le dessin et la musique. Entre nous ça va beaucoup mieux. Il y a eu Noël au gîte en famille, tous réunis dans une ferme. Il y a eu du mieux au boulot ($). Il y a eu un nouveau rendez-vous devant le Juge aux Affaire Familiales. Il y a eu les gilets jaunes aux rond-points. Il y a eu Bouteflika (enfin plutôt le peuple Algérien), là il y a Julian Assange, Honk-Kong.
Il y eu la Loire, il y a eu la musique, avec la rencontre entre Christian Sauvage (piano) et Sergio Dias (guitare et chant) et le très bon concert de Bertrand Belin à Moulins (Avermes). Il y a eu du Nivernais central et du Morvan. Il y a eu Génia et Marcel. Il y a la privatisation des aéroports et de la Française des Jeux, tout ce qui marche quoi. Il y a une femme de retour du passé, bien vivante et toujours aussi belle. Il y a eu une IRM du genou, et tout un tas d'examens dont il ressort que j'ai 60 ans.
Et toujours, il y a eu les ami.e.s.
.Il y a eu la mort de Tzigane à Boiseaugeais, ma chienne infirmière, confidente et fidèle assitante, en février, dernier coup dur d'une longue série difficile ?
Bon signe ? Vendredi 29 mars, je note ce rêve au matin :
Rêve de lions, moi au milieu, tous trois allongés comme en sieste, ils me lèchent longuement le visage et les mains quand je les caresse derrière les oreilles, sous la gorge... Je suis étonné d'arriver assez facilement à soulever la patte lourde sur mon torse. Leurs langues ne râpent pas trop, l'haleine est douce.
Avril 2019, je reprends le collier. Il y a du mieux depuis début mars, le printemps sans doute ? J'en attends beaucoup, encore une fois...
Je vais au mariage surprise de Vincent et Elisabeth à Saint-Lon-les-Mines.
Lundi 6 mai 2019.
Cette petite histoire m'est arrivée le 4, je l'ai écrite dès mon retour à la maison.
Elle pourrait s'intituler "De l'intérêt - parfois - de modifier son plan de vol".
Alors voilà. Vendredi 3 mai je suis allé à Bourges chez ma mère dont l'anniversaire est le 4. Vous me direz : rien à voir, mais si vous allez voir.
Ce matin en repartant de Bourges, j'avais prévu d'apporter les croissants chez mon ami Bibi-Martin Pecheur à Cuffy. Je l'appelle et il me dit de compter une heure avant qu'il soit chez lui, je décide alors de prendre les petites routes buissonnières, Villequiers puis Menetou-Couture, très belles en cette saison de lilas et de glycines.
Je quitte donc la grand' route et traverse Avord. Dans le village, du coin de l'oeil (gauche), j'aperçois dans un hangar les dérives de plusieurs avions qui me semblent être de chasse. Je continue jusqu'au prochain rond-point, mais piqué au vif, je fais demi-tour, m'approche et me gare. Je passe une grille, ce sont bien au moins trois avions à réaction, 2 en épaves et un entier. Il y a un hélicoptère aussi. Je sors mon téléphone et prends quelques photos d'ensemble. Un Monsieur est là, qui bine les mauvaises herbes aux roues des avions.
Il m'envisage, je lui dis bonjour et lui demande si je peux prendre quelques photos. Il me dit "Voui, et vous pouvez même vous approcher si vous voulez". Alors je dis "Attendez, j'ai mon appareil photo dans ma voiture, je vais le chercher". Alors il me dit (on dirait ma grand-mère de Ciez - 58, "Alors y m'dit..., alors j'y dit..."), "Entrez donc, garez-vous là, je peux même vous montrer notre petit musée".
Il me précise ensuite qu’il n’a pas beaucoup de temps, car il doit se rendre à une cérémonie à Apremont-sur-Allier, commémoration du crash d’un avion militaire dans lequel le pilote et le navigateur ont trouvé la mort en avril 1974. Je le rassure en lui disant que je ne serai pas long, étant attendu à Cuffy, juste à côté.
Je commence à cribler mes cibles de photos, d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur du petit musée finalement très riche, centré sur un siècle d’aviation sur la base d’Avord, géré par l’Association des Avions Anciens d’Avord (la 4A, site internet : www.poleaeronautiqueavord.fr).
Mon hôte est lui-même un ancien navigateur, 30 ans – plus de 7000 heures de vol sur Awacs.
Je repars ravi ma brochure en main avec le 06 du Monsieur, promettant de revenir pour visiter le reste, car tout n’est pas ici.
Bon signe ? Vendredi 29 mars, je note ce rêve au matin :
Rêve de lions, moi au milieu, tous trois allongés comme en sieste, ils me lèchent longuement le visage et les mains quand je les caresse derrière les oreilles, sous la gorge... Je suis étonné d'arriver assez facilement à soulever la patte lourde sur mon torse. Leurs langues ne râpent pas trop, l'haleine est douce.
Avril 2019, je reprends le collier. Il y a du mieux depuis début mars, le printemps sans doute ? J'en attends beaucoup, encore une fois...
Je vais au mariage surprise de Vincent et Elisabeth à Saint-Lon-les-Mines.
Lundi 6 mai 2019.
Cette petite histoire m'est arrivée le 4, je l'ai écrite dès mon retour à la maison.
Elle pourrait s'intituler "De l'intérêt - parfois - de modifier son plan de vol".
Alors voilà. Vendredi 3 mai je suis allé à Bourges chez ma mère dont l'anniversaire est le 4. Vous me direz : rien à voir, mais si vous allez voir.
Ce matin en repartant de Bourges, j'avais prévu d'apporter les croissants chez mon ami Bibi-Martin Pecheur à Cuffy. Je l'appelle et il me dit de compter une heure avant qu'il soit chez lui, je décide alors de prendre les petites routes buissonnières, Villequiers puis Menetou-Couture, très belles en cette saison de lilas et de glycines.
Je quitte donc la grand' route et traverse Avord. Dans le village, du coin de l'oeil (gauche), j'aperçois dans un hangar les dérives de plusieurs avions qui me semblent être de chasse. Je continue jusqu'au prochain rond-point, mais piqué au vif, je fais demi-tour, m'approche et me gare. Je passe une grille, ce sont bien au moins trois avions à réaction, 2 en épaves et un entier. Il y a un hélicoptère aussi. Je sors mon téléphone et prends quelques photos d'ensemble. Un Monsieur est là, qui bine les mauvaises herbes aux roues des avions.
Il m'envisage, je lui dis bonjour et lui demande si je peux prendre quelques photos. Il me dit "Voui, et vous pouvez même vous approcher si vous voulez". Alors je dis "Attendez, j'ai mon appareil photo dans ma voiture, je vais le chercher". Alors il me dit (on dirait ma grand-mère de Ciez - 58, "Alors y m'dit..., alors j'y dit..."), "Entrez donc, garez-vous là, je peux même vous montrer notre petit musée".
Il me précise ensuite qu’il n’a pas beaucoup de temps, car il doit se rendre à une cérémonie à Apremont-sur-Allier, commémoration du crash d’un avion militaire dans lequel le pilote et le navigateur ont trouvé la mort en avril 1974. Je le rassure en lui disant que je ne serai pas long, étant attendu à Cuffy, juste à côté.
Je commence à cribler mes cibles de photos, d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur du petit musée finalement très riche, centré sur un siècle d’aviation sur la base d’Avord, géré par l’Association des Avions Anciens d’Avord (la 4A, site internet : www.poleaeronautiqueavord.fr).
Mon hôte est lui-même un ancien navigateur, 30 ans – plus de 7000 heures de vol sur Awacs.
Je repars ravi ma brochure en main avec le 06 du Monsieur, promettant de revenir pour visiter le reste, car tout n’est pas ici.
J’arrive chez Bibi et je lui dis qu'ayant le temps, j’ai fait un petit détour, et je lui raconte. Et là, lui de me dire : "C’est marrant que tu me parles de ça parce que la semaine dernière, mon vieil ami François de Chinon m’a offert une serviette en cuir qui a appartenu à un ami à lui, pilote mort crashé à Apremont".
Je lui dis alors que la cérémonie a lieu en ce moment même. Nous décidons donc de nous y rendre, avec la serviette.
Lorsque nous arrivons, la cérémonie se termine, à peine plus d'une dizaine de personnes réunies autour de la stèle, la plupart en grande tenue d’officiers de l’Armée de l’Air.
Je ne le reconnais pas tout de suite habillé ainsi, mais je retrouve mon hôte d'Avord dont j’avais omis de demander le nom : Monsieur Alain Blanchard.
Avec lui, un autre ancien, lui aussi navigateur, ami du même navigateur mort, Alain Tupin, semble très ému devant cette serviette : "Mais oui c’est bien la serviette que nous avions en vol, glissée sur le côté du siège, pleine de toutes les informations nécessaires à la mission".
Bibi leur raconte alors comment il s’en trouve le récent détenteur, et surtout que gamin, un jour qu’il pêchait dans l’Allier en amont du bec, il avait vu une nappe de carburant arriver sur lui.
Plus tard, pendant plusieurs mois et années, avec son père ils retrouvèrent un casque (porté à la gendarmerie de La Guerche) et de nombreux débris métalliques de l’avion, de quelques centimètres à plus d'un mètre, le plus gros étant une porte.
Ce n’est qu’à la fin que je compris que les deux corps n’avaient pas été retrouvés. Le navigateur présent s’était chargé d’annoncer la nouvelle à la jeune veuve enceinte. Seule une main a été retrouvée, agrippée à la commande de changement de fréquence radio, terminant de composer celle d’Avord.
La météo était mauvaise ce 29 avril 1974, une purée de pois, un brouillard épais accroché au sol et montant jusqu’à plus de 100 mètres, empêchant tout vol à vue. Le « Vautour » devait voler très bas, trop bas.
Pour finir, Bibi indique qu’à sa connaissance il reste le train d’atterrissage, à 800 mètres en aval d’Apremont, et selon les dispositions capricieuses de la rivière et de ses bancs de sable, nous promettons de recontacter tous ces anciens pour tenter de le retrouver ensemble.
Cette petite histoire toute fraîche du jour vient s’ajouter à la liste de « tous ces petits moments magiques de mon existence ».
Je n'ai jamais cru au hasard, ni aux coïncidences.
En hommage à Christian Tomasset et Alain Tupin.
Je lui dis alors que la cérémonie a lieu en ce moment même. Nous décidons donc de nous y rendre, avec la serviette.
Lorsque nous arrivons, la cérémonie se termine, à peine plus d'une dizaine de personnes réunies autour de la stèle, la plupart en grande tenue d’officiers de l’Armée de l’Air.
Je ne le reconnais pas tout de suite habillé ainsi, mais je retrouve mon hôte d'Avord dont j’avais omis de demander le nom : Monsieur Alain Blanchard.
Avec lui, un autre ancien, lui aussi navigateur, ami du même navigateur mort, Alain Tupin, semble très ému devant cette serviette : "Mais oui c’est bien la serviette que nous avions en vol, glissée sur le côté du siège, pleine de toutes les informations nécessaires à la mission".
Bibi leur raconte alors comment il s’en trouve le récent détenteur, et surtout que gamin, un jour qu’il pêchait dans l’Allier en amont du bec, il avait vu une nappe de carburant arriver sur lui.
Plus tard, pendant plusieurs mois et années, avec son père ils retrouvèrent un casque (porté à la gendarmerie de La Guerche) et de nombreux débris métalliques de l’avion, de quelques centimètres à plus d'un mètre, le plus gros étant une porte.
Ce n’est qu’à la fin que je compris que les deux corps n’avaient pas été retrouvés. Le navigateur présent s’était chargé d’annoncer la nouvelle à la jeune veuve enceinte. Seule une main a été retrouvée, agrippée à la commande de changement de fréquence radio, terminant de composer celle d’Avord.
La météo était mauvaise ce 29 avril 1974, une purée de pois, un brouillard épais accroché au sol et montant jusqu’à plus de 100 mètres, empêchant tout vol à vue. Le « Vautour » devait voler très bas, trop bas.
Pour finir, Bibi indique qu’à sa connaissance il reste le train d’atterrissage, à 800 mètres en aval d’Apremont, et selon les dispositions capricieuses de la rivière et de ses bancs de sable, nous promettons de recontacter tous ces anciens pour tenter de le retrouver ensemble.
Cette petite histoire toute fraîche du jour vient s’ajouter à la liste de « tous ces petits moments magiques de mon existence ».
Je n'ai jamais cru au hasard, ni aux coïncidences.
En hommage à Christian Tomasset et Alain Tupin.
Vendredi 10 mai 2019.
"Sem correr, bem divagar, a felicidade voltou pra mim".
"Sem correr, bem divagar, a felicidade voltou pra mim".
Juillet 2019, Charente, Biarritz ! Depuis fin avril, Maceo travaille sur le marché de Biarritz chez un primeur, fruits et légumes chers et pas bio. 6h-14h 6 jours sur 7. Parfois l'après-midi, quand il n'est pas trop crevé et que l'océan est bien disposé, il va surfer. L'Enfant se se remplume et se renforce.
J'ai réservé un hôtel à Saint-Pée-sur-Nivelle, mais dès mon arrivée son ami Raphaël, son maître-ès-Surf, me propose son appartement. J'y habite 10 jours. Nous partons 2 jours en Espagne Basque avec Maceo, nous dormons sur le voilier de Jib amarré dans le petit port de Zumaïa. A Biarritz je retrouve Charles Bataille qui y expose, occasionnant deux belles soirées dont l'une finie en scooter électrique sans casque, ça me rappelle Rome sur la moto de Luca. Tout se termine par une pétanque sur la Côte des Basques, avec sa mère, Jib et leurs amis du cru.
Pour arriver à Saint-Pée, il y a de longs lacets, suite de "S". Je ne me lasse de les passer, descentes douces, côtes suaves, en solo, certes, mais sans lasso.
Ensuite Bordeaux où je retrouve Vincent jeune marié et jeune papa pour la seconde fois, deuxième fils, puis Dax chez Xavier et Natacha et leurs filles, ensuite je m'arrête à Montendre chez Kenza et Mickaël, j'y revois Marvin et Sylvie. Je tenais à les voir, avoir un moment avec eux, alors que Philippe est parti en juin, ça c'était la nouvelle séchante. Philippe, une dizaine d'années de plus que moi, infographiste programmateur et sculpteur de génie, musicien aussi, sax ténor, c'est avec lui que nous avons travaillé plusieurs moi avec Jean Longhi pour réaliser le diaporama de la bataille de Crux-la-Ville, utilisé plus de 15 ans par le musée de la Résistance en Morvan de Saint Brisson. Jean, Philippe et moi parcourions les sites historiques en voiture, et déjeunions dignement chaque midi passé ensemble, tant de souvenirs...
Je termine comme chaque fois par Boiseaugeais et la ferme de Fred et Laetitia, avant de rentrer directement au boulot le premier jour de ma reprise.
J'ai réservé un hôtel à Saint-Pée-sur-Nivelle, mais dès mon arrivée son ami Raphaël, son maître-ès-Surf, me propose son appartement. J'y habite 10 jours. Nous partons 2 jours en Espagne Basque avec Maceo, nous dormons sur le voilier de Jib amarré dans le petit port de Zumaïa. A Biarritz je retrouve Charles Bataille qui y expose, occasionnant deux belles soirées dont l'une finie en scooter électrique sans casque, ça me rappelle Rome sur la moto de Luca. Tout se termine par une pétanque sur la Côte des Basques, avec sa mère, Jib et leurs amis du cru.
Pour arriver à Saint-Pée, il y a de longs lacets, suite de "S". Je ne me lasse de les passer, descentes douces, côtes suaves, en solo, certes, mais sans lasso.
Ensuite Bordeaux où je retrouve Vincent jeune marié et jeune papa pour la seconde fois, deuxième fils, puis Dax chez Xavier et Natacha et leurs filles, ensuite je m'arrête à Montendre chez Kenza et Mickaël, j'y revois Marvin et Sylvie. Je tenais à les voir, avoir un moment avec eux, alors que Philippe est parti en juin, ça c'était la nouvelle séchante. Philippe, une dizaine d'années de plus que moi, infographiste programmateur et sculpteur de génie, musicien aussi, sax ténor, c'est avec lui que nous avons travaillé plusieurs moi avec Jean Longhi pour réaliser le diaporama de la bataille de Crux-la-Ville, utilisé plus de 15 ans par le musée de la Résistance en Morvan de Saint Brisson. Jean, Philippe et moi parcourions les sites historiques en voiture, et déjeunions dignement chaque midi passé ensemble, tant de souvenirs...
Je termine comme chaque fois par Boiseaugeais et la ferme de Fred et Laetitia, avant de rentrer directement au boulot le premier jour de ma reprise.
Je redoutais le retour dans la Nièvre, après avoir passé trois semaines dans le grand Sud-Ouest, et avoir pu encore mieux mesurer l'écart qui se creuse entre les régions qui se développent et celles qui crèvent, mais une intense activité sociale et amicale ne m'a pas laissé le temps de trop y penser.
Vendredi 8 août, je retrouve Guillaume à Nevers au Continental, puis nous allons chez Bibi à Cuffy où nous retrouvons Yvan, dit "le Terrible" ou "de travers". Ensemble jolie bande avec les femmes nous allons à Apremont-sur-Allier, tiens c'est marrant là-bas on tombe sur Denis de Langeron. Samedi 9, de bon matin, je me tape les 90kms qui me sépare de la puisaye ou crèche Christian Sauvage, Mister Wild, mon nouveau maître-ès-piano. Nous passons 4 heures ensemble, 2 à jouer et 2 à déjeuner. Ensuite en repartant je crochète par Entrains-sur-Nohain et m'arrête au cimetière de Ciez pour voir ma Mémé entourée de tous nos anciens, Edouard, Suzanne, Eugène. Pour rejoindre Nevers via Guérigny, je reconstitue le parcours dominical que nous faisions en CX, certaines routes ont changé mais je retrouve à peu près mon chemin, via Châteauneuf-Val-de-Bargis. A Nevers, changement auto-moto. Le soir de ce samedi, je suis attendu chez Gilles et Brigitte à Fleury, il y a aussi Thimothée BOP et sa nouvelle amie, nous allons dîner au bord du lac à Paneçot, il y a un concert. Les Théveneau en invités surprise nous rejoignent depuis Moulins-Engilbert. Le dimanche je reste à Fleury au repos, j'y dors le soir pour arriver comme une fleur lundi matin directement au boulot, en moto.
Mercredi 14 août, je retrouve Sandrine au Continental, il y a Didier le hackeur, et Il Padrino Monsieur Bettini. Nous allons manger un bout avec Sandrine, avant d'aller au concert du Chat qui Louche qui a bloqué la rue.
Le jeudi c'est Crux-la Ville, j'y retrouve les Legoupil, Eric Dumontel, et mon bon vieux Marcel, diminué, escorté de Henri Vavon toujours splendide, qui lance à la volée : "C'était mon Commandant !". Une grosse surprise m'attend sur la place du village, on annonce le dépôt d'une gerbe par Monsieur Rémy Longhi, fils de Jean, que je n'ai jamais rencontré. Je m'approche de lui, nous entamons une discussion de plus d'une heure, en chuchotant, dont de nombreuses choses prometteuses pourraient bien sortir. Pour la première fois de l'histoire de cette cérémonie, pas de Préfet ni même de sous. L'Etat-Maron fait un doigt aux anciens. Ils en ont marre de ces vieilles histoires. Nous déjeunons chez les Legoupil, une belle tablée sur la terrasse, Freddy et un couple d'amis nous ont rejoint, le soir nous jouons de la musique, piano-accordéon. J'y dors, et en repars vendredi matin par Saint Saulge, toujours en moto direction boulot.
Vendredi soir je me repose à Nevers. Samedi matin marché, "Copains d'abord", dans l'après-midi je vais chez Denis à Langeron, nous y chouillons, j'y dors, et en repars dimanche matin rejoindre Maria. Ils viennent de se séparer avec Sergio qui est retourné à Las Vegas. 2 mois qu'elle n'est pas sortie plus loin que l'épicerie. Elle m'emmène dans la Mercedes grand luxe de Sergio, direction Urzy que je lui fais visiter, puis Guérigny pour déjeuner au "Relais des 2 Nièvre". Ensuite visite à Papa au cimetière, puis tour de l'étang de Niffonds ou tiens ! je retrouve Eric. A 16 heures nous avons rendez-vous aux Forges Royales avec Christian qui y joue dans le cadre du Festival du Blues. Et c'était beau.
Vendredi 23 août, c'est la Fête de Loire de Marseilles-les-Aubigny, 3ème édition, je ne louperais ça pour rien au monde, c'est vraiment la fête qui marque la fin des vacances, la dernière coupure, le dernier dépaysement hors du temps. Je me sens vraiment en famille là-bas, et je ne crois pas si bien dire. J'ai le choix entre un hébergement tente et un bateau, mais un troisième vient à moi, sous les jolis traits d'une jeune fille blonde aux yeux bleus qui porte le même nom que moi. Il y a deux ans déjà je lui avais dit que nous étions sans doute cousins, et là en la voyant je lui demande si elle est bien la fille de Bruno. Il y a quelques mois ma mère m'a dit avoir vu l'avis de décès de Bruno Martinet, 61 ans, et elle se demandait si ça n'était pas cet adorable petit garçon dont elle avait gardé le souvenir suite à une visite aux cousins de Beffes. Et si, Bruno est bien le papa d'Aude, qui m'offre le gîte. Le lendemain à 11h nous allons rendre visite à sa Grand-Mère Régine, à qui il faut environ 3 minutes pour trouver le nom de mon père. Ensuite tout lui revient. Et Eugène, et Renée, et Edouard, et Georges, Jean et Jacques, et Nonon, et Janine, la tante Lucienne qui a peut-être été la maîtresse d'Eugène ? Elle sort des photos, je lui en montre sur mon téléphone, celles de mon site "Raciner". A la deuxième, assises à côté de mon père et de Janine, deux petites filles en robes blanches : Régine et sa soeur.
Tous bien émus, nous promettons de nous revoir, autour d'un véritable déjeuner de famille reconstituée. Le samedi c'est la Loire qui est à la fête il fait très chaud, un tour de bateau avec Guillaume, une baignade, des ami-e-s dans tous les sens, ma druide Fulgu-Laurence et son ami Orgue-barbariste, puis le soir mon grand Fabrice de Chine qui me rejoint, alors que les concerts commencent. Je crois que c'était encore plus fort que les précédentes éditions. Le soir je re-dors sur le canapé chez Aude. Quand je raconte tout ça à Laurent mon frère, il n'en croit pas ses oreilles. Dès le dimanche il appelle Régine pour la questionner sur l'arbre généalogique qu'il est en train de remonter (le plus ancien ancien retrouvé est Paul Martinet de Perroy (58), né en 1625 mort en 1681 (56 ans). Puis il contacte Jacqueline qui vit toujours à Ciez, et qui connaît quelques secret autour d'Eugène (double vie ? Autre fils ?) et de Paulin, son père, sur qui toute la famille semble avoir convenu de tirer un trait. L'enquête se poursuit.
En trois week-end, j'ai encore bien empli ma besace en émotions, chaleur humaine et souvenirs, poursuivant le bon mood des trois semaines de vacances, et du printemps.
En fait cette période a même commencé fin février, je me suis rendu au cimetière d'Urzy, et pour la première fois aussi clairement, à haute et intelligible voix, j'ai demandé son aide à Papa, pour moi et pour Maceo. Voilà maintenant plus de six mois que les choses vont mieux.
Maceo revient la semaine prochaine, début septembre. Des rendez-vous importants nous attendent.
Et puis il y eu la convergence Le Bec d'Allier - Orléans, un bivouac à Myennes le 14 septembre, le 15 je jouais pour Gérard "Ruby my Dear", le 21 j'allais à Orléans rejoindre les convergents pour le Festival de Loire.
Vendredi 8 août, je retrouve Guillaume à Nevers au Continental, puis nous allons chez Bibi à Cuffy où nous retrouvons Yvan, dit "le Terrible" ou "de travers". Ensemble jolie bande avec les femmes nous allons à Apremont-sur-Allier, tiens c'est marrant là-bas on tombe sur Denis de Langeron. Samedi 9, de bon matin, je me tape les 90kms qui me sépare de la puisaye ou crèche Christian Sauvage, Mister Wild, mon nouveau maître-ès-piano. Nous passons 4 heures ensemble, 2 à jouer et 2 à déjeuner. Ensuite en repartant je crochète par Entrains-sur-Nohain et m'arrête au cimetière de Ciez pour voir ma Mémé entourée de tous nos anciens, Edouard, Suzanne, Eugène. Pour rejoindre Nevers via Guérigny, je reconstitue le parcours dominical que nous faisions en CX, certaines routes ont changé mais je retrouve à peu près mon chemin, via Châteauneuf-Val-de-Bargis. A Nevers, changement auto-moto. Le soir de ce samedi, je suis attendu chez Gilles et Brigitte à Fleury, il y a aussi Thimothée BOP et sa nouvelle amie, nous allons dîner au bord du lac à Paneçot, il y a un concert. Les Théveneau en invités surprise nous rejoignent depuis Moulins-Engilbert. Le dimanche je reste à Fleury au repos, j'y dors le soir pour arriver comme une fleur lundi matin directement au boulot, en moto.
Mercredi 14 août, je retrouve Sandrine au Continental, il y a Didier le hackeur, et Il Padrino Monsieur Bettini. Nous allons manger un bout avec Sandrine, avant d'aller au concert du Chat qui Louche qui a bloqué la rue.
Le jeudi c'est Crux-la Ville, j'y retrouve les Legoupil, Eric Dumontel, et mon bon vieux Marcel, diminué, escorté de Henri Vavon toujours splendide, qui lance à la volée : "C'était mon Commandant !". Une grosse surprise m'attend sur la place du village, on annonce le dépôt d'une gerbe par Monsieur Rémy Longhi, fils de Jean, que je n'ai jamais rencontré. Je m'approche de lui, nous entamons une discussion de plus d'une heure, en chuchotant, dont de nombreuses choses prometteuses pourraient bien sortir. Pour la première fois de l'histoire de cette cérémonie, pas de Préfet ni même de sous. L'Etat-Maron fait un doigt aux anciens. Ils en ont marre de ces vieilles histoires. Nous déjeunons chez les Legoupil, une belle tablée sur la terrasse, Freddy et un couple d'amis nous ont rejoint, le soir nous jouons de la musique, piano-accordéon. J'y dors, et en repars vendredi matin par Saint Saulge, toujours en moto direction boulot.
Vendredi soir je me repose à Nevers. Samedi matin marché, "Copains d'abord", dans l'après-midi je vais chez Denis à Langeron, nous y chouillons, j'y dors, et en repars dimanche matin rejoindre Maria. Ils viennent de se séparer avec Sergio qui est retourné à Las Vegas. 2 mois qu'elle n'est pas sortie plus loin que l'épicerie. Elle m'emmène dans la Mercedes grand luxe de Sergio, direction Urzy que je lui fais visiter, puis Guérigny pour déjeuner au "Relais des 2 Nièvre". Ensuite visite à Papa au cimetière, puis tour de l'étang de Niffonds ou tiens ! je retrouve Eric. A 16 heures nous avons rendez-vous aux Forges Royales avec Christian qui y joue dans le cadre du Festival du Blues. Et c'était beau.
Vendredi 23 août, c'est la Fête de Loire de Marseilles-les-Aubigny, 3ème édition, je ne louperais ça pour rien au monde, c'est vraiment la fête qui marque la fin des vacances, la dernière coupure, le dernier dépaysement hors du temps. Je me sens vraiment en famille là-bas, et je ne crois pas si bien dire. J'ai le choix entre un hébergement tente et un bateau, mais un troisième vient à moi, sous les jolis traits d'une jeune fille blonde aux yeux bleus qui porte le même nom que moi. Il y a deux ans déjà je lui avais dit que nous étions sans doute cousins, et là en la voyant je lui demande si elle est bien la fille de Bruno. Il y a quelques mois ma mère m'a dit avoir vu l'avis de décès de Bruno Martinet, 61 ans, et elle se demandait si ça n'était pas cet adorable petit garçon dont elle avait gardé le souvenir suite à une visite aux cousins de Beffes. Et si, Bruno est bien le papa d'Aude, qui m'offre le gîte. Le lendemain à 11h nous allons rendre visite à sa Grand-Mère Régine, à qui il faut environ 3 minutes pour trouver le nom de mon père. Ensuite tout lui revient. Et Eugène, et Renée, et Edouard, et Georges, Jean et Jacques, et Nonon, et Janine, la tante Lucienne qui a peut-être été la maîtresse d'Eugène ? Elle sort des photos, je lui en montre sur mon téléphone, celles de mon site "Raciner". A la deuxième, assises à côté de mon père et de Janine, deux petites filles en robes blanches : Régine et sa soeur.
Tous bien émus, nous promettons de nous revoir, autour d'un véritable déjeuner de famille reconstituée. Le samedi c'est la Loire qui est à la fête il fait très chaud, un tour de bateau avec Guillaume, une baignade, des ami-e-s dans tous les sens, ma druide Fulgu-Laurence et son ami Orgue-barbariste, puis le soir mon grand Fabrice de Chine qui me rejoint, alors que les concerts commencent. Je crois que c'était encore plus fort que les précédentes éditions. Le soir je re-dors sur le canapé chez Aude. Quand je raconte tout ça à Laurent mon frère, il n'en croit pas ses oreilles. Dès le dimanche il appelle Régine pour la questionner sur l'arbre généalogique qu'il est en train de remonter (le plus ancien ancien retrouvé est Paul Martinet de Perroy (58), né en 1625 mort en 1681 (56 ans). Puis il contacte Jacqueline qui vit toujours à Ciez, et qui connaît quelques secret autour d'Eugène (double vie ? Autre fils ?) et de Paulin, son père, sur qui toute la famille semble avoir convenu de tirer un trait. L'enquête se poursuit.
En trois week-end, j'ai encore bien empli ma besace en émotions, chaleur humaine et souvenirs, poursuivant le bon mood des trois semaines de vacances, et du printemps.
En fait cette période a même commencé fin février, je me suis rendu au cimetière d'Urzy, et pour la première fois aussi clairement, à haute et intelligible voix, j'ai demandé son aide à Papa, pour moi et pour Maceo. Voilà maintenant plus de six mois que les choses vont mieux.
Maceo revient la semaine prochaine, début septembre. Des rendez-vous importants nous attendent.
Et puis il y eu la convergence Le Bec d'Allier - Orléans, un bivouac à Myennes le 14 septembre, le 15 je jouais pour Gérard "Ruby my Dear", le 21 j'allais à Orléans rejoindre les convergents pour le Festival de Loire.
Samedi 28 septembre 2019, l'Amour est entré dans ma vie. Je n'y croyais plus. Jour anniversaire de mon père. Tout est lié.
Elle était là, sur mon chemin, l'évidence.
A partir de ce jour, c'est une autre histoire qui commence, enfin. Et d'abord je n'ai plus le droit de me plaindre. Jamais.
Mais que ce fut long de t'attendre, mon Amour !
« L’Amour Atomique»
Il était déjà là,
Le noyau atomique de l’Amour.
Dès le premier regard, enfin le deuxième.
Il était déjà là,
Ce fluide, ce flux, ce fleuve,
Cette énergie océanique.
Elle était déjà là,
La Magie de la Vie.
Et puis il y eut l’’explosion, la fusion, la fission.
Ne nous reste plus qu’à bâtir autour,
La Centrale Nucléaire de notre Amour !
Alors, nous irradierons...
Elle était là, sur mon chemin, l'évidence.
A partir de ce jour, c'est une autre histoire qui commence, enfin. Et d'abord je n'ai plus le droit de me plaindre. Jamais.
Mais que ce fut long de t'attendre, mon Amour !
« L’Amour Atomique»
Il était déjà là,
Le noyau atomique de l’Amour.
Dès le premier regard, enfin le deuxième.
Il était déjà là,
Ce fluide, ce flux, ce fleuve,
Cette énergie océanique.
Elle était déjà là,
La Magie de la Vie.
Et puis il y eut l’’explosion, la fusion, la fission.
Ne nous reste plus qu’à bâtir autour,
La Centrale Nucléaire de notre Amour !
Alors, nous irradierons...
Marinier de Loire à la bourde brisée, Raphaël Diligent, 1934, in "Des vertes et des pas mûres".
Virginie Despentes, Vernon Subutex tome 2 : "Nous ne serons pas solides. Nous nous défilerons. Nous ne serons pas purs. Nous nous faufilerons. Nous ne serons ni braves, ni droits. Nous ne serons pas des héros. Nous ne serons pas conquérants. Du bois tordu qui fait l'humanité, nous ne chercherons pas à faire de l'acier. Nous n'aurons ni drapeau, ni territoire. Nous oublierons. Nous pardonnerons. Nous serons les faibles et les doux.
Nous sommes les vaincus, et nous sommes des milliers. Nous cherchons un passage."
Nous sommes les vaincus, et nous sommes des milliers. Nous cherchons un passage."
Lundi 6 février 2023. Hier j'ai terminé le manuscrit. Marcher pour prendre la mesure du monde.
Lundi 6 février 2023, 18 477ème jour sur Terre, à peu près. Tous droits réservés (enfin j'espère).